lundi 9 avril 2012

Bifff 30: Jour 4.

Où l'amateurisme bifffien atteint des sommets rarement
explorés Part II ou l'Histoire du Film Philippin que l'on ne verra pas...

On croyait avoir tout vu hier ou lors des éditions précédentes mais le foutoir de ce soir à vraiment crevé tous les plafonds, pulvérisé tous les records.

Pauvre, pauvre Yam Laranas ! Le réalisateur philippin de "L'Echo" (Prix du 7ème Parallèle il y a quelque temps de celà), venu cette fois présenter "The Road", à 18 heures, est sans doute l'Homme le Plus Poissard au Monde.

Jugez plutôt:

Le brave garçon fait déjà le déplacement Manille-Bruxelles A SES PROPRES FRAIS (et le présentateur nous annonce ça le sourire aux lèvres comme si c'était fantastique alors que, déjà, si je faisais partie de l'organisation je ferais tout pour qu'une chose pareille ne s'ébruite pas pour éviter la réputation de rapiats qui traitent les gens n'importe comment. J'espère qu'ils vont le lui rembourser, son ticket, tiens, ce serait la moindre des choses !) mais à peine a-t-il mis les pieds sur la scène que pouf !, panne d'électricité !
S'ensuit un des moments les plus surréalistes ever de mémoire de festivalier: une interview dans le noir et sans micro !

Comme si ça ne suffisait pas, au bout d'un bon quart d'heure, on nous annonce qu'il faudra encore "une petite minute" avant de pouvoir lancer le film.

Bref... Je vous passe les péripéties...
De camion en bourriche et au bout d'une heure de poireautage, on nous assène que le film ne pourra pas être projeté ce soir et qu'on sera remboursés OU BIEN qu'on pourra venir le voir demain (aujourd'hui lundi, quoi)... à midi !
Mais bien sûr... Et pourquoi pas mercredi à sept heures du matin, tant qu'on y est ?

Je passe également par charité bifffienne sur l'explication du pourquoi du comment de la panne (une histoire de clé USB réglée sur le fuseau horaire philippin qu'on ne serait pas parvenu à caler sur le nôtre... Si, si. On dirait que c'est écrit par Besson un soir de murge au Picon-bière mais je vous assure !) et sur les questions qu'on peut se poser quant à l'orga "technique" à partir du moment où une bête panne de jus entraîne de pareille conséquences (z'avez vraiment pas de backup ni rien, les gars) pour n'en retenir qu'une chose: maintenant c'est clair, on se fout de notre gueule.

Parce que c'est bien l'alternatif, le côté branquignol, amateur et familial qui fait la saveur du Bifff... Mais à 9 euros la place (dois-je rappeler que tous les tarifs ont augmenté ?) et 200 euros l'abo, la moindre des choses serait de pouvoir voir les films dans des conditions décentes, non ?

Je pose sérieusement la question.

(PS: croyez-le ou non, à la séance de 22h, en plus, le... comment dirais-je... hum... "projectionniste"..., ce grand artiste du flou, a réussi à nous rejouer la même cascade qu'hier à la même heure: le début de film en ombres chinoises...
Vous êtes sûrs que vous en êtes à la 30ème édition, les gars ? Parce que là, à vue de nez, on dirait à tout casser la troisième et encore... organisée par les scouts de la paroisse Sainte-Rita).

Allez, trève de médisance (hum): les films. Enfin... Ceux qu'on a pu voir.

7. "Un Jour de Chance" (La Chispa de la Vida) d'Alex de la Iglesia (S).
Un publicitaire au chômage se retrouve suite à un accident coincé au milieu d'un théatre antique avec une barre de fer plantée dans la tête qu'il va être très compliqué de lui retirer.
Très vite, la presse s'empare de l'affaire et l'homme de pub repère directement le profit qu'il pourrait en retirer pour se refaire professionnellement et financièrement en monneyant l'exclusivité de son calvaire. En direct.
Déjà présent l'année dernière, le Gros Alex prouve que tourner beaucoup lui va bien au teint avec ce film qui n'avait rien à faire au Bifff (ce n'est ni un film fantastique, ni de la S.F. ni même un thriller) mais qui vaut néanmoins solidement le détour et qui, malgré un traitement plus sobre que d'habitude, ne détonne pas trop dans sa filmographie.
On a affaire ici à une tragi-comédie sur la société du spectacle dans tout ce qu'elle peut avoir de plus cynique et mercantile qui, sans atteindre non plus des sommets d'aigreur, égratigne pas mal de monde au passage.
C'est enlevé, bien tenu, bien réalisé (ça ne doit pas avoir été toujours facile à mettre en place, mine de rien), drôle et finalement assez pertinent.
Et allez: même un peu émouvant (sur la fin).
Que demander de plus ?
Salma Hayek ?
Et puis quoi encore ?

Cote: ***

8. "The Woman" de Lucky McKee (USA).
Un père de famille ultra-rigide et directif découvre au détour d'une partie de chasse une sorte de "femme des bois" vivant dans une grotte au milieu de la forêt. Il la capture, l'enferme dans une cave et, avec l'aide plus ou moins consentante de sa famille, entreprend de la "civiliser".
Mes amis, mes frères, je vous le dis, je vous l'annonce: voici venir la première vraie grande claque de ce Bifff 2012 !
Un film tripal, malsain et anxiogène qui se balade quelque part aux confins des premiers films de Philip Ridley, des romans de Cormac McCarthy et des albums de Grinderman.
C'est incroyablement chargé d'un point de vue métaphorique, ça en dit énormément sans avoir l'air d'y toucher (le film est en grande partie basé sur les non-dits). Ca se construit en crescendo d'une manière quasiment incroyable, n'hésitant pas à prendre son temps et à multiplier les digressions apparement inutiles, voire les longueurs.
Ca joue brillament sur le rythme, sur la respiration même... pour finalement aboutir à un climax ultra court mais d'une barbarie inouïe qui remet en perspective tout ce que l'on a vu précédemment.
C'est gore, c'est crade, c'est très chargé sexuellement.
C'est également très, très bien réalisé et interprété - entre autres par Pollyanna McIntosh (une sorte de Milla Jovovich des sous-bois boueux).
Et c'est vraiment pas loin d'être du Grand Cinéma.
Vraiment pas loin du tout.

Cote: ****

Ce soir: "Mr. & Mrs. Incredible", "The Whistleblower" et "Kotoko".
Demain: "Carré Blanc" et "Tormented".

5 commentaires:

Ferdinand a dit…

C'est vraiment dommage tout ce dégueulis de commentaires médisants, si tu savais comment ils se cassent le cul depuis des mois pour donner le maximum d'eux-mêmes pour ce festival... Le jour où ils arrivent à tout anticiper sans aucune catastrophe de dernière minute, qu'on leur accorde un budget illimité pour faire venir tout le monde à leurs frais, tu peux être sûr qu'on ne manquera pas de te prévenir. A part ça, les places du BIFFF restent moins chères qu'une place de cinéma à l'UGC, l'ambiance dans la salle en plus. Je comprends ton désarroi et ta colère, et tu as le droit d'avoir ton avis sur le déroulement du festival. J'ai, cependant, tout autant le droit d'avoir le mien, et je suis peinée et courroucée de constater cet amas de négativité. Bien à toi.

e a dit…

Thank you for your post. It was indeed a sad night for me. Shit happened and I was the unlucky one.

nounet a dit…

Rien vu de toute cette gaudriole tragicocasse de début de soirée, mais The Woman, mâtin, quel film, en effet!!

De la bonne grosse claque dans la gueule qui laisse des marques rouge sang longtemps.

Cartman a dit…

Eh, Yam ! Thanks for coming ! Hope to see your film one day or another.

The Echo was great, anyway !

Cartman a dit…

Et sinon, "The Woman", meilleur film vu jusqu'ici, haut la main (peau de lapin) !