mercredi 28 février 2007



De belles dames indignes...

"Chronique d'un Scandale" (Notes on a Scandal); de Richard Eyre (UK). Avec Judi Dench, Cate Blanchett, Bill Nighy, Michael Maloney, Philip Davis...

Barbara Covett est une enseignante proche de la retraite.
Acariatre et revêche, crainte par ses élèves et peu prisée de ses collègues elle n'a pour meubler sa solitude que son travail et son vieux chat.
Lorsqu'arrive au collège Sheba Hart, jeune et belle professeur d'art d'origine bourgeoise, la vie de Barbara semble basculer: elle s'est enfin trouvé ce qui ressemble pour elle à l'amie idéale.
Las, la liaison de Sheba avec l'un de ses jeunes élèves va rapidement mettre en péril la relation entre les deux femmes...

Wé mais wé mais non, hein!

Lorsque j'avais publié mon Top 2006 sur l'autre blog, j'avais souligné la pauvreté cinématographique de l'année écoulée tout en prophétisant un grand cru pour celle-ci.

Je ne croyais pas si bien dire...

En particulier ces derniers temps ou les excellents films semblent se bousculer au portillon ("La Môme", "Inland Empire", "Le Dernier Roi d'Ecosse", "Lettres d'Iwo Jima") et maintenant cette "Chronique..."!

C'est bien simple, depuis le début de l'année, sur les onze films que j'ai vu en salle seul un (l'innommable "Truands" qui ne vaut même pas le papier avec lequel on se torche après l'avoir chié) est vraiment à balancer à la poubelle et deux autres à peine sont à considérer comme "dispensables".

Du coup ce blog ne ressemble plus à un blog de "critique cinématographique" (bien que ça n'aie jamais été réellement sa prétention) mais à une sorte de Monde des Ciné-Bisounours ou tout est beau, tout est joli...

Mais bon, on va pas dire du mal pour le plaisir d'équilibrer, hein...

Donc, "Chronique d'un Scandale"...

Dire que j'ai failli ne pas aller voir ce film! Mal m'en aurait pris!

Car sous ses faux-airs de comédie cynique so british à l'ambigu dramatique, le film de Richard Eyre (metteur en scène de théatre et de télé dont peu d'oeuvres cinématographiques sont parvenues jusqu'à nous) vous attrape sans en avoir l'air pour ne plus vous lâcher jusqu'à son - malheureusment trop abrupt - dénouement.

Jouant magnifiquement sur les non-dits et les inhibitions inhérents à la société britannique, il se révèle en fait un drame sombre et bouleversant - bien que traversé par les traits d'un humour salutaire - brassant des thèmes allant de la solitude au harcèlement en passant par l'adultère et la lutte des classes.
Rien de moins!

Filmé de manière un brin académique bien que réussissant à éviter le piège du théatre filmé (le script est très littéraire), "Chronique..." outre son intrigue proprement dite qui aborde quand même de manière extrèmement frontale un problème à la limite du tabou (puisqu'à la limite de la pédophilie), vaut bien entendu essentiellement pour deux choses...

Ses dialogues, d'abord (en ce surtout la voix-off de Barbara qui retranscrit toute l'histoire dans son journal intime. D'ou le titre. Surtout l'original.)
Des dialogues qui, comme dans tout bon film britannique qui se respecte, en disent plus long et surout de manière éminemment plus subtile que les images elles-mêmes.

L'interprétation ensuite...

Car là aussi, il faut se dire qu'on est en présence de comédiens britanniques (à l'exception de Blanchett qui est australienne mais tellement formidable qu'il lui sera beaucoup pardonné) donc en quelque sorte d'espèces de Rolls Royce de la comédie!

Et effectivement, ils sont tous formidables, du premier au dernier.

Cate Blanchett d'abord, qui balance un numéro invraisemblable!
De la naïveté bêtasse de la bobo flattée d'être draguée par un éphèbe à peine pubère (mais qui en fait la manipule assez cyniquement) jusqu'à l'hystérie de la furie vengeresse en passant par l'hébétude de la victime décontenancée, la finesse et la classe avec lesquelles elle fait évoluer son personnage ont de quoi laisser pantois.

Bill Nighy ensuite, très sobre et pourtant terriblement émouvant dans le rôle du mari vieillissant qui voit soudain le monde s'effondrer autour de lui et fait de son mieux pour rester digne au milieu de la tempête.

Et Judi Dench , enfin, qui emporte le morceau avec sa composition de vieille dame foide et solitaire qui s'éveille à la vie au contact d'une plus jeune et qui, une fois qu'elle s'estime trahie, se venge de la manière la plus affreuse possible, quitte à révéler sur elle-même des choses peu reluisantes et bien plus troubles que l'on ne l'imagine...

Lorsqu'on la voit s'acharner à détruire la vie d'une femme alors qu'elle vient de pleurer toutes les larmes de son corps sur la mort de son chat on ne peut que rester pétrifié, sans voix, partagé que l'on est entre un véritable effroi et une empathie sans borne pour cette "pauvre vieille" que la solitude à amenée au bord de la folie.

Tant de subtilité rassemblée au service d'un film d'apparence si classique donne à réfléchir quant à la vitalité d'un certain cinéma britannique, qui n'est jamais si bon que quand il colle au quotidien de gens ordinaires, même si ce quotidien est bousculé par des événements à la fois si simples et si complexes. Et surtout si dramatiques...

Le seul - petit - bémol que l'on pourra apporter est le côté un peu court du film qui fait que, comme écrit plus haut, sa conclusion arrive de manière un peu abrupte et nous laisse quelque peu sur notre faim.

Mais franchement, c'est peu de choses face à tant d'excellence!


Côte: ***

lundi 26 février 2007



And the Winner is...

Alors voilà, c'est l'heure des bilans et des résultats du Petit Jeu des Pronostics (ci-dessous, genre deux posts plus bas) auquel je m'étais livré à propos des Oscars et des Césars.

Donc, pour faire court, les résultats sont les suivants:

-Oscars:

Film: "Les Infiltrés" (M. Scorsese). Réalisateur: Martin Scorsese. Acteur: Forest Whitaker ("Le Dernier Roi d'Ecosse"). Actrice: Helen Mirren ("The Queen"). Second Rôle Masculin: Alan Arkin ("Little Miss Sunshine"). Second Rôle Féminin: Jennifer Hudson ("Dreamgirls"). Film Etranger: "La Vie des Autres" (F. Henckel von Donnermarck/Allemagne).

-Césars:

Film: "Lady Chatterley" (P. Ferran). Réalisateur: Guillaume Canet ("Ne le Dis à Personne"). Acteur: François Cluzet ("Ne le Dis à Personne"). Actrice: Marina Hands ("Lady Chatterley"). Second Rôle Masculin: Kad Merad ("Je vais bien, ne t'en fais pas"). Second Rôle Féminin: Valérie Lemercier ("Fauteuils d'Orchestre"). Première Oeuvre: "Je vous trouve très beau" (I. Mergault). Espoir Masculin: Malik Zidi ("Les Amitiés Maléfiques"). Espoir Féminin: Mélanie Laurent ("Je vais bien, ne t'en fais pas"). Film Etranger: "Little Miss Sunshine" (J. Dayton & V. Farris/Etats-Unis).

Voilà!

Alors, à ce fameux jeu des prévisions on constate (comparez avec le post plus bas, hein, on va pas tout republier) que je reste dans ma moyenne ridicule: 4 sur 7 pour les Oscars et 4 sur 10 pour les Césars.
Enfin... 4 sur 7 pour les Oscars, ça va encore, finalement.
C'est un poil plus que la moitié...

Pour le reste, quels commentaires faire par rapport à ces éditions 2007 (si tant est qu'on en aie quelque chose à battre, mais bon, moi, ça m'amuse)?

Pour les Oscars:

D'abord que je suis bien content qu'on aie enfin récompensé l'une de mes idôles (même si c'est un mot que je n'aime pas trop) Martin Scorsese, si longtemps boudé par l'Académie.
Et ce, même si à mon sens ce n'est peut-être pas spécifiquement pour ce film-là (que j'adore, hein, c'est pas la question. Retournez voir mon Top 2006 sur l'autre blog si vous ne me croyez pas) qu'il aurait du l'être.

Ensuite, que je suis également ravi des récompenses remises à Helen Mirren et Forest Whitaker dont les performances - respectivement dans "The Queen" et "Le Dernier Roi d'Ecosse" - m'ont effectivement pour le moins estomaqué.

Très content aussi des trois Oscars techniques remportés par "Le Labyrinthe de Pan"!

Pour les Césars:

Que comme à peu près tout le monde je suis surpris par la rafle effectuée par "Lady Chatterley". Mais que Marina Hands fait une fort belle lauréate, ma foi...

Que je suis très content du bon score effectué par mon chouchou "Ne le Dis à Personne" (même si Canet "Meilleur Réalisateur" ça me semble un tantinet exagéré).
En particulier du César du Meilleur Acteur remporté par l'excellent François Cluzet . Qui comme Scorsese aurait du être récompensé depuis longtemps, d'ailleurs...

Et que Mélanie Laurent, décidément... Ben il en a du bol, Julien Boisselier! (c'était la séquence "people").

Pour terminer, c'est vraiment ultra-subjectif puisque je n'ai même pas vu le film et que si ça se trouve il est très bon, mais "Je vous trouve très beau" d'Isabelle Mergault (la chroniqueuse qui zézaie chez Ruquier) Meilleure Première Oeuvre, je trouve ça... Enfin, ça me laisse disons... dubitatif...

Tout comme d'ailleurs l'Oscar du Second Rôle Féminin à Jennifer Hudson, issue d' "American Idol" (la Star Ac' américaine).
Enfin, faut dire aussi que la concurrence n'était pas très sévère dans cette catégorie là...

Mais bon, cette espèce de "people-isation" permanente (même si, pour les Césars, "Lady Chatteley" à tendance à tirer le palmarès plutôt dans le sens inverse), ça m'agace un peu...

Mais voilà, tout cela n'est bien sûr que futilité, strass et paillettes et cela n'a, finalement, aucune importance...

Du coup: vivement l'année prochaine, tiens!


(PS: Rinko Kikuchi n'ayant pas gagné l'Oscar, pas de drache cette semaine! Sauf pour l'anniv' de dav, évidemment!).

vendredi 23 février 2007



Mémos de nos pères!

"Lettres d'Iwo Jima" (Letters from Iwo Jima); de Clint Eastwood (USA). Avec Ken Watanabe, Kazunari Ninomiya, Shido Nakamura, Tsuyoshi Ihara, Ryo Kase, ...

Après "Mémoires de nos Pères", la bataille d'Iwo Jima vue cette fois du point de vue de l'armée japonaise...

C'est vraiment très étrange...
Alors que les Japonais sont réputés pour leur froideur, leur rigueur, leur sens de l'honneur et du sacrifice, ce film, entièrement interprété par des acteurs nippons et tout entier axé sur la vision japonaise de la bataille, est paradoxalement beaucoup moins froid que son prédécésseur (et "miroir").

Beaucoup moins lourd, redondant et démonstratif aussi.

Le premier volet s'attardait beaucoup sur les retombées d'Iwo Jima en relatant l'histoire de la "fameuse" photo.
De ce fait, il posait surtout des questions sur les notions de propagande et d'héroïsme... La bataille n'y était finalement évoquée que sous forme de flash-backs.

"Iwo Jima" prend exactement le parti inverse.
Restant collé quasiment d'un bout à l'autre à la bataille et ne faisant que quelques rares flash-backs au travers des fameuses lettres (visiblement retrouvées en 2005 sur les lieux) écrites par les soldats à leurs proches mais jamais envoyées.

Le temps d'exposition - arrivée sur l'île du nouveau général, attente de l'arrivée de l'ennemi - est un peu longuet mais une fois les hostilités entamées, le film s'enflamme et décolle réellement, multipliant les moments forts, aussi bien visuellement (les scènes de combats sont parmi les plus impressionnantes depuis "...le Soldat Ryan") qu'humainement, voire même culturellement.

Car le moindre mérite du film n'est certainement pas de nous confronter à une forme de civilisation à la fois si proche et tellement éloignée de la nôtre.
Voir ces hommes pousser la logique absurde de leur sens de l'honneur jusqu'a préférer se suicider collectivemment plutôt que de fuir ou de se rendre (incroyable scène des grenades, sans doute l'uns des moments les plus forts du film) est une expérience réellemment saisissante.

A l'inverse, l'humanité étonnante montrée par certains d'entre eux face à ce véritable mur de psychorigidité bouleverse elle aussi au plus haut point.
Il en va ainsi du général Kuribayashi (interprété par le décidément très solide Ken Watanabe), écartelé entre une tradition qu'on dirait héritée directement du temps des samouraïs et un véritable désir d'épargner ses hommes.
Ou encore du baron Nishi, ancien champion olympique de jumping qui fraternise avec un jeune Marine mourant ou verse une larme sur le sort de son cheval, victime du bombardement ennemi.

Et c'est là que se situe la force et l'intérêt du film: dans ces portraits d'hommes comme les autres qui se voient soudainement confrontés à des situations inhumaines qui, forcément, les dépassent.

Qu'on y voie en plus un message du type "la guerre c'est mal, quel que soit le camp" me semble par contre relever de la plus simple évidence.
Cela n'enlève cependant pas à Eastwood le mérite d'avoir eu le courage et l'intelligence de monter un film à ce point éloigné des canons occidentaux habituels.
En montrant, pour une fois, de manière simple et humaine ceux qui sont généralement désignés comme les traditionnels "méchants" (même si cela n'enlève rien aux atrocités commises. Ou à l'horreur du régime qu'ils servaient. Qu'on ne m'accuse pas de révisionnisme, non plus).
Une oeuvre habitée, malgré le fracas qui la traverse, d'une sorte de "zenitude" tout à fait particulière.

Saluons aussi la recherche historique et le fait que l'on nous dévoile de manière assez inédite l'étonnante tactique des japonais qui consistait à truffer le sous-sol de l'île d'un véritable gruyère de galeries, bunkers, tunnels et diverses caches, lequel leur permit justement de tenir tête aux américains pourtant mieux armés et nettemment supérieurs en nombre.

C'est d'ailleurs l'un des tours de force techniques du film que de réussir une photo aussi belle et subtile alors que l'essentiel de l'action se situe dans ces souterrains...

Au final, là ou "Mémoires de nos Pères" nous laissait sur le carreau par excès de froideur et de didactisme, "Lettres d'Iwo Jima" nous entraine au plus près d'une réalité forte et émouvante et nous fait partager le quotidien de ces hommes jusqu'a nous sentir proche d'eux, malgré les différences.

Tout cela au travers d'un film simple et beau, sec et dépouillé à l'extrème.

Le film d'un vieux briscard qui a décidément encore plus d'un tour dans son sac.
Côte: **


Jeux et Ris!

C'est donc ce week-end qu'a lieu le double grand raoût de l'industrie du cinéma, qu'elle soit française ou américaine: les Césars (samedi) et les Oscars (dans la nuit de dimanche à lundi)!

Et c'est aussi l'occasion de se livrer au petit jeu des pronostics. Ah ah !

C'est d'autant plus comique que je fais ça depuis des années dans mon coin et que tous les ans je me plante dans les grandes largeurs.

J'arrive à des résultats du style 3 sur 7 pour les Oscars et 4 sur 10 pour les Césars (oui, je ne pronostique que pour ce que je considère comme étant les "catégories principales": film, réalisateur, acteur, etc. Il y en a 7 pour les Oscars et 10 pour les Césars qui ont également des catégories de type "première oeuvre" ou "meilleur espoir").

Comme ici je vais vous livrer le fruit de mes réflexions en direc'-live, on risque de bien rigoler quand les résultats tomberont et que je me rendrais compte que j'ai, une fois de plus, tout faux.

Mais bon, tout ça c'est pour rire et y a même rien à gagner, alors...

Bon, donc, un vote par catégorie évidemment, mais je me réserve pour chacune un pronostic "de rechange" ou "de réserve" que j'appelerais "outsider".
Si c'est le truc que j'ai prévu qui gagne on compte un point, si c'est l'outsider, un demi.

Donc allons-y pour les prévisions:

(Je précise qu'il s'agit bien de pronostics, basés sur des critères plus ou moins objectifs (succès des films, personnalité des acteurs ou réalisateurs, avis des "spécialistes", résultats des Golden Globes et autres cérémonies pré-Oscars ou Césars, etc.) et que cela ne reflète en rien mes goûts personnels. Pensez bien que si c'était le cas "Indigènes" n'aurait même pas été nominé, par exemple).

-Oscars:

-Film:
"Babel"; d'Alejandro Gonzalez Iñarritu.

-Réalisateur:
Alejandro Gonzalez Iñarritu pour "Babel". Outsider: Martin Scorsese pour "Les Infiltrés"*.

-Acteur:
Forest Whitaker pour "Le Dernier Roi d'Ecosse"; de Kevin Macdonald.

-Actrice:
Helen Mirren pour "The Queen"; de Stephen Frears.

-Second Rôle Masculin:
Eddie Murphy pour "Dreamgirls"; de Bill Condon. Outsider: Mark Wahlberg pour "Les Infiltrés".

-Second Rôle Féminin:
Abigail Breslin pour "Little Miss Sunshine"; de Valerie Faris et Jonathan Dayton. Outsider: Jennifer Hudson pour "Dreamgirls"; de Bill Condon.

-Film Etranger:
"La Vie des Autres"; de Florian Henckel von Donnersmarck (G). Outsider: "After the Wedding"; de Susanne Bier (DK).

-Césars:

-Film:
"Indigènes"; de Rachid Bouchareb.

-Réalisateur:
Rachid Bouchareb pour "Indigènes".

-Acteur:
François Cluzet pour "Ne le Dis à Personne"; de Guillaume Canet. Outsider: Gérard Depardieu pour "Quand j'étais Chanteur"; de Xavier Giannoli.

-Actrice:
Cécile de France pour "Quand j'étais Chanteur"; de Xavier Giannoli.

-Second Rôle Masculin:
Kad Merad pour "Je vais bien, ne t'en fais pas"; de Philippe Lioret. Outsider: Guy Marchand pour "Dans Paris"; de Christophe Honoré.

-Second Rôle Féminin:
Bernadette Lafont pour "Prête-moi ta Main"; d'Eric Lartigau.

-Première Oeuvre:
"13 (Tzameti) "; de Gela Babluani. Outsider: "Mauvaise Foi"; de Roschdy Zem.

-Espoir Masculin:
Malik Zidi pour"Les Amitiés Maléfiques"; d'Emmanuel Bourdieu.

-Espoir Féminin:
Mélanie Laurent pour "Je vais bien, ne t'en fais pas"; de Philippe Lioret.

-Film Etranger:
"The Queen"; de Stephen Frears (UK). Outsider: "Volver"; de Pedro Almodovar (S)**.

Voilà, this concluded the vote of the molvanian jury, rendez-vous lundi pour les résultats et pour bien se payer ma poire parce que j'en aurais de nouveau pas touché une!


PS: Si Rinko Kikuchi (nominée à l'Oscar du Second Rôle pour "Babel") gagne, pronostic ou pas, je paie ma tournée dans la semaine!



(*Possible surprise aussi du côté de Paul Greengrass, nominé pour "Vol 93" mais bon, si on se permet plusieurs "outsiders" et qu'on doit commencer à compter des quarts de point on va plus s'en sortir).
(**Possible surprise là aussi avec "Little Miss Sunshine" et même remarque que pour *).
Heroes and Icons...


(Patrick Dewaere - 1947/1982).

jeudi 22 février 2007



Ouverture et rétrospective! (III et fin).

Ouh là! Gros morceau aujourd'hui pour terminer cette première série!
Trois films et pas n'importe lesquels!
Du mastoc, du conséquent!

Alors trève de bavardage: au charbon!

1. "Le Dernier Roi d'Ecosse"; (The Last King of Scotland); de Kevin Macdonald (UK). Avec Forest Withaker, James McAvoy, Kerry Washington, Gillian Anderson...

Autant vous prévenir tout de suite: tout ce que vous allez voir dans ce film (à l'exception du personnage très intelligemment amené du jeune médecin écossais) est vrai!

J'ai lu plusieurs bios consacrées à Amin Dada (puisque c'est de lui dont il s'agit ici), vu l'incroyable documentaire de Barbet Schroeder "Général Idi Amin Dada", quasiment mis en scène (et en tout cas en musique) par le dictateur lui-même, lu tout ce qu'on peut trouver sur lui sur Internet, etc.

Bref, le personnage me fascine et je pense connaitre assez bien son histoire, assez en tout cas pour distinguer le vrai du faux.

Tout ça pour dire qu'aussi incroyables qu'elles puissent paraitre, toutes les horreurs qui vous seront montrées par Kevin McDonald dans ce film sont des exactions que le tyran et ses hommes ont véritablement commises!

Cette précaution liminaire me semble indispensable, tant certaines scènes extrèmes - et essentiellement situées vers la fin du film - pourront paraitre exagérées, voire carrément inventées...

Premier véritable long-métrage de fiction du documentariste Kevin MacDonald (auteur de l'Oscarisé "Un Jour en Septembre", la version documentaire du "Munich" de Spielberg), "Le Dernier Roi d'Ecosse" est un film fascinant et parfaitement glaçant par ce qu'il nous montre de la nature humaine.

Construit selon une logique de progression particulièrement roublarde, il vaut surtout - mais pas seulement - pour la présence de ce jeune docteur écossais, seul personnage fictif du film, devenu presque par hasard médecin et conseiller personnel d'Amin Dada.

Symbole évident de l'Occident et de la manière dont celui-ci apréhenda le tyran durant son règne, il passe, à l'instar des pays qu'il est sensé "représenter", par toutes les phases possibles et imaginables: de l'émerveillement au rejet total en passant par la sympathie, la relation père-fils et même la collaboration.
Ce qui rend de surcroit son personnage extrèmement complexe et ambigu: à la fois insouciant, sympathique et parfaitement détestable!

Une métaphore d'autant plus forte que le film suit le même cheminement: Amin Dada étant d'abord présenté comme le sauveur de l'Ouganda, puis comme un doux dingue un peu folklorique, ensuite comme un fou furieux explosif et instable souffrant d'une forme de paranoïa aigue et enfin comme le psychopathe sanguinaire, assoifé de pouvoir et totalement obsédé par le contrôle qu'il était réellement.

Le spectateur, prisonnier de ce maëlstrom narratif, est donc d'abord confronté à une sorte de comédie dramatique plutôt sympatoche, un biopic léger qui glisse progressivement vers la folie furieuse et le gore le plus total.

Portrait démesuré d'un personnage "bigger than life", "Le Dernier Roi d'Ecosse" est également une grande réussite d'un point de vue strictement formel.

Le passé de documentariste du réalisateur a fait de lui un spécialiste de l'image (la photo est splendide) et surtout du montage.
Un montage qui, en n'ayant pas peur de jouer de l'éllipse, dynamise formidablement le film!

Mais le plus impressionnant reste évidemment l'interprétation.

James MacAvoy, d'abord, qui réussit à faire exister son personnage face à l'ogre Amin Dada.
Kerry Washington ensuite, très émouvante en épouse sacrifiée (et quel joli pépette).
Forest Withaker, enfin (on a envie de dire "bien entendu"), qui nous avait déja prouvé à moulte reprises l'étendue de son talent ("Bird", "Ghost Dog", ...) mais qui réussit encore ici à nous bluffer par son invraisemblable facilité à passer en un un clin d'oeil de la bonhomie rigolarde au sadisme le plus total.

Avec au fond de l'oeil un grain de folie permanent qui fait vraiment froid dans le dos.

Si avec ça il ne nous ramasse pas un Oscar...

Côte: ***

2. "Inland Empire"; de David Lynch (USA). Avec Laura Dern, Jeremy Irons, Julia Ormond, Justin Theroux, Grace Zabriskie, Harry Dean Stanton...

Wow!
Ouh la!
Ouch!
Je... Oui...

Parce que... Alors... Bon...

Mais... euh...

Non.

C'est...

Je...

Bon, personnellement j'ai trouvé ça formidable!

D'un autre côté, et pour être tout à fait honnête, deux semaines et une chique après, je ne suis toujours pas tout à fait sûr de ce que j'ai vu.

Ce qui est certain, c'est que cet "objet" (je ne vois pas d'autre mot) est ce qui m'a été donné à voir de plus déroutant depuis que je vais au cinéma (je ne compte pas "Eraserhead" dont on voit trop que c'est du total n'importe quoi alors qu'ici c'est évident qu'il y a quelque chose derrière. MAIS QUOI???).

Glauque et étouffant, répétitif et hypnotique, c'est un "film" difficile, peu aimable, qui ne caresse jamais le spectateur dans le sens du poil et qui réserve même des moments d'angoisse apparement infondés, voire de terreur pure, tripale, irréfléchie.

Ca fait suer du crâne, comme disait l'autre. Et sérieusement!
Et il vaut mieux ne pas être claustrophobe avant de s'y aventurer, non plus.

Evidemment, ça demande un minimum d'effort avant d'arriver à y pénétrer (surtout que le début, assez lent, ne facilite pas les choses) mais une fois qu'on est "installé", il est facile de se laisser emporter par cette série de scènes sans lien apparent les unes avec les autres mais qui semblent néanmoins obéir à leur logique propre.
Une logique que l'on sent toujours présente, là, à quelques centimètres en dessous de la surface mais sur laquelle on n'arrivera jamais à mettre le doigt.

Faisant pour une fois une utilisation intelligente de la DV, truffé de véritables morceaux de bravoure cinématographiques et porté par l'interprétation habitée - hantée presque - de Laura Dern, "Inland Empire" est bien plus qu'un film, c'est une oeuvre d'art au sens le plus large du terme.

Et aller le voir, n'est pas simplement "aller au cinéma".

C'est vivre une expérience à part entière. Et une sévère!

Donc allez le voir si vous voulez...

Mais surtout...

SOYEZ SUR VOS GARDES!

Côte: ***

3. "La Môme"; d'Olivier Dahan (F). Avec Marion Cotillard, Gérard Depardieu, Sylvie Testud, Jean-Paul Rouve, Clotilde Courau, Pascal Greggory, Emmanuelle Seigner...

Eh oui, je suis une midinette!
Le mélo flamboyant, le biopic qui fend le coeur, le film musical à flon-flon, quand c'est réussi ça m'emporte!

Et, oui, ne vous déplaise, en ce qui me concerne, "La Môme" est une vraie réussite.

Tout y est: les drames, les chansons, les amours magnifiques et forcément contrariées, la misère, la joie, la maladie, la drogue... La grandeur et la déchéance. Les petits cabarets et les grands music-halls. Les costumes et les décors. Le casting monstrueux et l'interprétation survoltée...

Le spectacle, quoi!

Tout ça dans un véritable tourbillon, une machine de guerre cinématographique qui ne semble jamais se poser, ne jamais s'arrêter et qui à l'instar de La Foule, nous traine, nous entraine jusqu'a nous laisser, lessivés, étrillés, ébahis par tant de puissance et de lyrisme déployés, là, d'un seul coup.

L'intelligence d'Olivier Dahan est de ne pas choisir la voie de la linéarité mais de construire son film sur une succession de flash-backs et de sauts dans le temps totalement anarchiques qu'on croirait basés sur la technique du cut-up.
On passe de la fin de la vie de Piaf à sa jeunesse puis à sa prime enfance pour revenir sur ses années à New York et ainsi de suite.
Ce qui donne évidemment force et dynamique à un film qui sans cela aurait pu ressembler à n'importe quelle biographie filmée.

Mais le plus étonnant, surtout au vu du reste de sa filmographie ("Les Rivières Pourpres II", ce genre) c'est de voir à quel point Dahan, sans doute transcendé par son sujet, se révèle un vrai, grand réalisateur, comme le prouve ce plan-séquence sidérant au cours duquel Piaf apprend la mort de son amant Marcel Cerdan!

Les chansons sont ce qu'elles sont, évidemment, et illustrent littéralement le film, jusqu'a être reprises de manière subtile dans la B.O. proprement dite.

Et l'interprétation fait le reste.

Avec à son sommet Marion Cotillard qui, au delà du mimétisme (voix, démarche, attitude) se coule à ce point dans son personnage qu'elle en définit en quelque sorte un nouveau "mètre-étalon" de la performance d'acteur.

Pour elle comme pour toutes les autres actrices françaises il y aura désormais un avant et un après "La Môme".

C'est bien simple, une interprétation pareille ça n'impressionne pas.

Ca terrifie!

Côte: ***


(And this conclude my longest post ever!)

mercredi 21 février 2007


Dans le Ciel, au-dessus de Berlin...

Qui se souvient encore de Solveig Dommartin?

Elle fût la compagne et l'égérie de Wim Wenders qui la fit tourner dans plusieurs de ses films: "Jusqu'au Bout du Monde", "Si Loin, Si Proche" et surtout "Les Ailes du Désir" ("Der Himmel über Berlin", d'ou le titre ci-dessus pour ceux qui auraient cru que je m'étais subitement converti au catholicisme), le seul film allemand à faire partie de mon "Top-20-des-Meilleurs-Films-du-Monde-de-l'Univers-Visible-et-Invisible" (sérieux, je le publierais un jour, ce Top 20, vous verrez).
Et le dernier bon film de Wenders, en ce qui me concerne.

Elle y interprétait avec une grâce infinie une trapéziste de cirque tombant amoureuse d'un Ange "déchu"...

J'ai appris hier que cette actrice trop rare (à part Wenders elle a tourné deux films avec Claire Denis et quelques trucs pour la télé française) était décédée le 11 janvier dernier à Paris, dans l'indifférence générale...

Et j'y peux rien mais ça me rend triste...




(PS: Elle avait 48 ans. Tu parles d'un âge pour claquer en plus).

mardi 20 février 2007



Ouverture et rétrospective! (II).


Bon au boulot!
Allons-y pour la seconde couche, il y a encore pas mal de trucs à dire.

Alors, au programme aujourd'hui: blockbuster politique (si, si, ça existe) et film de magie "1900"...

Allez, zou!

1. "Blood Diamond"; d'Edward Zwick (USA). Avec Leonardo DiCaprio, Jennifer Connelly, Djimon Hounsou, Michael Sheen, Arnold Vosloo...

Alors autant prévenir tout de suite: s'il faut aller voir ce film c'est plutôt pour son côté "film d'aventures" que pour la pertinence de son "message".

Bien que...

Du côté "aventures", le contrat est pleinement rempli: ça pétarade, ça vrombit, ça tiraille, ça court, ça s'égorge... Pas une minute de répit! D'autant que du point de vue scénario les rebondissements s'enchainent à un rythme tout aussi effréné.

En plus, DiCaprio confirme ici le tournant pris avec "Les Infiltrés": il se révèle un acteur très mature, tout à fait en possession de son sujet et pour tout dire, impressionnant!

Côté "film à thèse", par contre, ça coince un peu.

OK, Zwick et ses scénaristes ont le mérite d'aborder des sujets dont on parle peu, voire pas du tout, dans le cinéma américain, surtout aussi mainstream: guerres civiles oubliées, diamants de la guerre, soutien occidental à des régimes douteux, enfants-soldats...

Le problème c'est que le film est avant tout destiné à un public américain.
Du coup, on a un peu l'impression de regarder "La Géopolitique pour les Nuls".
Tout est souligné, entouré, sous-titré, expliqué, répété...
Tout est assez manichéen, aussi (les méchantes milices face aux bons soldats gouvernementaux).

Rajoutez à ça une bonne dose de mélodrame bien larmoyant (décidément) et quelques belles invraisemblances et vous obtiendrez un truc qui, pour spectaculaire qu'il soit, est finalement assez difficile à déglutir.

Surtout quand, sur la fin, le représentant des Etats-Unis auprès de l'ONU se fend d'un discours nous présentant une fois de plus les USA comme les Grands Sauveurs de la Planète, discours au cours duquel il est question de la liberté des peuples à disposer, eux et eux seuls, des ressources issues de leur sol...

Quand on voit comment les Amérikis se comportent dans les faits et ce un peu partout dans le monde, une telle hypocrisie à de quoi rester en travers de la gorge.

Trouve-je.
Côte: **

2. "L'Illusionniste"; (The Illusionist); de Neil Burger (USA). Avec Edward Norton, Jessica Biel, Paul Giamatti, Rufus Sewell, Eddie Marsan...

Evidemment, d'entrée de jeu, on peut dire que cet "Illusionniste" souffre de la présence quasi simultanée sur nos écrans du glorieux "Prestige" de Christopher Nolan. Et ce même si leurs sujets sont forts différents, ainsi d'ailleurs que la manière dont la magie y est représentée (on se soucie moins de vraisemblance ici et les tours sont même souvent à la limite du surnaturel).

Il s'agit plus dans le cas présent d'une histoire d'amour contrariée, l'illusionniste issu d'un milieu modeste se servant de ses talents pour ravir la princesse de son coeur à un méchant et machiavélique Prince Héritier austro-hongrois...

Bouh!

Mais au delà de ces inévitables comparaisons il y a malheureusement beaucoup d'autres endroits où le bât blesse.

La réalisation, d'abord, très plan-plan.
L'histoire, ensuite, à la fois complètement invraisemblable et incroyablement téléphonée. Surtout la fin, totalement grand-guignolesque!
L'interprétation enfin, qui fait ce qu'elle peut avec ce qu'elle a (c'est-à-dire pas grand'chose).
Seul Paul Giamatti s'en sort vraiment avec son rôle de Columbo viennois fin de siècle.

A part ça la reconstitution d'époque est splendide (beaux décors, splendides costumes)...

Et qu'on en soit réduit à dire ça donne une idée de la vacuité de l'entreprise...

Hou! Que tout cela est joli! Bon Dieu! Que tout cela est creux!
Côte:*

lundi 19 février 2007


Ouverture et rétrospective! (I).

Voilà, donc!
Plus envie de pérorer sur l'état du rock en CFWB, plus envie de considérer le blog de Sport Doen comme mon blog personnel.
Juste envie de continuer à vous parler un peu de cinéma...

D'ou l'ouverture de cette nouvelle chose sur laquelle je continuerai à poster mes petites chroniques.
Et comme celles-ci paraissaient sur l'autre sous le titre "Fais pas ton Jean Gabin !", la boucle est bouclée...

Et, tiens, à propos de l'autre...
Où est-ce que j'en étais au moment ou j'ai décidé de ne plus poster?
C'est que j'en ai vu des films depuis!

Allez, en guise d'inauguration, petites séances de rattrapage express histoire de se dégourdir les méninges et les doigts.
En plusieurs parties pour que ce ne soit quand même pas trop lourd à lire...

1. "Pars vite et Reviens Tard"; de Régis Wargnier (F). Avec José Garcia, Marie Gillain, Michel Serrault, Lin Dan Pham, Olivier Gourmet...

Avec un sujet pareil (un mystérieux messager annonce une épidémie de peste, des signes étranges apparaissent sur les portes et les cadavres commencent à s'ammonceler) on n'est pas fort étonné de se retrouver devant une sorte de croisement entre Jean-Chistophe Grangé (pour l'enquête alambiquée) et le Da Vinci Code, version bouquin (pour le côté cryptico-moyenâgeux).

L'intrigue se laisse suivre plaisamment, déservie malgré tout par une réalisation trop démonstrative, et le casting trois étoiles fait le reste (même Marie Gillain, que je trouve généralement jolie mais assez tarte, ne s'en sort pas trop mal ici).

On n'est pas loin du téléfilm de luxe et on passerait finalement un assez bon moment, ne serait-ce ce dénouement complètement ridicule et abracadabrant, comme souvent - comme toujours, devrais-je dire - dans les films de ce genre.

Reste le tour de force d'avoir réussi à filmer Paris à la fois comme une ville moderne et comme un village du Moyen-Age...

Ouais, bon...
Côte: *

2. "Bobby"; d'Emilio Estevez (USA). Avec Anthony Hopkins, Sharon Stone, Elijah Wood, Demi Moore, Laurence Fishburne, Heather Graham...

Etonnant que le fiston de Martin Sheen, piètre comédien et cinéaste jusqu'ici sans intérêt ("Wisdom", "Men at Work", ...) aie réussi un film pareil...

A la fois pamphlet politique (qui donne une assez bonne idée de comment et pourquoi l'Amérique en est arrivée là où elle en est actuellement), biopic détourné (parfois à la limite de l'hagiographie) et film choral (My God! What a casting!) cette sorte de grande fresque qui raconte les tribulations de 22 personnages dont les destins se croisent dans un hôtel le jour de l'assassinat de Robert Kennedy est une oeuvre d'une force assez rare.

Alors d'accord, Estevez force un peu sur le mélo.

Ca chouine et ça larmoie un peu trop pour être honnête.

D'accord, il en rajoute un peu sur le côté "Saint-Bob" du jeune Kennedy, traçant le portrait d'un "gentil démocrate qui s'il avait vécu aurait résolu tous les problèmes: Vietnam, pauvreté, peine de mort - j'en passe et des meilleures - et aurait changé la face du monde".

Mais la force de son propos (rehaussé par des images d'archives judicieusement utilisées), la fluidité de sa réalisation et l'excellence de son casting* finissent quand même par emporter l'adhésion.

Et surtout par provoquer pas mal d'émotion.

Côte: ***








(*Mention spéciale à Mesdames Sharon Stone et Demi Moore et à Messieurs Christian Slater et William H. Macy!).