mardi 31 mai 2011

Bébête Show.

"La Conquête" de Xavier Durringer (F); avec Denis Podalydès, Florence Pernel, Bernard Le Coq, Michèle Moretti, Samuel Labarthe, Saïda Jawad...

6 mai 2007. Second tour des élections présidentielles. Nicolas Sarkozy, cloîtré chez lui et sur de sa victoire cherche en vain à joindre Cécilia, son épouse, qui le fuit. Il se remémore alors son ascension vers le poste suprême, au cours des cinq dernières années. Cinq années de coups foireux et de combats dans l'ombre...

N'y allez pas, ça dure trois heures !

Euh... Non... Ca c'est l'autre bouse aquatique, là...

Bon... N'y allez pas: c'est vraiment trop con !

Oui. Là oui.

Parce que "La Conquête", ce n'est pas mauvais, c'est très mauvais. Très très, même, aurait-on envie de dire.

Bien entendu, sur le papier ça avait déjà de quoi désarçonner et laisser perplexe. Premier film sur un président de la République en fonction, la belle affaire !

Parce que, après tout, à quoi bon ? Sarkozy lui-même avait déjà fait tout ce qui était possible pour désacraliser l'homme et la fonction, non ? Et le film lui-même ne semblait déjà qu'une sorte de reflet de sa propre attitude vulgaire et bling bling...

Oui. On pouvait se le dire.

Là où ça coince et ou ce n'est pas loin de sidérer réellement c'est qu'au niveau ratage, le résultat à l'écran dépasse - et de loin - tous les pronostics, toutes les prévisions.
Ca en force presque l'admiration, tiens.

D'abord, ce truc atone et affreusement plan plan ne nous apprend rien.
Ni sur Sarko, ni sur les coulisses, ni sur les affaires, ni même sur son divorce.

Du moins rien qu'on ne sache déjà.
Rien que l'on n'ait pu lire en long en large et en travers dans la presse de l'époque en tout cas. C'est particulièrement flagrant dès que l'on en vient aux dialogues, affreux, poussifs, qui se contentent de recycler les bons mots "historiques" comme autant de punchlines indignes, anonnés bravement par de pauvres acteurs en roue libre.

Parlons-en, d'ailleurs, tiens, des acteurs !

Car c'est bien là que le bât blesse le plus furieusement.

Podalydès imite Sarkozy, Le Coq (et pourtant: Bernard, pas Yves !) imite Chirac, etc.
Résultat, on a bien vite l'impression de se trouver devant un spectacle de Laurent Gerra (ou de Nicolas Canteloup, allez, pour être un chouïa moins méchant) ou devant un très, très mauvais numéro des Guignols.

Le comble de la mise en abyme étant de ce point de vue atteint lors d'une scène terrifiante - y a pas d'autres mots - qui voit Samuel Labarthe imitant Villepin qui imite PPDA !
Avouons-le: atteindre un tel niveau d'indigence scénaristique c'est carrément de l'art (la scène se répètera d'ailleurs plus tard de manière encore plus tartignole avec Dominique Besnehard et son inénarrable cheveu sur la langue singeant Ségolène Royal. Misère !)

Le truc est donc perpétuellement le cul entre deux chaise: d'un côté la tentation humoristique (parce qu'on sent bien que par moment cela tend sciemment vers la comédie, même si à l'arrivée ça ne fait rire qu'à ses dépends), de l'autre la fable politique faiblarde, le tout emballé dans un drame romantique dont la banalité affligeante (un type perd sa femme et il est triste) n'est pas vraiment là pour relever le niveau.

Comme en plus ce brol est emballé avec la finesse d'un vieil épisode de "Louis la Brocante" (en gros c'est pas réalisé à part quelques effets tellement appuyés qu'ils en deviennent tarte à la crème), on a vite fait de s'en désinteresser et de regarder sa montre.

Car c'est bien ça le pire: ça ne dure peut-être pas trois heures mais c'est quand même looooooooooooong. Mais looooooooooooong !!!!!

En deux mots comme en cent: "La Conquête"; un film inutile sur un sujet devenu futile à force d'autocaricature.

My advice ? Ben n'y allez pas, hein...

Cote: °

lundi 30 mai 2011

2011, Odyssée de l'Espèce.

"Tree of Life" (The Tree of Life) de Terrence Malick (USA); avec Brad Pitt, Jessica Chastain, Sean Penn, Fiona Shaw, Hunter McCracken, Joanna Going...

Dans les années 50, Jack grandit entre un père autoritaire et une mère aimante. La naissance de ses deux frères l'oblige bientôt à partager cet amour, tandis qu'il est quotidiennement confronté à ce père ultra-rigide, obsédé par sa réussite et celle de ses enfants. Ce père dont la violence sourde va galvaniser l'agressivité de ses fils et particulièrement celle de son aîné. Jusqu'à ce qu'un événement tragique vienne bouleverser cet équilibre déjà précaire. Comme il y a longtemps, une certaine météorite...

Si tant est que la finalité d'un festival de l'envergure de celui de Cannes soit de récompenser et donc, par delà, de révéler un certain type de cinéma novateur et audacieux, sans pour autant s'enferrer dans un auteurisme autistique et forcené - mais loin par exemple d'un Scorsese primant sous couvert d'audace le classicisme bon teint (bien que plastiquement magnifique) d'un Angelopoulos ou la cuculterie rigolarde et bien-pensante d'un Benigni - eh bien, il faut le dire, cette 64ème édition fût un grand cru !

Car dans cette perspective, rarement, jamais peut-être, une Palme d'Or ne fût elle à ce point méritée (avec celle remise à "Oncle Boonmee..." l'année dernière, ce qui serait la preuve d'une évolution positive si tout cela n'était pas, somme toute, le fruit du hasard).

Et les prix d'interprétation ou de la réalisation remis à des acteurs - et des films - populaires (Dunst, Dujardin, "Drive"...) qui vont sans doute ouvrir la manifestation à un public plus vaste, ne font sans doute qu'en renforcer l'impact, grâce à l'effet-miroir d'une sorte de fort et beau contraste...

Car si ce "Tree of Life", aboutissement de la carrière - de la vision, même, pourrait-on dire - d'un cinéaste précieux, car rare et ambitieux, est un film exigeant de par sa forme, sa longueur et son rythme, c'est avant tout une nouvelle et extraordinaire proposition de cinéma.

Ni plus ni moins.

Un truc désarçonnant mais magnifique, qui ne peut être comparé à rien de déjà vu (si ce n'est, vaguement et pour une seule de ses parties, à "2001..." de Kubrick, sans doute le seul cinéaste auquel Malick puisse-t-être comparé de loin - et Dieu sait si l'on ne s'en prive pas ces derniers temps).

C'est une sorte de poème cinématographique, à la narration totalement fragmentée, qui raconte une histoire simple et complexe à la fois, jamais de manière linéaire, jamais de manière réellement "concrète" mais sous forme d'une espèce de long voyage, mystique et sensoriel, célébrant la nature, transporté par la grâce, posant une foule de questions, ouvrant une foule de portes pour ne quasiment rien livrer ou tout du moins laisser les réponses à l'appréciation d'un spectateur chamboulé par tant d'audace, par tant de vérité pure, instantanée, magnifiée dans quasiment chaque plan, qui offre une partition virtuose, presque parfaite, réinventant au passage la grammaire cinématographique...

Oh, bien entendu, tout n'est pas parfait et heureusement !

Les hauts sont très hauts (la majeure partie du film: toute la partie dans les années 50 portée en plus par un duo d'acteurs magnifiques: Brad Pitt et Jessica Chastain, ainsi que le fameux passage sur la création du Monde: 30 minutes de film dans le film à proprement parler ahurissantes - et avec des dinosaures !) et des bas très bas (toute la partie avec Sean Penn dans le rôle de Jack adulte, en ce compris les 20 minutes finales dont le symbolisme lourdaud et le côté presque caricatural dans l'excès auteuriste et le gâtisme new-age finissent presque - je dis bien "presque" ! - par gâcher le film).

Et c'est aussi quelque part ce côté bancal qui font la justesse et la finesse du film. Chaque partie venant enrichir les autres de ses scories, fussent-elles positives ou négatives...

Et puis, qu'on se le dise, après tout, chez Malick, ce n'est pas tellement le message qui compte, même s'il est intéressant, mais plutôt cette frénésie cinématographique, cette râge presque sublime qui semble l'animer et le pousser à dépasser toute frontière artistique et technique.

En celà, le gaillard qui semble être aussi un maniaque du contrôle (pas pour rien qu'il n'ait finalement tourné que cinq films en quasiment quarante ans), même si ici il les surpasse, enfonce encore le clou de ses obsessions filmiques.

Avec cette narration décalée qui est une de ses marques de fabriques, ces voix-off ne semblant rien commenter du tout ou alors peut-être une autre histoire, un autre film.
Un tic poussé ici jusque dans ses derniers retranchements: dans les premières minutes, les dialogues eux-mêmes sont en off.
On entend les voix des acteurs mais sans que leurs lèvres ne bougent...
Et ça fout un peu le vertige, il faut bien le dire...

Et puis, cette manière qui n'appartient qu'à lui de filmer la nature, jusqu'à la sublimer par une structure contemplative qui par moment laisse réellement sans voix.

Alors, certes, c'est parfois un peu lent. Un peu long. Un peu ardu.

Certes, certes... celà se mérite.

Mais au-delà: quelle récompense !

L'impression d'avoir assisté en direct-live à quelque chose de purement historique.

L'avènement d'une nouvelle forme de cinéma ?
Mmmmh... Peut-être...

Pas sûr...

Mais la certitude d'avoir vu un film dont on parlera encore dans cinquante ans comme d'un classique, comme d'une pierre angulaire dans l'Histoire du Septième Art ?

Ca, oui: c'est certain !

Cote: ***** (et encore une fois, je mets cinq étoiles SI JE VEUX !)

samedi 28 mai 2011

Heroes and Icons...

(Christopher Lee - b. 1922)
Roulez, jeunesse...

"Le Gamin au Vélo" de Luc et Jean-Pierre Dardenne (B); avec Cécile de France, Thomas Doret, Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Egon Di Mateo, Olivier Gourmet...

Cyril, bienôt douze ans, n'a qu'une idée en tête: retrouver son père qui l'a placé depuis quelques mois dans un foyer d'accueil. Un jour, il rencontre Samantha, qui tient un salon de coiffure et accepte de l'accueillir chez elle les week-ends. Mais, tout à sa quête du père, Cyril ne voit pas encore l'amour que Samantha lui porte. Et qui pourrait bien lui être utile pour apaiser la colère qui l'habite...

"Tu peux rester contre moi mais ne me serre pas si fort, tu me fais mal"...

Cette phrase, prononcée par Samantha lors de sa première brusque rencontre avec Cyril, pourrait à elle seule résumer le nouveau film des frères Dardenne et le rapport amour-haine presque inconscient qui agite ses deux principaux protagonistes.

Cyril (l'excellent Thomas Doret, évidente révélation du film), obnubilé par ce père (Jérémie Renier, très bien en salaud ordinaire, bouffé par la lâcheté, l'égoïsme et l'immaturité) dont il ne peut admettre la démission pourtant évidente, ne voit effectivement pas l'amour que lui porte Samantha (Cécile de France, au naturel) chez qui sa présence à réveillé une sorte d'instinct maternel enfoui et inattendu.

Et pourtant, lui aussi, d'une certaine façon tient à elle.
De manière un peu exclusive, d'ailleurs...

Et c'est le cheminement que le jeune garçon va suivre, agissant par tâtonnements et essais/erreurs, manquant d'ailleurs de se laisser aller - là aussi par besoin de reconnaissance - à la tentation de la petite délinquance, qui va devenir le moteur de ce nouveau film-étape dans la carrière des frères Dardenne.

Ce film que l'on a déjà trop qualifié de "solaire", qui est en quelque sorte une évolution logique de leur cinéma, surtout après "Le Silence de Lorna", que l'on pouvait déjà traiter de "charnière".

Un film fluide et évident, sans doute leur plus accessible, leur plus "grand public" à ce jour, qui réinvente leur façon de filmer tout en restant fidèle à leur style et à leurs obsessions.

Les frères Dardenne, toujours les mêmes mais en mieux, comme dirait l'autre.

Enfonçant toujours de belle manière le même clou mais en osant, par touches fines, en véritables orfèvres, rénover subtilement le décor qui les entoure.
Avec une vedette, c'est vrai.
Avec de la musique aussi (un tout petit peu mais ce n'était plus arrivé depuis "Je pense à vous").
Et surtout avec l'été, le soleil qui prouve que Seraing et les bords de Meuse peuvent être beaux, eux aussi.

Alors, certes, le sujet de ce huitième long est toujours grave.

Mais il est abordé avec une énergie et un optimisme salvateur.
Et - livré sans temps morts, plié qu'il est en moins d'une heure trente - le film, qui se permet le luxe de n'aborder ni les rivages du pathos (qui a dit que le cinéma des Dardenne était misérabiliste ?) ni ceux de la psychologie vasseillante, s'éloigne de tout discours "édifiant" pour provoquer une émotion d'autant plus franche que l'on s'approche ici de l'épure.

Au total, outre un énième prix cannois finalement bien mérité, un film d'une fluidité et d'une évidence rare qui, à l'image de leur boîte de prod', "Les Films du Fleuve", semble couler de source.

Un film sur les liens qui se nouent et se dénouent, toujours en mouvement à l'image de son jeune héros.
Un film qui s'ouvre au monde, à l'image de ses auteurs.

Enfin, pourrait-on dire... Enfin.

Cote: ***

mercredi 25 mai 2011

Ikea (This Bird Has Flown).

"La Ballade de l'Impossible" (Noruwei No Mori) de Tran Anh Hung (J); avec Rinko Kikuchi, Kenichi Matsuyama, Kiko Mizuhara, Reika Kirishima, Kengo Kora, Eriko Hatsune...

Japon, fin des années 60... Depuis toujours Watanabe, Kizuki et Naoko sont amis. Depuis toujours, Kizuki et Naoko sont en couple. Un jour, Kizuki se suicide... Watanabe et Naoko partent à l'université et se perdent de vue. Puis se retrouvent... Le soir des 20 ans de Naoko, qui semble n'avoir jamais surmonté la mort de Kizuki, ils font l'amour. Puis Naoko, subitement, disparait. Lorsque Watanabe reçoit enfin une lettre, il vient de rencontrer la belle et pétillante Midori... Et se demande où il en est...

Grand fan des romans de Haruki Murakami je suis.

Et "La Ballade de l'Impossible" ("Norwegian Wood", du titre de la chanson des Beatles dont l'influence sur le personnage principal est ici tout à fait gommée) est l'un de mes préférés...

Curieux de savoir ce qu'une adaptation d'un bouquin du japonais donnerait, toujours, j'ai été...

Me disant que ce n'était sans doute pas possible, tant le climat onirico-fantastique et décousu inhérents à ceux-ci me semblait intraduisible en images (et, oui, pour le coup, je vais arrêter d'écrire comme parle Yoda, ça énerve tout le monde et moi le premier, bourdalou !).

Néanmoins, de tous ceux que j'ai lu (six au total soit pas la fin du monde non plus mais assez me semble-t-il pour pouvoir émettre une opinion sensée sur la chose), "La Ballade de l'Impossible" me semblait le plus adaptable, le plus accessible.

Parce que sans doute le plus linéaire...

Le moins traversé de digressions surréalistes et fantastiques en tout genre, on va dire (et essayons pour le coup - rions mes frères ! - d'imaginer ce que donnerait, par exemple, "Chroniques de l'Oiseau à Ressort" ou "Kafka sur le Rivage" en film, juste pour voir...).

Le moins embarrassé de scories.

Et celui racontant ce qui se rapproche le plus d'une histoire, après tout.

Oui.

Eh ben c'est loupé, hein, les p'tits potes...

Parce que, avant tout, dans le roman, Murakami raconte quelque chose de grave, très grave même, mais il le fait comme d'hab', armé d'une bonne dose de légèreté, de poésie et d'un humour salutaire.

Rien de tout ça ici avec ce film lourd, plombé, déprimant, neurasthénique - même !, au climat épais et sans recul, sans finesse, soulignant à l'envi les côtés déjà pas drôles de l'affaire jusqu'à déboucher sur un truc à projeter dans les sectes, histoire de multiplier les épidémies de suicides collectifs...

Misère ! (oui, misère !)

Plus dépressif et anxiogène que ça, y a juste le scénario de "Cris et Chuchotements" récité en allemand par les Dardenne au sommet d'un terril un soir de pluie.

Soit en quelque sorte l'exact opposé de l'effet provoqué par le bouquin d'origine, qui arrivait quand même à rendre... disons... optimiste et joyeuse une histoire il est vrai, au début, pas franchement, franchement jojo...

Eeeeeeeeeeeeeeeeet.... en plus c'est looooooooonnnnnnng, ça traine, ça s'alanguit sans raison dans des plans séquences certes magnifiques (si, si !) mais à vous donner envie d'aller écouter du post-rock suisse au bout d'un brise-lame, debout sur un bac de Maes.

Oui: de Maes !

Et encore !

Et encore ai-je la chance d'avoir lu le livre, justement !

Car le film est d'une fidélité à toute épreuve à celui-ci.
Et à au moins un effet "Madeleine de Proust" pour le fan, genre "ah oui, là il se passe ça...".

Pour le néophyte, c'est juste la lose (avec un seul "o"; merci) et à mon avis l'envie irrésistible que ça se termine enfin (pour pouvoir mettre "Starcrash" à la place, voyez ? )...

Reste - évidemment ! - que visuellement, c'est splendide.

Tran Anh Hung (vous vous souvenez, "L'Odeur de la Papaye Verte" ou "Cyclo", il y a de ça 102 ans ?) sait vraiment y faire avec une caméra.

Les images sont magnifiques, chaque scène est un tableau et la nature japonaise (les montagnes en hiver...) donne à voir des choses merveilleuses...

Et les acteurs - surtout la définitivement magnifique Rinko Kikuchi - font leur boulot (même si la plupart devraient apprendre à pleurer à l'écran - et Dieu sait si ici ils pleurent beaucoup !).

Mais bon, y a pas à tortiller...

Quand c'est chiant, ben... C'est chiant.

Et là, ben...

Hum...

Oui, allez... C'est chiant.

Cote: *


lundi 23 mai 2011

Time takes a cigarette...

"Source Code" de Duncan Jones (USA) avec Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan, Vera Farmiga, Jeffrey Wright, Michael Arden, Cas Anvar...

Colter Stevens se réveille dans un train de banlieue en direction de Chicago. Il n'a aucun souvenir d'y être monté. Une jeune femme qu'il ne connait pas se comporte avec lui comme si elle était sa petite amie. Pire, quand il se regarde dans la glace, il voit un autre. Il cherche à comprendre. Mais le train explose. Et il se réveille à nouveau. A l'intérieur d'un curieux caisson. Il comprend alors qu'il fait partie d'un projet expérimental permettant de revivre les huits dernières minutes de la vie de l'un des passagers du train. Toujours les mêmes. Et il y retourne. Sa mission ? Retrouver le terroriste et donner son identité à ses chefs avant qu'il ne frappe à nouveau. Car on sait déjà que l'attentat du train n'est qu'un aimable amuse-gueule.


Dit comme ça, ça donne le vertige, hein ?

Oui.
Et vous n'avez encore rien vu.

Ca fait aussi penser à Philip K. Dick ?
Eh bien il n'en n'est rien.

Pour évacuer en vitesse l'anecdote - et pour ceux qui vivraient dans une grotte sur une des lunes de Saturne, oui, Duncan Jones est le fils de David Bowie.
Et, oui, il risque d'y avoir en ces lignes un certain parti pris.

Quoi que...

Soyons objectifs (arf !); le garçon est plutôt doué, qui donna à voir avec son premier opus, "Moon" (vu néanmoins en séance de rattrapage dividi staïl car sorti en ces lieux uniquement au Barakinépolis - et encore fallut-il le dire vite car un clignement de paupières et hop ! le truc était définitivement sorti de tout radar) une petite merveille de S.F. paranoïaque et minimaliste - Sam Rockwell seul en scène... enfin... là aussi... Quoi que...

Et v'la-t-y pas la surprise, justement !

Car en se voyant du coup confier les rênes d'un premier gros budget hollywoodien, Fiston nous signe, non pas un remake gonflé à la testostérone de son premier opus déguisé en blockbuster comme ont pu le laisser entendre certains journalistes français que je ne citerai plus (faut pas pousser) mais en tout cas une sorte de follow-up opiniâtre bien que d'autres oripeaux vétu et creusant assez finement le même finaud sillon (youpla, ça c'est d'la phrase de Carnaval !).

Une sorte de fausse série B badaboum, dynamitée par la personnalité de son réalisateur qui y ressasse à l'envi les mêmes obsessions.

Soit la paranoïa citée plus haut, la solitude lunaire et la multiplicité des destins, le tout magnifié par l'attention portée à la dimension romantique de l'affaire.

Celle qui nous intéresse tous, hein, après tout !

Comme en plus, les twists sont abondants, les situations embarrassantes inhérentes au genre (terrorisme aux Zitazunis, vous voyez tout de suite le style...) assez habilement désamorcées et que - rejoignons pour le coup complètement le choeur de nos amis franskiljoens - le toujours assez bien bien Jake Gyllenhaal donne ici à voir une intéressante variation adulte du "Donnie Darko" qui fit sa gloire... eh bien...

Eh bien on en oublie presque les quelques invraisemblances du scénario et les CGI approximatifs (boum le train !) pour ne retenir qu'une chose: Zowie Bowie arrive à nous tenir en haleine tout du long avec - à la louche - 11 fois et demie la même scène qui se répète.
Ou presque.

Parce que forcément, Colter chaque fois en sait plus...
Et donc en fait plus...

Et c'est évidemment aussi ce qui fait tout le sel ludique de ce "Jour Sans Fin" S.F. à la mise en scène glacée et sophistiquée...

Alors ? C'est-y-pas beau, ça, madame ?

Si, si, c'est bien... C'est même très bien, tiens.

Cote: ***


dimanche 22 mai 2011

Pendant ce temps-là, sur la Croisette...

Croyez-le ou non, peut-être pour la première fois depuis que je suis le Festival de Cannes on n'a pas entendu chanter sur tous les tons que l'édition annuelle était "faible". Que du contraire, même... D'un avis quasi unanime, c'était une grande année.

Du coup, le palmarès est beau mais oublie en route quelques favoris... Que voulez-vous, trop de bons films, hein...

La plus grande surprise vient de l'absence au palmarès de la grandissime favorite au Prix d'Interprétation Féminine, Tilda Swinton, coiffée sur le poteau par Kirsten Dunst (comme quoi, malgré ses déclarations fracassantes et autres provocs, Lars von Trier-le-Mysogine porte chance à ses actrices: troisième comédienne récompensée pour un de ses films après Björk et Charlotte Gainsbourg).

Pour le reste, la Palme d'Or va assez logiquement à la symphonie new age de Terrence Malick, "Tree of Life", Dujardin fais un Prix d'Interprétation Masculine très populaire ce qui devrait être un plus pour l'image du Festival et - comme leur compagnon de Grand Prix Nuri Bilge Ceylan - les Dardenne continuent à engranger les récompenses. Encore un Prix Spécial du Jury et un Prix de la Réalisation et ils auront fait le tour...

Ah oui... Et je suis content pour Maïwenn Le Besco dont le discours heurté et ému était très à l'image de ses films (Prix Spécial du Jury pour "Polisse") et pour Nicolas Winding Refn dont le travail impressionnant est enfin reconnu à sa juste valeur (Prix de la Réalisation pour "Drive").

Voili voilà... Tout ça ne va pas bien loin, comme d'habitude mais bon, allez, ça ne mange pas de pain...

En tot volgende jaar...

samedi 21 mai 2011

Le retour du Grand Méta-Ghostface.

"Scream 4" de Wes Craven (USA); avec Neve Campbell, David Arquette, Courteney Cox, Rory Culkin, Emma Roberts, Anthony Anderson...

Dix ans après les derniers crimes perpétrés par Ghostface, Sidney Prescott a enfin réussi à tourner la page et est de retour à Woodsboro pour la sortie de son premier roman. Ses retrouvailles avec sa jeune cousine Jill et le couple Dewey/Gale seront de courte durée. Car le tueur est de retour et il semble que cette fois les règles aient changées.

Onze ans après avoir bouclé ce qui devait être une trilogie, Wes Craven est donc de retour aux affaires pour ce qui ressemble fort à un suicide en beauté.

Délestant définitivement la série de tout sérieux il signe en effet, à l'image de la scène d'ouverture en forme de poupées-gigognes, un film qui est à la fois une suite du premier "Scream" et son remake.
Ainsi que sa parodie.
Et le remake de sa parodie (la série des "Stab", présente dès "Scream 2" ).
C'est donc aussi bien une parodie de remake que le remake d'une parodie.
Une sorte de méta-film.
Ou une parodie de méta-film ?
Une méta-parodie ?

Tout cela à la fois.

Vous suivez ?

Bon, résumons nous...

Donc, en gros et tout un gardant une espèce de premier degré effarant quand on sait ce que ça cherche à faire, voilà un bon film d'horreur mainstream, à l'ancienne, fleurant bon les années '90, évitant la surenchère et le craspec', qui cite à tout va et s'autoparodie en cours de route avec une maestria assez confondante, il faut bien le dire.

Bon, ça ne fait pas vraiment peur, on n'en est plus là, mais ça réussi quand même au milieu de toute cette méta-critique, à ménager un suspense impressionnant et quelques twists étonnants, tout en jouant sur l'intelligence et l'orgueil du spectateur qui croit bien vite avoir tout compris (c'est lui, c'est pas lui, ah si c'est lui et puis boum, finalement...).
Et c'est d'autant plus à l'honneur du vieux Wes de réussir ce tour-là, surtout quand on sait à quel point ce 4 suit la ligne du 1 (meta-remake de parodie, vous suivez toujours ?).

Le seul petit bémol, si il devait absolument y en avoir un, serait à chercher du côté des meurtres proprement dits, qui manquent d'homogénéité dans leur invention et leur intensité (certains sont très originaux et parfois fort gore, d'autres sont complètement expédiés avec l'eau du bain), ce qui fait parfois un peu retomber la sauce.

Mais ne boudons pas pour autant notre plaisir.

Nettement meilleur que les deux premières séquelles, donc, servi par une réalisation classique et fluide tout à fait idoine et par un casting solide d'où émergent quelques fort belles jeunes pousses (Emma Roberts et Hayden Pannetiere en tête), ce quatrième et cette fois-ci semble-t-il dernier opus résonne comme le fort beau chant du Cygne d'une série, d'un genre et sans doute d'un réalisateur qui, avouons-le, en dehors de cette saga ne semble plus avoir grand'chose à dire.

Raisons de plus pour profiter pleinement de cet ultime sursaut, non ?

Cote: ***

samedi 7 mai 2011

Fin de séries habituelles...

Ouais, comme d'hab', on liquide après le Bifff.

Je vais donc vous torcher les critiques des trois derniers films vus avant icelui et qui sont sans doutes déjà sortis en DVD, voire passés sur France 3 en deuxième partie de soirée...

Le truc c'est que, pour une fois, je vous le fais vraiment en trois lignes et après on passe à autre chose...

C'est parti !


- "Ma Part du Gâteau" de Cédric Klapisch (F); avec Karin Viard, Gilles Lellouche, Audrey Lamy, Jean-Pierre Martins, Raphaelle Godin, Zinedine Soualem...

Au chômage après la fermeture de son entreprise pour raison économique, une mère de famille provinciale monte à Paris et se retrouve engagée comme femme de ménage chez le trader responsable de sa situation.
Après le choral et très bancal "Paris", Klapisch revient avec un truc à deux personnages (les rôles secondaires étant inexistants, pour le moins...)... et pour le coup, c'est pas plus réussi.
La partie romcom est tellement cliché qu'elle ramêne à l'inaugural "New-York/Miami" de Capra, formidable, certes, mais bon, on était dans les années '30, aussi...
Et le côté "social" (faut vraiment s'accrocher) avec son vilain trader et sa Mère Courage, renvoie à un vaudeville néo-bobo tel qu'on ne croyait plus en voir ou alors avant longtemps. Très longtemps.
Lellouche est bien. Suffisament veule et cynique en tout cas pour qu'on s'intéresse plus ou moins à son personnage sous-écrit.
Mais Karin Viard, par contre, en fait tellement trois tonnes qu'elle en devient vite insupportable (cfr. ses accents slaves en cascade).
Sinon, ben Klapisch tient un twist et une belle idée finale...
Mais malheureusement n'a pas les couilles de les assumer.
Et donc tout ça se termine bien vite en eau de boudin.
Tagada tsouin tsouin.

Cote: *

- "L'Agence" (The Adjustment Bureau) de George Nolfi (USA); avec Matt Damon, Emily Blunt, Terence Stamp, Anthony Mackie, Jennifer Ehle, John Slattery...

Boum et bang et Philip K. Dick en cascade...
Bizarre aussi, ce brol qui ressemble à un film de S.F. parano "Profanateurs de Sépultures" style, avec sous texte sur la Guerre Froide... mais 40 ans après.
Genre "The Box", me direz-vous...
Oui, sauf qu'ici, la remise en perspective est inexistante et que donc, ça fait "daté".
D'autant qu'au bout d'un moment, le côté mélodrame déterministe l'emporte sur la parabole sur la liberté , le contrôle et le rapport au pouvoir.
Et que ça vire à la bluette.
Efficace, certes...
Surtout avec ce look "Mad Men" très lèché (la présence de John Slattery au générique n'y est certainement pas pour rien), cette réalisation efficace, cette belle direction artistique...
Et malgré ces effets un peu limites (on ouvre des portes, oui, bon...).
Sinon, Terence Stamp est très bien !

Cote: **

- "Sucker Punch" de Zack Snyder (USA); avec Emily Browning, Abbie Cornish, Jena Malone, Vanessa Hudgens, Jamie Chung, Carla Gugino...

Soit un pur film de mec avec que des filles (et Scott Glenn)...
Des fille en uniforme ou en socquettes, avec des gros flingues, qui dézinguent des zombies nazis (entre autres) sur fond d'explosions et de gros rock'n'roll ("Search & Destroy", "White Rabbit", ce genre...).
Du pur fétichisme, en somme..
Un gros jeu vidéo, visuellement ka-boom, scénaristiquement débile (un jeu de plateformes dont le twist est compris dès la première bobine, en gros), répétitif jusqu'à la nausée et très en-deça de ce que l'on pouvait attendre du réalisateur de "Watchmen".
Mais le casting est agréable au regard et au moins on ne s'ennuie pas, même si la sous-couche "cabaret" est purement et simplement inutile...
Du bon gros divertissement, somme toute.
Gras, même... Mais sympathique.

Cote: **

lundi 2 mai 2011


Bifff 29: fin de bail (avant qu'on ne soit déjà au Bifff 30).

Vous savez ce que c'est, hein, à force.

Tous les ans, à la fin du Bifff, je me fais une espèce de déprime/descente/décompression qui s'accompagne d'une perte d'intérêt pour le cinéma.

Ce coup-ci, ce fût particulièrement long: presque deux semaines et je n'ai même pas encore posté les comptes rendus des deux derniers films vus au festival.
Sans compter ceux des trois films vus avant celui-ci (parfois longtemps avant, d'ailleurs), auxquels je règlerai leur compte dans un avenir proche et en tir groupé, comme le veut la tradition ("Scream 4" aura quand même droit à sa chronique particulière, faut pas pousser non plus...

Allez, en attendant et pour enterrer une bonne fois pour toute le Bifff cuvée 2011, voilà les deux dernières critiques qui lui sont attenantes.

23. "The Ward" de John Carpenter (USA).
1966. Une jeune pyromane est envoyée dans une institution spécialisée où il se passe de drôles de choses. La nuit.
Onze ans, donc, que l'on attendait ça.
Onze ans, depuis le déjà fort décrié "Ghosts of Mars", vu au Bifff 2001 en V.O. non sous-titrée.
Eh, oui, on est un peu déçu.
Non, rien de nouveau sous le soleil.
Oui, l'intrigue de ce nouvel opus est quelque peu rabâchée. Et que dire de son twist final, particulièrement éculé chez les grecs (oui, tant qu'à faire, moi aussi je ressors des jeux de mots de 1935) ?
Et puis, c'est vrai, c'est un peu lent...
Mais, allez...
Etait-ce pour autant la peine de huer ce film pas non plus indigne, pas non plus honteux, alors que des bouses de la taille de "La Proie" ou "Troll Hunter" (qui avait lui le mérite de l'originalité, c'est vrai) se font en fin de compte applaudir ?
Certainement pas.
Et celà pose d'ailleurs à nouveau de solides questions quant à savoir ce que les festivaliers viennent vraiment chercher ici.
Mais baste, l'heure n'est plus au débat.
Contentons-nous de dire que ce fûr un réel plaisir de revoir un peu de fantastique classique et à "l'ancienne". De l'artisanat robuste et bien ficelé, même si pas original pour deux sous. Avec un rebondissement final attendu mais bien amené, une belle ambiance, un tout petit peu de gore bon teint et une remise en perspective habile, à l'aune de l'ultime révélation, de tout ce qui faisait au départ que l'on croyait le film peu vraisemblable.
En plus, le casting féminin est plaisant et le moins que l'on puisse dire c'est que le vieux Carpenter sait y faire avec une caméra - et pas qu'un peu.
Et rien que ça, après toutes les bouses floues et mal cadrées que l'on doit s'envoyer à longueur de festoche, et bien ça repose et puis ça fait plaisir !

Cote: *** (juste pour faire chier, na !)

24. "Monsters" de Gareth Edwards (USA).
Six ans après la découverte d'une forme de vie extraterrestre et son arrivée sur Terre après la désintégration accidentelle d'une sonde au-dessus du Mexique, les autorités tentent de circonscrire une éventuelle invasion par la création d'une zone de sécurité entre les Etats-Unis et le Mexique. Un reporter est chargé par son patron de ramener la fille de celui-ci au bercail... et se retrouve forcé de traverser la zone infectée.
Bon, ça a pas coûté cher, c'est fait avec peu de moyen (mais chapeau aux - rares -effets spéciaux), c'est en grande partie improvisé (un peu trop quand on en vient aux dialogues, ridicules, d'ailleurs) et on sent bien la métaphore sur l'Amérique en proie à la menace terroriste ainsi que la charge envers sa politique d'immigration (ou l'un, ou l'autre, je ne sais plus et, après tout, chacun est libre de se faire son propre film dans le film, hein).
Mais bon, ce truc qui lorgne nettement du côté de "District 9" et de "Cloverfield", malgré toutes ses bonnes intentions et le buzz qu'il a - une fois de plus - généré est surtout assez implacablement chiant.
Il ne se passe pour ainsi dire rien, ou si peu, c'est de nouveau à peine filmé, à peine mis en scène, la direction d'acteur est pour le moins approximative et - une fois de plus, je le répète - les dialogues sont à se pisser dessus de par leur comique involontaire ("et sinon... est-ce que tu as un animal de compagnie ?").
Bref, encore un truc survendu et inepte, ni fait ni à faire, sans beaucoup d'intérêt ni d'enjeu (à part peut-être le fait d'être le témoin involontaire d'une parade nuptiale de poulpes de l'espace, sensé représenter l'amour naissant entre les deux protagonistes). Une promenade dans la jungle, quoi... Un film de vacances.
(Baille...)

Cote: *

Et à l'année prochaine.