jeudi 27 mars 2008



Le retour de la chetron sauvage!

"MR 73" d'Olivier Marchal (F); avec Daniel Auteuil, Olivia Bonamy, Philippe Nahon, Catherine Marchal, Gérald Laroche, Francis Renaud...

Louis Schneider, flic au SRPJ de Marseille traque un mystérieux serial-killer. Rattrapé par l'alcool et les fantômes du passé il est bientôt mis à pied mais s'entête... Parallèlement, la jeune Justine dont les parents ont été assassiné bien des années auparavant dans des conditions atroces doit faire face à la prochaine mise en liberté du tueur, Charles Subra...

Après un premier film plutôt caricatural ("Gangsters"), Olivier Marchal nous avait assez agréablement surpris, il y a deux ou trois ans, en proposant "36 Quai des Orfèvres", polar à la française tout ce qu'il y avait de réussi.
Un film policier sobre, racé et élégant qui n'oubliait pas d'aller fouiller dans les zones d'ombres de ses protagonistes...

De zones d'ombres, il est encore question ici à travers le personnage lessivé, nettoyé, au bout du rouleau, quasi mort de Louis Schneider, flic brisé par un accident qui a laissé sa femme dans le coma, complètement ravagé par l'alcool et la dépression au point qu'il en vient à adopter un comportement quasi suicidaire, surtout du point de vue professionnel...

Et c'est évidemment lui qui fait l'intérêt de ce nouveau film d'Olivier Marchal.
Lui et son interprête, Daniel Auteuil...

Etonnant, visiblement très investi dans son rôle, méconnaissable avec ses cheveux gras, sa barbe de cinq jours et cette invraisemblable paire de lunettes seventies qu'il trimballe tout au long du film, l'acteur, beaucoup plus convainquant ici qu'en gangster dans le récent "Deuxième Souffle" de Corneau, traverse le film comme un fantôme, arrivant à donner corps au personnage sans jamais pour autant sombrer dans la performance gratuite.
On le remerciera d'apporter au film ses scènes les plus fortes et les plus chargées en émotion brute.

La réalisation fait ensuite beaucoup pour emporter le spectateur dans l'univers glauque, sombre et violent de cette double course au tueur en jouant admirablement avec les codes du film noir (il pleut tout au long du film ou presque, par exemple), en se servant efficacement de la lumière et des clairs-obscurs et en transcendant, par sa maitrise et la qualité du montage, le quotidien des flics et de ceux qui les entourent.

Et c'est d'ailleurs dommage que le reste ne suive pas...

La faute à une direction artistique approximative qui à parfois du mal à ne pas sombrer dans la caricature (la prison quasi moyenâgeuse où est enfermé Subra, entre autre...) et à d'évidentes velléités du réalisateur d'assaisonner son film d'embarassantes références aux films de serial-killers américains.
Velléités d'autant plus absurdes et inutiles que le film, avec son côté un peu documentaire, s'en serait très bien passé, merci.

L'autre problème - et il est de taille - est que les deux histoires qui se construisent en parallèle sont trop autonomes pour arriver à se rencontrer sans que cela ne fasse de casse.
Du coup, leur superposition et leur crossover final parait vraiment trop artificiel et laisse en fin de compte le spectateur sur le carreau, lui donnant l'impression que les scénaristes ont vraiment forcé à l'extrême pour que les pièces s'emboitent, sans jamais y arriver complètement.

Dommage, vraiment dommage, car on avait envie d'aimer jusqu'au bout ce film, visiblement le plus personnel dans la filmographie de son auteur.
On avait envie d'apprécier son univers ultra noir, sa violence débridée, si rare dans le cinéma français, ses seconds rôles tous parfaits (Olivia Bonamy et surtout Philippe Nahon, impeccable en tueur faussement repenti) et son étonnante parabole sur la souffrance, presque barbare...

Reste qu'après que la résolution de la première affaire ait été littéralement expédiée avec l'eau du bain le film effectue une sorte de dernier baroud d'honneur avec un final admirable de noirceur que même un épilogue gnan gnan et misérablement téléphoné n'arrivera pas à gâcher.

Et quand on y pense, au fond, c'est déja plus que ce que l'on en demandait.


Cote: **

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vous remercie pour votre travail sur ce blog. Je passe très régulièrement ici sans pour autant laisser de commentaire, mais sachez simplement que j'apprécie beaucoup ce que vous faites et votre manière de rédiger vos critiques. Continuez comme ça! ;)

Cartman a dit…

Arf!

Et bien merci, alors... ;-)