vendredi 30 mai 2008



Pourquoi je ne suis pas allé voir...

(ou "toi aussi fais ton Finkielkraut et parle de films que tu n'as même pas vus")

V. "John Rambo"; de Sylvester Stallone (USA); avec Sylvester Stallone, Julie Benz, Paul Schulze...

On m'a tellement bassiné avec ce brol... "Quand est-ce que tu vas le voir?", "Tu l'as pas encore vu?", etc.

Alors, aujourd'hui enfin; toute la lumière, toute la vérité... Pourquoi Diable? Pourquoi? Mais pourquoi???

1. Parce que, veuillez pardonner mon langage, mais j'encule* certaines personnes et je ne vous dirais pas qui, elles se reconnaitront...

2. Et puis c'est tout!

Est-ce que je le louerai quand il sortira en DVD?

Assez étonnament au vu du commentaire bassement trivial et private-jokesque ci-dessus, probablement, oui...

Prochainement: Y a pas de prochainement... Du moins pour le moment.



* Eh oui!



Une femme sous influence...

"Julia" d'Erick Zonca (F/USA); avec Tilda Swinton, Saul Rubinek; Kate del Castillo, Jude Ciccolella, Camille Nata, Eugene Byrd...

Julia, déjantée, grande gueule, limite nympho et franchement alcoolique perd son emploi et commence aussi très légèrement à perdre pied... Embringuée par sa voisine dans une affaire particulièrement tirée par les cheveux, elle en arrive à kidnapper un gamin de huit ans et à fuir avec lui, direction le Mexique...

S'il y a une ombre qui plane au-dessus de "Julia", c'est bien évisdemment celle du grand Cassavetes.
John, bien entendu, pas son pénible rejeton qui ne semble pas encore avoir résolu son complexe d'Oedipe...

Dès la scène d'ouverture, on pense aux personnages féminins borderlines du cinéaste et on sait que l'on va s'embarquer dans un voyage pour le moins singulier, en compagnie d'une femme que l'on va probablement aimer et haïr tour à tour.

Mais si le personnage de Julia, présente dans quasi tous les plans, est bien entendu le pivot du film, il n'en est pas moins au service d'un Grand Oeuvre tel qu'imaginé par Zonca (réalisateur assez borderline lui-même, du moins à ce qu'il parait...): à savoir réaliser pas moins de trois films en un!

Car, si "Julia" est avant tout un grand et magnifique portrait de femme, offrant au passage à Tilda Swinton ce qui doit sans doute être considéré comme le rôle d'une vie, ce n'en est pas moins non plus un film noir - un "film de gangsters" pourrait-on presque dire - dont certains passages ne sont pas piqués des hannetons ainsi qu'une sorte de road-movie onirique et orgiaque célébrant la beauté austère des paysages du sud américain (on pense parfois à "Twentynine Palms", de Dumont, tant pour le décor que pour l'ambiance).

Et c'est peut-être là aussi que le bât blesse car, en voulant en faire trop, Zonca prend le risque, avec ce film très (trop?) long, de perdre le spectateur en cours de route.
En faisant trainer ses scènes, en n'hésitant pas à multiplier les scènes de dialogue et en prenant sans cesse ce qui ressemble à s'y méprendre à des chemins de traverse, il gonfle un peu inutilement son film, lequel, de par son sujet, aurait pourtant mérité un traitement un tant soit plus "dégraissé".
Quelque chose d'un peu plus proche de l'os...

Pour faire bref: le début et la fin du film sont formidables (et quelle réplique finale, encore une fois) mais le mileu, plus ou moins à partir du kidnapping proprement dit, accuse malheureusement un petit coup de mou et sombre peut-être trop facilement dans la redondance inutile.
Qui plus est, avouons-le, le gamin qui joue le kidnappé n'est pas très bon, avec ses sempiternels yeux en bille de Lotto, surtout face à une voleuse de scène telle que celle à qui il doit donner la réplique.
Tout cela n'arrange rien à l'affaire, évidemment...

Reste que Julia est un véritable personnage de cinéma, écorché, splendide, plein de failles et de gouaille, interpreté avec une rage sourde et tendue par une Tilda Swinton impressionante, carrément digne de tous les Oscars du monde...

C'est elle, son interprétation et le côté presque miraculeusement bancal de son histoire, telle que filmée par Erick Zonca, véritable "auteur" s'il en est, qui font de "Julia" un film unique autant que singulier.

Sans complaisance, ni voyeurisme... un spectacle assez tripal...


Cote: ***


mardi 27 mai 2008


Nos plus belles années...

Ah la la! Y a pas à dire, ça commence à sentir le sapin...

Ce n'est que logique mais ça fout quand même les boules, allez: les représentants de l'Age d'Or du cinéma américain (le seul, le vrai, celui des années 70, faut-il encore vous le rappeler?) commencent à avoir l'âge de leurs artères et, les uns après les autres, se mettent tout doucement à passer l'arme à gauche...

Dix ans déjà que Pakula nous a quitté, certes, mais là ça s'accelère...
Après Stuart Rosenberg et, côté acteurs, l'immense Roy Scheider (shame on me de ne pas avoir fait de billet à l'occasion de sa mort, d'ailleurs) voici donc que ce bon Sydney-le-Polonais casse à son tour sa pipe (je vous en prie).

Certes, le gaillard aura réalisé une palanquée de films de la main gauche, surtout dans ses dernières années ("L'Interprète", "L'Ombre d'un Soupçon", "Sabrina", bref, tout depuis "La Firme", en gros...) mais peut-on pour autant oublier son western naturaliste ("Jeremiah Johnson"), ses thrillers paranoïaques ("Les Trois Jours du Condor", ...) ou même son étude de l'éthique en matière de journalisme ("Absence de Malice", pourtant interprété par la pire actrice au monde, à savoir Sally Field)?...

Oublions donc le baveux "Out of Africa", pour ne retenir de lui que l'essentiel: que c'était l'un des rares réalisateurs de cette époque à avoir maitrisé à peu près tous les genres, qu'il était en plus un acteur attachant...

...Et qu'il avait réalisé "On Achève Bien les Chevaux", Nom de Tcheu!

lundi 26 mai 2008


Pendant ce temps-là, sur la Croisette...

Fini et bien fini, donc, ce 61ème Festival de Cannes...

Festival qui se termine sur un palmarès quelque peu étonnant bien que tout à fait cohérent par rapport à la "note d'intention" délivrée par son président en début de quinzaine, à savoir primer des films à fort contenu "politique et/ou social".

Un peu comme d'hab' ces dernières années, donc, avec un festival qui, depuis Mai 68 (et peut-être encore plus particulièrement en cette année anniversaire) semble mettre un point d'honneur à se faire le miroir de la société dans laquelle nous vivons. Ce qui donne une certaine dichotomie à la manifestation, il faut bien le dire: strass et glamour sur la Croisette et sur les marches, austérité pour ce qui est des films et des prix qui leur sont attribués.

Qu'on en juge plutôt: école en difficulté ("Entre les Murs", Palme d'Or), influence de la Mafia ("Gomorra", Grand Prix), famille dysfonctionnelle ("Les Trois Singes", Prix de la Réalisation), portrait d'une icône révolutionnaire ("Che" de Steven Soderbergh qui vaut à Benicio Del Toro le Prix d'Interprétation Masculine au nez et à la barbe du pourtant favori Tony Servillo) ou d'un politicien véreux ("Il Divo" avec ledit Toni Servillo justement, Prix Spécial du Jury), pauvreté ("Linha de Passe" de Walter Salles et Daniella Thomas, Prix d'Interprétation Féminine pour Sandra Corveloni, alors que là on attendait Martina Gusman), mariages arrangés ("Le Silence de Lorna" des incontournables et toujours primesautiers frères Dardenne, Prix du Scénario)...

Même la Caméra d'Or n'est pas en reste avec "Hunger", un film sur Bobby Sands! (réalisé par un certain... Steve McQueen!)

Mais, en dehors de la surprise "Entre les Murs" qui vaut à la France sa première Palme depuis le scandale provoqué par "Sous le Soleil de Satan" en 1987, rien que de très attendu, finalement...

Ne serait-ce aussi l'abence au palmarès du documentaire d'animation (vous avez bien lu) "Valse avec Bachir" de l'israélien Ari Folman.

En fin de compte, une seule et unique chose vraiment positive émerge de cette 61ème édition du festival cannois: même s'ils ont quand même été récompensés, on évite une nouvelle Palme pour le duo d'humoristes le plus branché de la Principauté...

Et ça, franchement, après la quasi canonisation de Justine Hénin, eh ben ça nous fait des vacances...



PS: un jeu, en passant: que Diable peut bien foutre Dennis Hopper sur la photo ci-dessus?

mardi 20 mai 2008



Tony Stark rules!

"Iron Man" de Jon Favreau (USA); avec Robert Downey Jr., Gwyneth Paltrow, Jeff Bridges, Terrence Howard, Clark Gregg, Jon Favreau...

Capturé en Afghanistan, le marchand d'armes, inventeur et playboy milliardaire Tony Stark est contraint par ses ravisseurs de construire une arme révolutionnaire. Il construit en fait une armure high-tech dont il se sert pour s'évader. De retour au pays, ses convictions de va-t-en-guerre passablement bousculées par sa récente mésaventure, il décide d'améliorer son invention. Pour combattre l'injustice. Et protéger les innocents...

Yayayayayayayaya!!!!

Les films de super-héros, je l'ai déjà dit et répété, je kiffe à donf!

Et dans la galaxie Marvel (jamais trop été fan de DC Comics, à part Batman), Iron Man est un de mes préférés (juste après Spider-man et un cran au-dessus de Daredevil).
Voilà donc un film qui semble avoir été fait pour moi.
Et effectivement, je ne suis pas déçu.

Bon, évidemment il faut savoir ce qu'on va voir et prendre le film pour ce qu'il est, à savoir un bon gros blockbuster amériki, du pur divertissement connemment fun, du "cinéma de milliardaire" comme dirait Libé.
Et dans tous les sens du terme.

Paradoxalement, le personnage de Tony Stark est quelque part déjà un super-héros, même avant de devenir Iron Man: inventeur de génie capable de mettre n'importe quelle chose au point en un tournemain, marchand d'arme multimillionnaire, playboy à qui rien ni personne ne résiste.
Du coup, lorsqu'il devient justicier, c'est à peine si sa vie s'en trouve changée.

Malheureusement ce sous-texte est à peine effleuré (idem d'ailleurs pour l'alcoolisme du personnage, pourtant l'un de ses principaux traits de caractère dans le comic). Et c'est bien dommage...

D'un point de vue plus largement "géopolitique", actualité et époque obligent, les méchants russkoffs ont été remplacés par de tout aussi méchants afghans, ce qui rend l'ensemble quelque peu ambigu... Du moins si on y regarde d'un peu plus près. Mais le film fait tout pour que ce ne soit pas le cas...

Bref, on l'aura compris, cet Iron Man ne brille par l'épaisseur de son fond.
Ni d'ailleurs par l'originalité de la mise en scène d'un Jon Favreau fadasse, un peu trop au service de son personnage...

Mais alors que reste-t-il, me direz-vous?

Eh bien, avant toute chose, il reste Robert Downey Jr., bien entendu!

Celui que ses multiples déboires personnels (alcool, drogues et autres démélés divers avec la justice) semblaient désigner d'office pour incarner ce héros sans doute encore un petit peu plus schizophrène que les autres avance en mode cabotinage permanent et ce pour notre plus grand plaisir! Si, si...

L'oeillade torve, un petit sourire cynique perpétuellement au coin des lèvres, la vanne facile et le verbe haut, Big Bob traverse le film avec une nonchalance magnifique et une morve du même métal, éclipsant tout et tout le monde sur son passage (à part peut-être Gwyneth Paltrow, moins fadasse qu'on pourrait le croire en Pepper Potts pas si secrètement amoureuse de son patron que ça).

C'est bien simple, même le pourtant toujours impressionant Jeff Bridges, en méchant chauve barbichu, ne fait pas le poids face à tant de brillant je-m'en-foutisme bling-bling badaboum... Total pose et total respect...

Et pour le reste? Faisons confiance en Iron Man lui-même, tant qu'à faire...

Dans le genre photogénique, avec sa carrosserie rouge et or, le héros de métal se pose un peu là, lui aussi, c'est le moins que l'on puisse dire...
Impressionnant, charismatique (et même tout simplement beau) en plus d'être servi par des effets spéciaux particulièrement décoiffants, cet Iron Man achève de tirer le film vers la zone du divertissement haut de gamme, du film d'avantures ultra-dynamique.
Et drôle, à la fois...

De ceux dont on attendra la suite avec impatience?

Allez, oui, sans doute...


Cote: **


mardi 13 mai 2008


Zombies, Blair Witch et paëlla...

"[REC]" de Jaume Balaguero et Paco Plaza (S); avec Manuela Velasco, Ferran Terraza, Jorge Yamam, Carlos Lasarte, Pablo Rosso, David Vert...

Angela et son caméraman suivent le quotidien d'une équipe de pompiers de nuit pour le compte d'une petite chaine de télévision locale. Lorsque les hommes du feu sont appellés à la rescousse dans un immeuble proche, le tandem se dit que son reportage va peut-être enfin s'éloigner de la routine. Il ne se rend pas encore compte à quel point...

D'abord deux choses: premièrement, y en a marre de cette mode de la caméra portée! La gerbe, Nom de tcheu, la gerbe!
Deuxièmement, Balaguero et Plaza ont beau s'en défendre, difficile de ne pas faire le rapport entre leur film et le "Diary of the Dead" de Romero.
Et aussi avec "Blair Witch", bien entendu.
Et quelques autres encore, on y reviendra...

Evacuons aussi d'entrée de jeu une autre pierre d'achoppement: l'intervention trop rapide de la police qui place l'immeuble en quarantaine au bout de même pas cinq minutes.
On ne va pas se perdre en explications qui laisseraient de marbre ceux qui n'ont pas encore vu le film mais disont que, s'il l'ont admet que la police agit non pas en réaction aux événements vécus par les pompiers mais bien parce qu'elle a été prévenue par un autre biais (on n'en dira pas plus pour ne rien dévoiler), c'est plausible.
Tiré par les cheveux, mais plausible...

Ceci étant dit: et pour le reste, alors quoi?

Alors quoi?
Eh bien un petit film teigneux mais bâclé, relativement médiocre mais presque sauvé par une fin vraiment très réussie, elle...

Quels sont les problèmes?

La "réalisation" d'abord...

C'est très bien d'aller jusqu'au bout de son concept et de proposer un énième brol (ben oui) sur le thème du vrai/faux reportage mais ça ne devrait pas empêcher un certain travail de mise en scène et surtout de caméra.
Ici c'est tellement hystérique tout le temps - mais alors tout le temps, hein... - que ça en devient totalement illisible (surtout dans les scènes trash ou gores, ce qui est un comble). Et même très éprouvant physiquement.

OK, c'est compréhensible dans le contexte, tout comme l'hystérie collective qui frappe les comédiens (dans le même genre de situation, on le serait probablement aussi, hystérique, et pas qu'un peu) mais bon, quand même...
Romero dans son récent "Diary..." (on y revient) à prouvé qu'il y avait moyen de concilier les deux.
Ici, même dans les scènes calmes c'est filmé comme si on était en pleine tempête.
Pire: même au début, lors du reportage dans la caserne au cours duquel il ne se passe strictement rien, ça tangue à tout va. Je veux bien que ce sont des rushes, que c'est pas monté, etc. mais bon: un type qui filme comme ça, même en stage à Télé Vesdre il se fait virer en deux temps, trois mouvements... Pas déconner...

Ensuite, force est de reconnaitre que, dans la première et plus longue partie du film en tout cas (ce qui est relatif, l'une des qualités de la chose étant que ça ne dure guère plus longtemps qu'une heure et quinze minutes), il ne se passe rien ou alors pas grand'chose... Et le pas grand'chose est tellement bordélique et mal filmé qu'il ne nous sauve même pas de l'implacable ennui qui nous guête...

Heureusement, la dernière partie (en gros à partir de la scène dite "de l'enfant", spoiler in your face!) se stabilise un temps soit peu - oui, là aussi, cest relatif - et surtout s'emballe un peu du point de vue de l'action, ce qui donne lieu enfin à quelques scènes d'horreur crades pas trop mal torchées.

Et puis arrive la scène finale, celle qui sauve presque tout le film (ne serait-ce son point de chute, un peu trop réminiscent de "Blair Witch").
Avec un usage pour une fois intelligent de la "vision nocturne" (oui, comme à la fin du "Silence des Agneaux") et surtout l'intervention d'un très "beau" monstre, très "Rubber Johnny" (une fois de plus) on en arrive à la seule scène vraiment flippante de ce qui nous était pourtant présenté jusqu'ici comme "une pure bombe de terreur" (je me marre!)

Pas la grosse merde en tranche annoncée par certains, donc, mais pas non plus le bolide encensé par une certaine presse et un certain public.
Pas "L'Orphelinat", non, mais certainement pas un film qu'il fallait à ce point bombarder de prix dans une floppée de festivals (au Bifff et à Gérardmer, notamment...).
Et encore moins un film qui va "révolutionner" le genre. Franchement calmons-nous!

Moins effrayant qu'hystérique, "[REC]" est un film qui a paradoxalement le mérite, ou l'inconvénient, de poser la question qui met à mal son propre concept: avec vingt zombies aux trousses, vous continueriez à filmer, vous?


Cote: ** (pour la fin et pour l'actrice principale, mouarf!)


mercredi 7 mai 2008


Sombres froufrous...

"Deux Soeurs pour un Roi" (The Other Boleyn Girl) de Justin Chadwick (USA); avec Natalie Portman, Scarlett Johansson, Eric Bana, Kristin Scott Thomas, Mark Rylance, Juno Temple...

A la cour d'Angleterre, le bruit court que rien ne va plus entre le roi Henri VIII et son épouse, Catherine d'Aragon, incapable de lui donner un héritier mâle. Sur les conseils de son beau-frère le duc de Norfolk, l'ambitieux Sir Thomas Boleyn tente de faire séduire le souverain par sa fille aînée, Anne. Rien ne va plus le jour où le roi tombe amoureux de la cadette, Mary...

Voici donc un autre de ces beaux films historiques ultra-classiques tels que ceux auxquels américains et britanniques nous ont habitué au fil des années...

Et après le destin d'Elizabeth Ière - cfr. le diptyque de Shekhar Kapur - voici venir ceux de son père, de sa mère et de sa tante à travers ce sombre mélodrame en costumes, à la reconstitution élégante et aux intrigues suffisament prenantes, pleines d'assez de mélodrames, de magouilles et de rivalités pour attirer l'attention de l'amateur d'histoire mais fleurant quand même un tantinet trop les bons sentiments, voire la guimauve, pour que le film n'emporte totalement l'adhésion...

Mais quand même... Il ya aussi pas mal de trucs à sauver...

Car là où ces "Deux Soeurs..." s'éloignent quelque peu de l'académisme un chouïa kitschounet inhérent aux films du genre, c'est quand elles se transforment en pamphlet édifiant contre l'ambition dévorante et surtout en témoignage de la condition de la femme, des plus malmenée (et ce n'est rien de le dire) en ces temps finalement plus sombres qu'il n'y paraissent...

D'un côté on reste pétrifié devant les codes tacites et les traditions rigides qui permettent au roi de disposer de tout un chacun comme d'un vulgaire objet - surtout lorsque l'on en vient à parler de femmes - ainsi que devant les hallucinants caprices de cette espèce d'abominable enfant gâté, qui prend et qui jette comme si tout cela n'était qu'un jeu.
De l'autre on est presque tout autant ébahi face à l'ambition démesurée et l'invraisemblabe absence de scrupules dont fait preuve Anne Boleyn pour arriver à ses fins...
Quitte à finalement précipiter sa propre perte...

En cela, le film a de réjouissants (c'est une image) accents de tragédie shakespearienne, avec tout ce que cela suppose également de suspense et de rebondissements...

Dommage néanmoins que Justin Chadwick n'ait pas osé aller vraiment jusqu'au bout de son sujet et aie préfère se laisser aller aux sirènes de la reconstitution hollywoodienne et du drame lacrymal...

D'un point de vue plus strictement "historique", même si le film se permet visiblement quelques libertés, on est aussi content de découvrir cette "autre soeur Boleyn" forcément quelque peu passée à la trappe face au destin tragique de son aînée...

Mais tout cela ne serait rien, bien évidemment sans la performance des deux interprètes principales: Natalie Portman, vraiment très, très en forme bien qu'aidée par un rôle forcément assez expansif et Scarlett Johannson, qui fait finalement plus que lui tenir tête alors que, au contraire, elle ne partait pas gagnante, handicapée qu'elle était par un personnage plus en retrait, subissant plus qu'il n'agit...

Du côté des seconds rôles, à l'exception notable de Kristin Scott Thomas impeccable en mêre courage, il n'y a par contre pas grand'chose à signaler, Eric Bana paraissant même bien falot dans le rôle de l'Ogre Henri VIII...

Sorte de beau livre d'images doublé d'une leçon d'histoire malheureusement un peu platement mise en scène, "Deux Soeurs pour un Roi" s'en sort finalement quasiment avec les honneurs grâce à son côté "suspense historique" bien mené et surtout à la finesse de ses interprêtes féminines.

Luxueux, amusant, mais somme toute assez superficiel...

Et un peu trop inoffensif.


Cote: **

lundi 5 mai 2008

Heroes and Icons...



(Charles Denner - 1926/1995)


Purée de pois...

"The Mist" de Frank Darabont (USA); avec Thomas Jane, Laurie Holden, Toby Jones, Marcia Gay Harden, Andre Braugher, Frances Sternhagen...

Après une tempête, une mystérieuse brume envahit une petite ville de la Nouvelle-Angleterre. Réfugiés dans le supermarché local avec d'autres habitants tout aussi terrorisés, David Drayton et son jeune fils Billy tentent tant bien que mal de s'organiser, d'autant qu'il semble de plus en plus évident que le brouillard est peuplé de bien inquiétantes créatures...

Autant prévenir tout de suite, la fin de ce film est probablement la plus hardcore qu'il ait été donné de voir, du moins pour un film de genre, depuis... euh...
Et depuis quand, d'abord?

Et c'est cette fin, déséspérante et désespérée, d'un nihilisme sidérant, qui achève de transformer une série B d'honorable facture en une vraie réussite du genre.

Car pour le reste qu'avons nous ici (à part la 1409ème adaptation d'une nouvelle ou d'un roman de Stephen King)?

Avant tout un film honnête, qui assume jusqu'au bout son statut de "film de monstres", de série B à priori sans envergure, mais qui le fait avec une crânerie presque effrontée et un jusqu'au boutisme réjouissant.

Bien sûr, Frank Darabont (quatre films au compteur sur lesquels trois adaptations du King), excellent script-doctor mais metteur en scène classique et , pour tout dire, rarement inspiré semble s'être plus attaché à son scénar et à ses personnages qu'à sa mise en scène ou même qu'à ses effets spéciaux.

Mais c'est là que ça marche, justement, car ce qui fait avant-tout l'intérêt du film (en plus des bêbêtes, oui, ne nous racontons quand même pas de salades) c'est justement le portrait de groupe très intense qu'il réussi à brosser, montrant d'ailleurs au passage qu'il a réussi à cerner les propos du romancier beaucoup mieux que pas mal de ses précédents adaptateurs...

Il parvient même presque, en jouant subtilement sur la peur de l'inconnu, la folie et la faiblesse humaine ou encore la claustrophobie, à dépasser l'oeuvre dont il s'inspire, tout en livrant un portrait au vitriol du puritanisme américain (représentée par une sidérante Marcia Gay Harden, parfaite en bigote se transformant en leader d'une secte d'illuminés criminels) égratignant au passage l'armée et livrant surtout une réflexion étonnante sur le repli sur soi potentiellement mortifère de l'Amérique d'aujourd'hui.

Mais tout n'est pas que sous-texte et il faut bien entendu reconnaitre aussi que "The Mist" a ses faiblesses.
Voire ses limites...

La réalisation est un peu plan-plan, trainant parfois le film du côté du téléfilm ou du direct-to-video (et ce n'est pas l'utilisation cliché de la caméra portée, censée donner au film plus de réalisme qui y change quoi que ce soit).
Le script est parfois un peu redondant et surtout, les effets spéciaux sont probablement les plus approximatifs que l'on n'aie vus depuis longtemps (les bestioles - Ah ah! Les gros moustiques! Mouarf! Les araignées poilues! - sont souvent plus ridicules qu'effrayantes, il faut bien le dire...)

Mais Darabont finit quand même par emporter le morceau avec cette oeuvrette aux résonnances eighties des plus bienvenues, efficace à défaut d'être réellement terrifiante.

Et avec un twist final dont on parlera encore longtemps, croyez-moi!


Cote: ***