vendredi 13 avril 2012

Bifff 30: Jour 8.

Où l'on est à nouveau ému, impressionné et content de passer une bonne soirée...

Déjà que c'était la joie point de vue transport: à peine arrivé avenue de la
Couronne en vue de marcher jusqu'au métro, v'la-t-y pas qu'un 95 se pointe à l'horizon, dites donc ! Et après ça, un métro dans les deux minutes ! Et après les films, un pote resté coincé au Q&A de William Friedkin me ramène en bagnole (merci Stavros) !
Elle est pas belle, la vie ?

Et en parlant de William Friedkin: impressionnant de professionnalisme et de maîtrise, le bonhomme, même si il cabotine un peu.
Et puis c'est émouvant de voir de près l'un des derniers représentants en vie du Nouvel Hollywood. Un type à qui l'on doit quand même des trucs comme "French Connection", "L'Exorciste", "La Chasse", "Le Convoi de la Peur" ou "Le Sang du Châtiment". Rien que ça...

Et puis le court du Collectifff était de nouveau pas mal et puis... Et puis les deux films étaient vraiment terribles et puis... et puis...

Une toute bonne soirée avec même pas de Cascade du Jour, de ce côté-là le festival a l'air parti pour se termine mieux qu'il n'avait commencé (mais ne parlons pas trop vite).

15. "Killer Joe" de William Friedkin (USA).
Quelque part au Texas, Charlie, jeune glandu coké et sans le sou, se retrouve dans un sérieux pétrin. Devant du fric a un caïd local, il persuade son père et le reste da famille redneck d'engager Joe Cooper, un flic qui arrondit ses fins de mois en exécutant des "contrats" pour déssouder sa mère, laquelle a souscrit une importante assurance-vie au bénéfice de sa jeune soeur Dottie.
Le problème c'est que personne n'a le début d'un dollar et que "Killer" Joe exige d'être payé d'avance...
Ah oui, ça... Quand on a affaire à un Maître, tout de suite ça change la donne.
Parce qu'ici, avec un William Friedkin en grande forme (souvenons-nous de "Traqué" ou "L'Enfer du Devoir" et avouons que ça n'a pas toujours été le cas, du moins ces dernières années) on est devant de la belle ouvrage, du tout bon, du vrai cinéma.
Un mix de film noir, de thriller et de comédie (noire aussi et pas qu'un peu) extrèmement cynique, doté d'un chouette scénario à tiroirs (qui trahit néanmoins un peu trop ses origines théatrales sur la fin), d'une réalisation sobre et efficace et d'une galerie de personnages borderlines totalement grâtinée.
Y a de l'humour, de la violence, du cul, de bons dialogues, quelques scènes génialements over the top (dont une qui devrait ravir les patrons de Kentucky Fried Chicken) et une direction d'acteur d'une rare maîtrise.
Emile Hirsch, Juno Temple, Thomas Haden Church et Gina Gershon sont parfaits.
Mais c'est surtout un Matthew McConaughey totalement déchaîné, à mille lieux de ses rôles de jeune premier d'antan qui décroche la timbale et qui confirme, après "La Défense Lincoln", qu'il est en train de s'offrir une seconde carrière.
Haut la main le meilleur film vu jusqu'ici (même si "The Woman" reste mon chouchou).
Juste dommage que ce ne soit pas en compétition.

Cote: ****

16. "Juan of the Dead" (Juan de Los Muertos) de Alejandro Brugués (CU).
Suite à une mystérieuse épidémie de zombies à La Havane, Juan et ses amis, une bande de joyeux bras cassés vivant d'expédients, montent une lucrative affaire de "dézombification": "Juan de Los Muertos".
Un vrai petit bijou que ce "Shaun of the Dead" cubain porté par un surprenant sosie de Smaïn.
Hilarant, inventif, ludique, gore, il remplit son cahier de charges bifffien (et constitue d'ailleurs un second candidat sérieux pour le Prix du Public, voire pour un prix tout court).
Mais ce qui le rend vraiment intéressant, c'est ce qu'il dit et montre de la société cubaine: avec les zombies en métaphore de l'apathie du citoyen moyen face au système.
Système D, débrouille, nonchalance.
Le rhum, les blockhaus pour se protéger de "l'ennemi", les morts-vivants qualifiés de "dissidents", les médias qui continuent à présenter l'épidémie comme une énième attaque des "impérialistes américains", tout concourt à dresser un portrait à la fois lucid et désabusé de la situation cubaine contemporaine et semble bien décrire le touchant rapport amour-haine que les cubains entretiennent avec leur patrie.
La réalisation est au diapason, qui fait beaucoup avec pas grand chose, multipliants les idées efficaces et rigolotes pour au final bricoler l'un des films les plus réjouissants et les plus attachants de cette édition.
Un vrai coup de coeur ! (topic des bêtes expressions).

Cote: ***

Ce soir: "The Incident", "Extraterrestre" et "Hindsight".
Demain: "Iron Sky" et "Elevator".

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