mercredi 17 novembre 2010


Revenge of the Nerds !

"The Social Network" de David Fincher (USA); avec Jessie Eisenberg, Andrew Garfield, Justin Timberlake, Rooney Mara, Rashida Jones, Joseph Mazzello...

La création de Facebook, par Mark Zuckerberg, en octobre 2003... Pour ceux qui vivraient dans une caverne sur Mars...

Sur le papier, ça ne partait pas gagnant.

Pensez: un film sur la création de Facebook !
Pourquoi pas une fresque en motion capture sur les exploits des surprises Kinder ?

Franchement, dès la note d'intention, ce truc improbable faisait s'attendre au pire !
Un biopic piéton plan-plan, plat et ennuyeux sur un type dont tout le monde se fout, dans lequel rien ne se passe et qui, en plus, allait jargonner tout du long.
Une sorte de saga pour boutonneux en chemises à carreaux n'ayant plus vu la lumière du jour depuis la sortie du premier Videopac !
Quelle sombre, sombre misère, non ?
Si.

Et pourtant ! (non, je ne vais pas vous refaire le coup des "Petits Mouchoirs" !)
Et pourtant, ça marche ! (Ah si, tiens...)

Mais ça marche pour tout un tas de bonnes raisons !

D'abord et avant tout: le scénario incroyable et bétonné du King of TV Aaron Sorkin !

Qui vous présente l'affaire comme un véritable thriller, montant crescendo dans les tours jusqu'à un climax invraisemblable. Avec rien. Ou si peu.

Des intrigues de fond de cour qui prennent une vraie dimension shakespearienne par la grâce d'une écriture fluide et déliée, aussi à l'aise pour balancer des dialogues bourrés de bons mots, débités à un rythme de mitraillette par une troupe d'acteurs survoltés, que pour monter en épingle la moindre micro-intrigue, le moindre coup de macro-pute, le plus petit revers juridique...

Tout en restant ludique et compréhensible d'un bout à l'autre.

C'est bien simple: ça ne parle finalement que d'informatique, d'économie, voire de mathématiques - toutes choses qui me passent allégrement à deux kilomètres au-dessus la tête, voire m'emmerdent à cent sous l'heure - et pourtant jamais, pas une seconde je n'ai décroché !

Au contraire, je suis resté scotché d'un bout à l'autre et rarement deux heures de film aussi "pleines" et tendues m'ont paru passer aussi vite.

La caractérisation des personnages fait aussi beaucoup pour la réussite du film, en particulier celle de Zuckerberg lui-même, véritable petite merde revencharde, archétype du geek à baffer, qui n'aurait créé FB que pour se venger d'une fille, d'une déception amoureuse (sidérante scène d'introduction avec la ravissante Rooney Mara !), même si ce geste fondateur le hantera visiblement jusqu'à la fin.

Zuckerberg*, la sous-merde pleutre mais néanmoins fascinante qui n'hésite pas à trahir ses seuls amis, non pas par appat du gain ni goût du pouvoir mais plutôt à cause d'un égo, d'un amour propre mal placé, métaphore en biais de notre société sans scrupules ou simple miroir déformant ?

Zuckerberg qui par sa déviance somme toute tellement "normale" reste le principal attrait du film, lui que l'on observe tel un affreux insecte, voire une espèce d'alien, tellement proche qu'il en devient à la fois attachant et répugnant.

Lui dans lequel on finit par reconnaitre nos faiblesses tout en se disant qu'on voudrait bien, nous aussi, arriver à les transcender, comme lui, par le succès, par la réussite.

Quitte à piétiner nous aussi notre entourage ?

Peut-être pas .
Mais la question a au moins le mérite d'être posée.

De ce point de vue général, l'interprétation génialissime du jeune Jesse Eisenberg - bien épaulé par Andrew Garfield et un Justin Timberlake qui ne cesse décidément d'étonner - est un autre atout majeur de ce "Social Network" finalement bien surprenant qui, grâce à lui, peut aussi se montrer drôle, voire attachant et finalement humain.

Enfin, last but not least, la réalisation pour une fois discrètement virtuose d'un David Fincher pas loin de réaliser, en huit films, un sans faute professionnel, achève d'enfoncer le clou d'un long métrage maîtrisé de bout en bout.

Avec son ambiance crépusculaire, sa lumière "sombre", ses plafonds bas, son esthétique à la fois moderne et réminicente du Grand Cinéma Seventies, elle achève d'emmener "The Social Network" discrètement du côté des grands films.

De ceux dont on reparlera encore longtemps...



Cote: ****

mardi 16 novembre 2010


C'est plein de kleenex, de bouteilles vides...

"Les Petits Mouchoirs" de Guillaume Canet (F); avec François Cluzet, Marion Cotillard, Benoît Magimel, Valérie Bonneton, Gilles Lellouche, Pascale Arbillot...

A la suite d'un événement imprévu et bouleversant, une bande de potes décide malgré tout de partir en vacances en bord de mer, comme chaque année, dans la villa de l'un des leurs, restaurateur plein aux as mais maniaque du contrôle... Au vu des derniers développements impromptus, leurs secrets, leurs amitiés, leurs amours, leurs certitudes vont se retrouver soumis à rude épreuve...

Arf ! En voila bien un qui ne va pas être facile à chroniquer et encore moins à critiquer, tiens...

Parce que sa vision laisse un drôle de goût dans la bouche.
Et que l'on reste sur cette impression bizarre de ne pas savoir ce que l'on en pense exactement.

Ou plutôt si.
A savoir exactement ce qu'on l'en pense, en fait. Et pas vraiment du bien, pour tout dire.
Tout en étant troublé d'avoir quelque part aimé ça.
Troublé... et fâché, d'ailleurs.
Fâché d'avoir à ce point été manipulé, roulé dans la farine par un film qui se veut bourré de bons sentiments et "qui donne envie à la sortie de la salle d'aimer tout le monde et d'aller embrasser ses copains" (Sans blagues ! Dixit le dossier de presse !) mais qui n'est au final qu'un blockbuster franchouillard, un produit extrêmement commercial, formaté, construit, boulonné pour que ça marche.
Un produit dont on voit chaque rouage, dont on devine chaque ficelle.
Derrière lequel on entrevoit - et même pas en filigrane ! - la silhouette du réalisateur en train d'appuyer sur les boutons pour provoquer au bon moment telle ou telle réaction.

Un condensé de scènes convenues, de personnages clichés, d'alternance boulevardière de rire et de larmes tellement forcée qu'elle en devient hideuse.

Le tout renforcé par une musique sursignifiante qui vous dit bien, comme tout le reste, à QUEL moment QUELLE émotion ressentir.

Et pourtant - on pourrait dire "forcément" - ça marche.

C'est tellemment emballé pour susciter l'empathie et l'identification que ça marche.

Et c'est d'autant plus agaçant que, débarassé de ces considérations purement commerciales - après tout, peut-on vraiment reprocher à un auteur de vouloir à tout prix que son film marche ? - "Les Petits Mouchoirs" reste une oeuvre bancale. Inaboutie.

Un film qui réserve certes de bonnes choses mais pour combien d'autres... foireuses ?

Lesquelles, à force de stéréotypes et de polissage effréné finiront bien par marcher aussi.
Parce que c'est ainsi.

Pour un personnage bien écrit (François Cluzet en maniaco-dépréssif), un autre brossé à la truelle (Marion Cotillard, en bonne copine presque bon copain, Gilles Lellouche en beauf forcément au grand coeur).

Mais ça marche.

Pour une situation originale (les fouines, l'ensablement du bateau), un tombereau de lieux communs (le final, tellement téléphoné qu'on le devine dès l'ouverture).

Mais ça marche.

Pour un acteur finement dirigé (Magimel, pour une fois très, très bien), un autre insupportable au point qu'on a envie de le baffer* (Laurent Laffite, en descendance borgne de Michel Leeb sous cortisone).

Etc, etc, etc.

Et malgré ça - et malgré aussi la longueur de la chose (2 heures 34, excusez du peu !) - oui, oui, oui, trois fois oui; ça fonctionne !
Encore et toujours.

Ca écoeure, ça donne envie de se donner des claques pour se réveiller tellement le rêve dégouline de sirop, mais-ça-marche !!!!!!

Parce que ça table sure les émotions les plus brutes, les plus primaire et que ça n'hésite vraiment pas à en remettre trois louches, que ce soit dans le pathos (l'épilogue, à hurler !), la gaudriole (Cluzet perd son maillot, ha ha ha !!!!) ou le "convivial" (toute la partie avec Maxim Nucci, à braire d'horreur pure !).

Le pire (ou le meilleur, après tout. Tant mieux pour Canet qui reste somme toute un acteur attachant et un réalisateur intrigant), comme le disait Crédit Lyonnais sur les ondes d'une radio nationale, c'est que ce truc semble bien parti, au vu des éclats de rires et des yeux embués à l'issue de la projection, pour devenir culte.
Une sorte de "phénomène générationnel".

Alors que, pour paraphraser "Libération", cette fois, au final ce n'est jamais que l'épisode le plus long et le plus épique de "Plus Belle la Vie"...

Mais ça marche...

Ca marche.

Ca...

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!



Cote: de zéro à l'infini et au delà, à vous de voir.


(* Oui, soyons honnête, dans son cas c'est fait exprès. Et ça marche !)

lundi 15 novembre 2010

Heroes and Icons...


(Mon Oncle; Jacques Tati - 1958)

dimanche 14 novembre 2010

Mystère et boules de cristal...

"Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu" (You Will Meet a Tall Dark Stranger) de Woody Allen (USA); avec Naomi Watts, Anthony Hopkins, Gemma Jones, Josh Brolin, Lucy Punch, Antonio Banderas...

Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes lorsque, un matin, Alfie s'est réveillé en se rendant compte de sa potentielle mortalité. Du coup, frappé par une forme particulière de Démon de Midi, il balance sa femme, Helena, au bout de quinze ans de mariage. Celle-ci cherche le réconfort de manière étrange auprès d'une voyante; Crystal... La fille d'Alfie et d'Helena, mariée à un écrivain américain victime du syndrôme du "premier roman", cherche à trouver du travail dans une galerie d'art. Quant à son mari, désoeuvré, il semble remarquer un peu trop la nouvelle et très charmante voisine...

Et voila !

Tel un indéfectible métronome - ou tel Amélie Nothomb son roman, le Beaujolais Nouveau sa bouteille, le Goncourt son prix ou comme la saison de la chasse (sa saison), Woody Allen l'Opiniatre est de retour et nous livre son opus annuel, clair, net et précis. Ponctuel, sans bavure.
Sans surprise.
Réglé comme du papier à musique !

Et comme tous les ans, les critiques nous le vendent impertubablement comme un "petit Woody Allen".

Il est d'ailleurs amusant de lire tel ou tel chroniqueur, tel ou tel journaliste, traiter le film tel un petit millésime, en le comparant pour l'occasion à l'un ou l'autre de ses prédécesseurs récents, de forcément bien meilleure facture...
Pour ensuite fouiller dans ses archives afin de constater que ledit prédécesseur était, déjà et comme de bien entendu, taxé d'oeuvre mineure...

Comme quoi...

Mais bon, baste.
Là n'est évidemment pas la question.

Le fait est de constater que, cette année (comme souvent ces derniers temps mais pas toujours, "Whatever Works" ou "Match Point", par exemple, échappant au malheureux bilan - et chez moi vous pouvez vérifier ce que j'en disait à l'époque, tiens...); eh bien ils ont raison.

Oui, nous sommes bel et bien en présence d'un Woody Allen de petite volée: volatil - à l'image de sa fin bâclée et qui n'en n'est pas une - paresseux et, ce coup-ci, vraiment écrit de la main gauche.

Mais bon, allez, ce vieux Woody avec son rythme de stakhanoviste, ressassant sans cesse ses même obsessions, à l'envi...
Est-ce qu'on en attend encore grand chose, après tout ?
Hein ?

Non.

On va voir le nouveau un peu par réflexe, par habitude.
Avec, pour le fan, le plaisir déjà immense de se retrouver en terrain connu.
Comme chez un vieil ami auprès duquel on se sent toujours bien.
Et si c'est réussi (ce qui arrive encore une fois ou l'autre, voire les deux exemples plus haut) et bien tant mieux !
Sinon, pas grave.
On aura toujours passé un bon moment, allez, l'adage voulant qu'un "petit" Woody Allen dépasse toujours de la tête et des épaules la production commune...

En l'espèce, ce "Bel et Sombre Inconnu", énième variation allenienne sur les jeux de l'Amour et du Hasard, vaut, comme d'habitude, par la somme de ses parties: ses dialogues enlevés et ses situations savoureuses (le retournement de situation final dans l'histoire concernant l'écrivain incarné par Josh Brolin valant, en ce sens, presque l'ensemble du film).

Il pêche par par contre par excès de mollesse dans la mise en place, par une absence générale d'enjeu et par une certaine inclinaison au "plan-plan" dans la mise en scène...

Du côté des acteurs, faisont le tour: Anthony Hopkins navigue comme souvent ces derniers temps en pilotage automatique, Freida "Slumdog Millionaire" Pinto et Antonio Banderas font figure de potiches exotiques (tant mieux d'ailleurs dans le cas de l'exaspérant second cité) et Naomi Watts prouve une chose: elle est plus à son aise dans la romance que dans la comédie.

A part ça ?

Et bien à part ça, si étincelles il y a à chercher - et fort heureusement il y en a - c'est du côté du duo Gemma Jones (en mère crédule, fofolle et alcoolo) et Josh Brolin (en gendre écrivain hirsute et bourru) qu'on les trouvera.
Ce sont leurs échanges (et la présence de la géniale Lucy Punch dans un rôle malheureusement beaucoup trop réminicent de celui de Mira Sorvino dans "Maudite Aphrodite"*) qui rajoutent le peu de sel que Woody Allen a bien voulu semer sur ce plat par ailleurs malheureusement fadasse.

A l'arrivée, une sorte de filmounet plaisant mais trop vite torché dont la fin en forme de queue de poisson résonne comme une métaphore: celle de l'oeuvre d'un cinéaste capable d'encore livrer de bonnes choses tout en ayant visiblement de moins en moins de trucs à raconter...


Cote: **



(* Rôle qui lui valu d'ailleurs un Oscar)
Le retour des indigènes...

"Hors-la-loi" de Rachid Bouchareb (F/Al.); avec Jamel Debbouze, Sami Bouajila, Roschdy Zem, Bernard Blancan, Sabrina Seyvecou, Jean-Pierre Lorit...

Rescapés des massacres de Sétif et chassés de leurs terres, trois frères quittent l'Algérie et vont dans un premier temps suivre des voies séparées. Messaoud s'engage pour l'Indochine. En france, Abdelkader prend fait et cause pour le mouvement pour l'Indépendance de l'Algérie et Saïd fait son beurre dans les clubs et les trafics louches. Réunis enfin autour de leur mère, les trois frères verront leur destin se mêler inexorablement à celui de leur patrie, en lutte pour sa liberté.

Voila encore un beau film digne. Très digne.
Trop digne sans doute...

Comme corseté, paralysé même devant l'empleur de l'enjeu - ce qui était déjà le cas d' "Indigènes" dont ce "Hors-la-Loi" devait au départ être une suite directe, les aléas du scénario en ayant finalement décidé autrement - Bouchareb livre donc une oeuvre certes concernée, sobre et historiquement passionnante mais poussiéreuse, comme engoncée dans son sujet et, du coup, bien trop froide pour réellement passionner.

Ca manque de souffle et de lyrisme. Et ce genre de sujet en demande, justement.
La réalisation est extrèmement académique, sagement illustrative, on pourrait même dire plate.
Et le tout donne un peu l'impression de regarder l'histoire se dérouler derrière une vitre, comme dans un musée.

Voire de regarder un fort bon téléfilm.

Bien sûr, "Hors-la-loi" est ce qu'on appele un film "nécéssaire" et cela que l'on adhère ou non au point de vue du réalisateur.
Et c'est bien là le problème: en dehors de nous apprendre des choses (ce qui est déjà beaucoup, je vous l'accorde) le film n'apporte rien - et ce malgré l'embryon de controverse qu'il a pu susciter lors de sa projection à Cannes - tant on se sent peu concerné par ses enjeux et surtout par les tenants et aboutissants de ses personnages.

C'est d'autant plus dommageable que, sur le papier, ceux-ci sont intéressants.
Celui de Sami Bouajila est très ambigu et donne à voir un aspect pas forcément reluisant de la lutte pour l'Indépendance. Mais par opposition, celui de Jamel par exemple est quant à lui beaucoup trop caricatural, malgré les efforts de son interprète pour lui donner corps, pour ne pas prèter à sourire.

L'autre principal défaut du film réside dans son écriture et surtout dans la qualité de ses dialogues: il est parfois pénible, d'autant que le film est fort verbeux, de voir ânnoner par les acteurs des phrases aussi sentencieuses qu'elles en sombrent régulièrement dans le ridicule.

Bref, l'un dans l'autre, on se demande quand même si, tant qu'à faire, Bouchareb n'aurait pas du forcer dans le naturalisme cynique (mais n'est pas Kechiche et sa "Vénus Noire" qui veut) voire réaliser carrément un documentaire.

Tel quel, "Hors-la-loi", film que l'on devine par contre éminemment sincère, n'est ni fait ni à faire, ni fresque ni film à thèse, ni chair ni poisson.

C'est dommage, oui. D'autant plus qu'on ne s'ennuie pas à sa vision.

Allez... La prochaine fois, peut-être ?


Cote: **

jeudi 11 novembre 2010

Plateau téloche...

A l'occasion de la belle et tant décriée fête de Louween, je me suis donc loué quelques petits films de circonstances...
Passons sur les déjà vus et revus "La Malédiction de la Momie" (bien que HAMMER RULES !) et "Massacre à la Tronçonneuse" pour nous concentrer sur les trois inédits de derrière les fagots qui étaient au programme des réjouissances...

"Malpertuis" de Harry Kümel (B); avec Orson Welles, Susan Hampshire, Mathieu Carrière...

Yarglah ! Je l'ai donc enfin vue ! L'adaptation cinématographique du meilleur bouquin de mon auteur préféré. Des années que je la cherche et elle était bêtement à la Médiathèque. Arf !
Et je suis pas fâché parce que dans le genre couillasserie, ça valait le détour !
C'est à la fois baroque et rococo, kitsch (les couleurs sont superbes, hi hi...), cheap (certains "effets spéciaux" sont dessinés sur la pellicule), complètement barré (mais ça c'est normal) et puis surtout ça a terriblement mal vieilli.
Le scénario prend de belles libertés par rapport à l'oeuvre originale, mais il faut se dire que c'était probablement nécéssaire. La fin, par exemple, est totalement réinventée (et l'idée n'est pas mauvaises, avouons-le). Des pans entiers du bouquin sont passés à la trappe tandis que d'autres sont invraisemblablement tirés en longueur (l'Oncle Cassave met 40 minutes à crever alors que dans le livre ça prend 4 pages mais bon, il fallait sans doute justifier le cachet d'Orson Welles).
Et le tout débouche sur un truc complètement fou fou, surréaliste, décalé, complété par une distribution idoine au gré de laquelle on croise des gens aussi divers que Michel Bouquet, Jean-Pierre Cassel ou carrément Sylvie Vartan (et même un caméo de Johnny Hallyday, tiens) !
Mais avec sa belle ambiance de fantastique onirique "à l'ancienne", ce film de branquignol hyper daté arrive quand même à faire passer de vrai bons moments.
Et ne devrait pas trop faire valser Jean Ray dans sa tombe...

"Eden Lake" de James Watkins (UK); avec Kelly Reilly, Michael Fassbender, Thomas Turgoose...

Où le week-end en amoureux d'un couple de bobos londoniens vire au cauchemar lorsque ils sont confrontés à la bande de bullies locaux.
On m'en avait vanté les mérites mais je ne pensais pas pour autant avoir affaire à une telle bombe. Un vrai concentré de méchanceté brute et sale caché au milieu d'un film de genre.
Parce que c'est ça qui est très fort avec "Eden Lake": on pense être devant un survival classique mais très, très efficace, qui n'ira pas plus loin que les scènes obligées du genre (avec une bonne dose de gore craspec) et on se retrouve au final, et grâce à un twist dont on ne peut évidemment rien dire, en face d'un spectacle bien plus édifiant que prévu, qui met véritablement mal à l'aise et qui pose de surcroit de vraies questions. Sans donner de réponses.
Un film malin, prenant, bien mené et qui finit par délivrer beaucoup plus que ce à quoi on était censé s'attendre. Que demander de plus ?

"Southland Tales" de Richard Kelly (USA); avec Dwayne "The Rock" Johnson, Sarah Michelle Gellar, Seann William Scott...

OK. Tout bien compris. Bien capté pourquoi le second film de Richard Kelly, pourtant auteur de l'ultra culte "Donnie Darko" et du très bon "The Box" est passé à la trappe de la distribution, du moins en Europe, et est même très difficile à trouver en DVD.
Sans blague, j'ai tenu 40 minutes devant cet invraisemblable patchwork de S.F. new age post-apocalyptique qui part dans tous les sens, multiplie les personnages et les sous intrigues jusqu'à l'absurde et la nausée et, surtout, est totalement incompréhensible - tout en donnant paradoxalement l'impression de ne rien vraiment raconter.
Comme en plus, le tout est "porté" par un Dwayne Johnson plus mauvais qu'une légion de cochons corses, vous comprendrez bien que l'engin vire rapidement à l'insupportable.
C'est bien simple: même la présence de Sarah Michelle Gellar en star du porno ne donne pas envie d'aller plus loin.
C'est dire !

mardi 2 novembre 2010

Le bandit au grand coeur.

"The Town" de Ben Affleck (USA); avec Ben Affleck, Rebecca Hall, Jeremy Renner, Blake Lively, Jon Hamm, Pete Postlethwaite...

Doug McRay est le leader d'une bande de braqueurs de Boston. Sans attaches, il ne craint jamais rien, surtout pas la perte d'un être cher. Tout bascule le jour où lui et sa bande prennent en otage la directrice de l'agence qu'ils viennent de braquer. Craignant qu'elle n'ait reconnu l'un d'entre eux, les malfrats décident de la suivre de près. Aussi, lorsque la jolie Claire voit entrer dans sa vie un homme charmant et, somme toute, rassurant du nom de Doug, l'attirance et finalement la romance prennent-elles le pas sur la méfiance et le trauma.

Sec - pas comme un coup de trique non plus, n'exagérons pas - racé, nerveux, sobre et en fin de compte carré comme les bonnes vieilles machoires bien épaisses de son auteur - Ben Affleck, "The Town" est un film de genre couillu et de bonne tenue, dans la lignée de son prédécésseur, le déjà fort bon "Gone Baby Gone".
Qui pêche aussi malheureusement par les mêmes travers et finit, comme lui, par échouer à quelques encâblures de ce qui aurait pu en faire un "grand" film.

En l'espèce, ce polar mâtiné d'une bonne dose de mélodrame sans pathos (ou si peu, allez, un chouïa, sur la fin...) reste un film solide et bien madré, qui se regarde sans ennui ni déplaisir, avec même ce petit plus qui le distingue des productions lambda, passe-partout, juste bonnes à voir en DVD le dimanche soir.

Un petit plus qu'il doit à un scénario agréablement charpenté, à une réalisation idoine (à savoir d'une sobriété et d'une classe indéniable car dépourvue de tape-à-l'oeil), à des scènes d'action que n'aurait peut-être pas renié un Michael Mann et surtout à un équilibre assez impressionnant entre celles-ci et les scènes plus intimistes, plus mélodramatiques, celles de la relation entre les deux principaux protagonistes.
De celles qui rendent l'ensemble globalement plus humain, moins glâcé que "Gone Baby Gone" ne pouvait l'être.

Bien sûr, tout n'est pas parfait, loin de là.

Sur deux heures, le rythme est parfois un peu lâche et inégal, compliqué par des sous-intrigues pas toujours nécéssaires.
La fin (après le dernier braquage, époustouflant !) est totalement incohérente et too much...

Et puis, surtout, on a beaucoup de mal à calculer le brave Ben en chef de bande.

En dehors de cette évidente erreur de casting - Benichou aurait sans doute gagné à ne pas quitter son siège de réalisateur et à confier le rôle à quelqu'un d'autre, de plus sec, de plus physiquement et moralement "marqué" - "The Town" fonctionne à plein rendement dans son double registre de film policier classique et de drame sentimental, bien aidé qu'il est par une distribution de seconds rôles par contre, elle, unanimement excellente.

De Rebecca Hall, très juste, à Blake Lively, méconnaissable, en passant par un Jeremy Renner qui confirme tout le bien que l'on pouvait penser de lui dans un registre "chien fou" pas très éloigné finalement de celui d'un Michael Shannon (dont nos équipes vous parlaient tout récemment), on peut dire que ça dépote.

Il faut donc se rendre à l'évidence: tout cela semble confirmer que l'aîné des frères Affleck ferait peut-être bien de se concentrer sur son nouveau boulôt de réal, au détriment d'une carrière d'acteur quand même jusqu'ici fort en demi-teinte...

Et, par delà, que ce "The Town" old school est un spectacle ma foi fort réussi, qui parvient en plus à ne jamais ennuyer.

Et comme en plus il constitue une amélioration évidente par rapport au premier opus de son néo-réalisateur... hein...

On peut même presque dire qu'on attend la suite...



Cote: ** (mais bien tassées).