dimanche 31 août 2008


Le Migou!

"La Momie: La Tombe de l'Empereur Dragon" (The Mummy: Tomb of the Dragon Emperor) de Rob Cohen (USA); avec Brendan Fraser, Maria Bello, Jet Li, Michelle Yeoh, John Hannah, Liam Cunningham...

Victime d'une malédiction, l'Empereur Dragon et ses soldats ont été relégués dans les limbes sous forme d'une gigantesque armée en terre cuite... Jusqu'au jour ou Alex , fils du célèbre archéologue Rick O'Connell ne commette l'erreur de les rameer à la vie. Engagés par le gouvernement britannique pour convoyer une précieuse relique jusqu'à Shanghaï, les parents d'Alex vont bientôt être contraints de préter main forte à leur rejeton, confronté aux maléfices de la Chine Ancestrale...

Magnifique!

MA-GNI-FI-QUE !!!!

Extraordinnaire!
Vraiment!
Epatant (comme dirait l'autre)...

Ah!
J'en aurais vues de conneries dans ma vie! Mais celle-ci bat vraiment tous les records!
Enfin non, peut-être pas, il y a toujours moyen de trouver plus con (sauf que "Troll 2", évidemment, faut pas exagérer) mais quand même...
Mais faut avouer qu'en la matière cette troisième momie place vraiment la barre très haut.
Très, très haut, même.

Bien entendu, c'est pas non plus comme si les deux premiers épisodes étaient des chefs-d'oeuvre.
Loin s'en faut, je vous l'accorde.
C'était même déjà deux fort belles bouses, certes.
Mais des bouses rigolotes et sympatoches (surtout le premier épisode, très "Appel de Cthuluh" - le jeu de rôle - dans l'esprit et dans la forme).

Mais ici, encore une fois, on bat des records.
Je dirais même plus: on les pulvérise!

Tout est fait pour que l'on atteigne de véritables sommets de crétinerie pure.

La réalisation d'abord qui, dans une certaine logique de surenchère dans l'inaptitude, voit le déjà très mauvais Stephen Sommers se faire remplacer par un pape du film d'action mongoloïde: Rob "Fast and Furious" Cohen!
Dont la mise en scène clipesque et tape à l'oeil, toute en montage ultra cut et en pétarade stérile à tôt fait de nous donner mal à la tête. Pour le moins.

Le scénario, ou plutôt "l'absence de...", ensuite.
Une enfilade pathétique de scènes grotesques et boursouflées, rebondissant de l'une à l'autre comme de gigantesques baudruches au rythme de rebondissements tous plus ineptes et téléphonés les uns que les autre.
Le tout surligné par les dialogues les plus sursignifiants et délicieusement concons qu'il ait été donné d'entendre depuis... Ouch!... "Le Gendarme et les Extraterrestres", peut-être?
Du genre qui soulignent benoîtement l'action (au cas où on n'aurait pas bien compris): "Il semble avoir retrouvé tous ses pouvoirs..." Ben oui, IL VIENT DE T'ENVOYER UNE BOULE DE FEU DANS LA GUEULE, CONNASSE!

Passons par charité sur l'interprétation (Fraser caoutchouteux, comme d'hab, John Hannah cachetonnant, Yeoh et Li incolores et Maria Bello malheureusement égarée) pour en venir tout de suite au clou du spectacle.
Ou plutôt "aux clous"!
D'un côté, la direction artistique, de l'autre les effets spéciaux.
La première atteint un niveau de kitscherie qu'on ne croyait pas possible en dehors peut-être d'un vieil épisode de "Xena", les seconds semblent avoir été réalisé par des stagiaires de la section wallonne d'ILM (sur des TRS 80)...

D'un Shangri-La d'opérette, dégoulinant de paillettes et de dorures bling-bling à un Empereur en terre cuite plus ridicule qu'effrayant, en passant par un dragon grotesque ou une armée de zombies asiates ultra cheap, on peut dire qu'on est servi!
Et plus que servi, même.
N'en jetez plus, la cour est pleine!

Le comble du comble nous étant plus que probablement fourni par un trio de yétis (si, si! Le migou, le migou!) plus grotesque et embarrassant que ne pouvait l'être Jar-Jar Binks lui-même dans un épisode de Star Wars de pourtant sinistre mémoire.

Ouf! Rien que d'en parler...

Rajoutons à ça quelques approximations historiques, géographiques et même mythologiques de la plus belle eau, capables de faire passer le dernier "Indiana Jones" pour un modèle de rigueur et de sérieux et l'on se retrouve à l'arrivée avec un résumé quasi parfait de ce que le cinéma américain est quelquefois capable de fournir de plus laid et de plus dramatiquement crétin.

Et quand on sait que la scène finale laisse augurer d'un quatrième épisode...

Au secours!


Cote: °

mercredi 27 août 2008



Mémoires d'Outre-Tombe.

"Le Chevalier Noir" (The Dark Knight) de Christopher Nolan (USA); avec Christian Bale, Maggie Gyllenhaal, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Michael Caine, Gary Oldman...

Avec l'aide du lieutenant Jim Gordon et du nouveau Procureur Harvey Dent, Batman entreprend de nettoyer Gotham City des dernières organisations criminelles qui l'infestent. Mais les trois hommes devront bientôt compter avec un nouvel ennemi beaucoup moins prévisible et facile à cerner que les traditionnels mafieux: le mystérieux et insaisissable Jocker...

Tendu comme un slip de satin noir moulant, toujours sur la brèche, toujours sur le fil et pourtant pétaradant à souhait, voici venir avec pertes et fracas le nouvel opus des aventures du Dark Crusader que d'aucuns présentent - sans rire! - comme le meilleur de la saga.

Et le pire, c'est qu'ils ont peut-être bien raison, les bougres...

Car si l'on excepte peut-être le "Batman - Le Défi" de Burton, que l'on continuera à préférer avouons-le pour des raisons essentiellement madeleinedeproustesques, ce deuxième Batman version Nolan se présente effectivement comme un sommet du genre.
Et comme un sommet du film de super-héros tout court, d'ailleurs, n'ayons pas peur des mots.

Grâce en soit rendue à l'artisan Nolan, grand cinéaste en devenir, qui se met entièrement au service de son film et de son (ou plutôt devrait-on dire "de ses") personnage(s) avec une humilité, une franchise et un premier degré désarmants et totalement salutaires.

Ce qui nous donne, cowabunga!, un film encore plus "réaliste" (oui, faut des guillemets quand même, ça reste un film de justicier en costume, hein, après tout...) que son prédécesseur, le pourtant déjà très vroom vroom "Batman Begins".

Puissant, sombre, intense, palpitant tout en n'oubliant jamais de divertir (il y a même un petit côté "James Bond" dans certaines scènes) "The Dark Knight" réussit le tour de force de rendre à la fois hommage à un certain cinéma US des années '70 (L'Age d'Or, L'Age d'Or!), d'entamer une réflexion sur la surenchère sécuritaire américaine actuelle et d'être avant tout un thriller pur jus, rempli jusqu'à la gueule de scènes d'anthologie.

Le tout tendu sur une structure narrative en béton, chariant un sous-texte maousse-costaud qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler, coïncidence troublante, celui d'un récent "Hancock" de moins parfaite mémoire...

Mais cependant, la cerise sur le gâteau, elle, est à chercher du côté uniformément impressionant de l'interprétation...

De Christian Bale, le Bruce Wayne le plus crédible de l'Histoire depuis Michael Keaton (qu'il ne réussira cependant pas à faire oublier) à Aaron Eckhart, sidérant d'ambiguïté dans le rôle pourtant très touffu du procureur Harvey Dent, futur Double Face, en passant évidemment par les à jamais déléctables Michael Caine ou Gary Oldman, tout le casting réussit un travail de fond étonnant, renforçant s'il en était encore besoin la solidité de l'édifice bati par cet invraisemblable styliste qu'est Christopher Nolan.

Avec mention spéciale, bien entendu, à feu Heath Ledger, qui livre probablement ici la performance de sa carrière (reste à voir le Gilliam qui doit sortir bientôt) et qui traverse le film en apensanteur, créant de toute pièce un véritable Nouveau Jocker qui parvient à balayer le souvenir de celui créé jadis par un certain Jack Nicholson...

Alors évidemment, tout n'est pas parfait, non...

Comme la plupart des films de ce genre, "The Dark Knight" souffre d'un léger surpoids et aurait pu être emputé d'une petite demi-heure (allez, vingt minutes).
Et puis on ne peut pas dire que certaines des scènes finales brillent vraiment par leur lisibilité...

Mais malgré tout, grâce à son réalisateur et à ses interprêtes bien sûr mais aussi grâce à la nouvelle dimension quasi mythologique qu'il réussi à atteindre ici, ce Chevalier Noir finit bien par gagner à la fin.
Et par tout emporter sur son passage.

Pour un nouveau départ...


Cote: ***

mardi 26 août 2008



Bonjour ennui...

"Sagan" de Diane Kurys (F); avec Sylvie Testud, Pierre Palmade, Jeanne Balibar, Denis Podalydès, Arielle Dombasle, Lionel Abelanski...

La vie et l'oeuvre de Françoise Sagan, de la sortie de "Bonjour Tristesse" à ses derniers instants dans sa propriété normande...

Le gros avantage de ce terne et mièvre biopic aura donc été de m'apprendre deux trois choses sur Françoise Sagan, auteur que je n'ai jamais lu et dont je savais finalement que peu de choses (en gros, à part les titres de deux ou trois de ses oeuvres, j'avais surtout eu vent de ses démélés avec la justice française pour des affaires de drogues et d'une interview hilarante menée par Desproges à l'époque du "Petit Rapporteur").

C'est déjà ça, me rétorquera-t-on.

C'est même l'essentiel, puisque c'est un peu le but d'un biopic que d'apprendre au commun des mortels des choses qu'il ignore à propos de son sujet.
Forcément...

Oui mais bon...

C'est déjà ça, peut-être, mais au vu de l'ensemble c'est quand même un peu court, jeune homme... Allez, allez.

Evidemment, le principal défaut de l'oeuvre, c'est que sa réalisation, plate et tristounette, trahit un peu trop les origines télévisuelle du sujet (conçu au départ comme une télésuite en deux parties produite pour Arte).
Mais il n'y a pas que ça. Malheureusement.

Car si "Sagan" passe en revue à peu près toute les phases de la vie banalement tumultueuse de l'auteur, se présentant comme un véritable catalogue - pour ne pas dire encyclopédie - "saganien", exhaustif et par trop didactique, il n'en manque pas moins d'un véritable point de vue.
Ce qui le transforme bien vite en un téléfilm de luxe sans souffle ni audace.

Alors, au vu de cela, on se raccroche à ce que l'on peut. C'est à dire à l'interprétation.

Et là aussi, le bat blesse.

Car si Sylvie Testud est parfaite de mimétisme et d'engagement dans le rôle de l'écrivain (bien qu'il faille un temps d'adaptation pour se faire réellement à son curieux mode de jeu "en dessous") le reste du casting n'est pas forcément au diapason...

Certes, Palmade, très bien en Jacques Chazot, tient probablement ici son meilleur rôle.
Mais au vu de sa filmographie ça ne veut finalement pas dire grand' chose.
Et le problème c'est que d'autres autours d'eux s'oublient et se laissent aller.
Dombasle, bien sûr, tarte comme à son habitude.
Mais surtout, et c'est beaucoup plus dommage, Jeanne Balibar, dont le cabotinage malheureusment contagieux fait sombrer pas mal des scènes dans le ridicule le plus complet...

Pour le reste, le film hésite et tergiverse beaucoup, quelque part entre réalisme frenchie toujours au bord de l'anecdote et traitement plus franchement hénaurme, music-hall à l'américaine, lorgnant bizarrement du côté de "La Môme", pour citer un exemple récent (et beaucoup plus réussi, malgré son côté kitsch et ses excès).

Bref, mal illustré, platement filmé, interprêté de manière franchement inégale et confondant malheureusment trop souvent l'art et le cochon, le film de Kurys, en dehors du côté purement factuel de l'affaire, peine à rendre compte de ce que devait sans doute être la complexité du personnage Sagan et de son processus créatif.

Et passe sans doute à cause de cela complètement à côté de son sujet...


Cote: *

lundi 25 août 2008



Balade Irlandaise.

"Deux Jours à Tuer" de Jean Becker (F); avec Albert Dupontel, Marie-Josée Croze, Pierre Vaneck, Alessandra Martines, Mathias Mlekuz, Cristiana Reali...

Antoine Méliot est un quadragénaire apparemment heureux. Une femme splendide, deux beaux enfants, un boulot en or, une belle maison et un cercle d'amis solide. Pourtant, sur le temps d'un week-end, Antoine va tout mettre en oeuvre pour saborder cette vie bien rangée: famille, amis, tout va y passer dans une sorte de fuite en avant que son entourage aura bien du mal à comprendre.

Ah!
Dommage!
Trois fois dommage!

Voila un film que l'on aurait pu - que l'on aurait voulu - ranger au sein de ces petits chefs-d'oeuvre inattendus qui de temps en temps font surface dans une vie de cinéphile.
De ces films dont on n'attend rien ou pas grand chose et qui pourtant nous boulevesent et nous emportent.

Et il s'en sera fallu de peu.

Une connerie, un grain de sable, un défaut de construction.
Un détail en somme.

Presque...

Parce que quand même, le problème, car problème il y a, est de taille.
Il n'a rien d'anodin.

Ce problème, c'est que dès la deuxième bobine on a compris.
Le comment du pourquoi...
Le suspense est éventé.
On sait trop clairement où tout celà nous mène. Et vers quel dénouement.

Alors, évidemment, ça gâche un peu le plaisir.

Parce qu'à part ça, du plaisir, on en prend.

D'abord, on est cueilli par la surprise!

La surprise de voir ce bon vieux et finalement trop gentil Jean Becker, spécialiste s'il en est depuis quelques années d'un certain cinéma lénifiant estampillé "Vieille France", roboratif et rassurant du type "Les Enfants du Marais", "Un Crime au Paradis" et autres "Dialogue avec mon Jardinier" (rien que le titre!) renouer avec un style et un genre un peu plus tripal, rageur et brutal, de celui qu'il aborda jadis avec "L'Eté Meurtrier", par exemple...

Ensuite, on est emballé par le jeu de massacre!

Quoi de plus réjouissant, avouons-le, que de voir ce type balancer leurs quatre vérités à un groupe d'amis d'abord surpris, ensuite offusqué, à une femme dépassée par les événements ou a une belle-mère envahissante et chiante.
Quel plaisir de le voir envoyer paître client et boulot, comme on a tous rêvé un jour de le faire.
De le voir se régaler de gamineries bêtes et méchantes au dépends d'abrutis médusés.
Bref, de tout envoyer en l'air dans un jouissif et salutaire pétage de plombs.

Surtout quand ledit pétage de plomb est servi sur un plateau par un Dupontel impérial, beaucoup plus à son affaire ici que dans ses récents ratages (le "Paris" de Klapisch pour n'en citer qu'un) bien aidé qui plus est par des scènes solidement écrites et brillament dialoguées (le repas entre amis, l'auto-stoppeur...).

Enfin, on est cueilli par le face-à-face final!

Ce quasi duel amer et acerbe, presque silencieux entre le (anti) héros et son vieux père, interprêté avec ce qu'il faut de rudesse par le trop rare Pierre Vaneck, bien loin ici des sempiternelles sagas de l'été où l'on semble vouloir à tout prix le cantonner ces dernières années.

Un affrontement sur fond de rancoeurs et de non-dits, magnifié par une mise-en-scène minérale qui se sert avec finesse et intelligence de la beauté rude des paysages irlandais pour transcender un scénario sans cela par trop téléphoné.

Tout ça pour aboutir sur un épilogue malheureusement bien trop tôt éventé, donc.

Mais qui n'enlève rien au plaisir que l'on aura pris à regarder ce film étonnant, à la fois drôlatique, fiévreux... Et bouleversant au-delà des mots.

Bouleversant parce que terriblement humain.


Cote: ***