lundi 4 avril 2011



We Want Sex Equality !* "

Made in Dagenham" de Nigel Cole (UK); avec Sally Hawkins, Bob Hoskins, Miranda Richardson, Daniel Mays, Rosamund Pike, Geraldine James...

1968. Dans l'usine Ford de Dagenham, dans la banlieue de Londres, certaines consciences s'éveillent: pourquoi les femmes sont-elles moins payées que les hommes, à travail égal voire plus éprouvant ? Sans en avoir l'air et sans même vraiment s'en rendre compte, Rita O'Grady, ouvrière effacée, épouse modèle et mère de deux enfants va malgré elle devenir une sorte de leader syndical et se réveler en oratrice pugnace et engagée. Mais les hommes, maris, ouvriers, patrons vont-ils être à l'écoute ?

Le gros problème de "Made in Dagenham" arrive quand le film est fini ou presque. Comme souvent dans ce genre d'opus "inspiré d'une histoire vraie" (visiblement la grève des femmes de l'usine de Dagenham est un épisode important de l'histoire sociale anglaise et ce n'est pas la moindre des qualités du film que de nous la faire découvrir), le mètrage se termine par une série de "cartons" expliquant les implications "historiques" de l'affaire, genre "quelques années plus tard...".

Or, ici, le premier nous indique que l'espèce de "pacte" passé entre les ouvrières et la ministre interprétée par Miranda Richardson eu bientôt (en 1970) force de loi et que depuis, l'égalité des salaires en Grande-Bretagne et "dans une grande partie du monde" est devenue réalité...

Révisionnisme ? Maladresse ?

Toujours est-il que, plus de 40 ans après et quoi qu'en disent les auteurs, nous semblons encore bien loin du compte...

Le second, encore plus ambigu, explique que, depuis l'affaire, la firme Ford a changé son fusil d'épaule quand à sa politique de discrimination sexiste et est "régulièrement citée comme un modèle du genre" en matière d'avancée sociale.

Placement de produit machiavélique ?
Pub à peine déguisée ?
Excuses dues pour outrage à l'entreprise tout au long du film ?
Pire (?)... Propagande et éloge en tapinois à la gloire du Grand Capital ?

Mystère et boules de bite mais toujours est-il que ce final bizarroïde laisse un drôle de goût de ferraille dans la bouche.

Mais, allez, disons-nous que baste, qu'on verra après et qu'on passe au-dessus...

Oui. Mais alors quoi ?

Le film en lui-même, que vaut-il ?

Eh bien, disons que, dans un genre qu'affectionnent particulièrement les rosbifs, à savoir la comédie sociale ("The Full Monty", "Billy Elliot", "Calendar Girls" du même Nigel Cole qui abordait déjà sans en avoir l'air et de manière légère le thème de la condition féminine ou encore "Les Virtuoses" avec feu Pete-je-sais-jamais-où-foutre-le-"h"...) et sans pour autant être honteux - loin s'en faut, même - "Made in Dagenham" se situe quand même dans la partie inférieure de l'échelle.

La faute à un scénario trop convenu, qui accumule les scènes téléphonées (la nouvelle copine qui s'avère être la femme du patron, le mari délaissé qui râle puis reconnait ses erreurs...), les raccourcis saisissants (ça à beau être inspiré d'une histoire vraie, on a du mal à croire au discours devant les syndicalistes et surtout à l'accord final avec la ministre qui tient tête à elle seule à tout un système économique et politique) et les sous-intrigues inutiles et joue surtout un petit peu trop sur la corde sensible "Envoyez les Violons" style.

Alors bon, oui, on rit on pleure, une heure trente de bonheur, c'est vrai.

Car il y a aussi ici pas mal de trucs réussis.

Tant au niveau drame que du point de vue comédie.
Et le film tient son rang dans le registre social (les hommes en général et les syndicats en particulier, avec leur petit discours paternaliste, en prennent pour leur grade). Le vrai plaisir du film étant, comme toujours avec les films britanniques, à chercher du côté de l'interprétation. Sally Hawkins dans un registre éloigné mais pas tant que ça de celui qu'elle affichait dans le "Be Happy" de Mike Leigh est une fois encore parfaite. Bob Hoskins régale en chef de service progressiste et pudibond. Et Rosamund Pike émeut vraiment en épouse délaissée (la scène où elle déclare son soutien à la cause de Rita en avouant que malgré ses diplômes son mari la traite comme une potiche est sans doute la plus émouvante du film).

La somme de ces parties donne donc à l'arrivée un petit film plaisant et -pourrait-on presque dire - "mignon".

Ce qui, quand on le remet en perspective avec son sujet, revient quasiment à dire qu'il est passé à côté d'icelui, non ?

Oui mais bon... Allez, c'est pas grave...

Quoi que... Vraiment ?...


Cote: **




(* C'est le titre "français" du film ! Où va-t-on, je vous le demande ?)

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