mercredi 12 mars 2008


A vue de nez, il doit être cinq heures...

"Paris" de Cédric Klapisch (F); avec Romain Duris, Juliette Binoche, François Cluzet, Karin Viard, Fabrice Luchini, Mélanie Laurent...

Des maraichers, une boulangère, une étudiante, un chef de chantier, un prof, des top-models... Tous s'entrecroisent dans Paris, sous les yeux d'un jeune danseur malade, à qui la perspective de la mort offre un nouveau regard sur la ville, sur la vie et sur les gens...

Ah la la la... Ce sacré Cédric Klapisch!

Est-ce qu'il ne serait pas trop gentil en fait?
Des années maintenant, qu'à de rares exceptions près ("Ni Pour, Ni Contre (bien au contraire)", par exemple) il nous ressert le même film choral, bourré jusqu'à la gueule de bonnes intentions...

C'est sympatoche, c'est même mignon tout plein mais ça ne pisse pas bien loin et ça ne casse pas trois pattes à un canard, comme on dit...

Alors qu'est-ce qui ici fait que ça marche? Ou pas?

Des situations simples, filmées simplement et avec une générosité, une empathie envers ses personnages que l'on ne trouve jamais démenties?
Certes, mais, malheureusement, pour une situation qui marche (la visite des top-models aux Halles, la scène finale dans le taxi, la fête chez Duris, etc.) il y en a trois qui tombent à plat (en particulier l'espèce de danse de séduction effectuée par Luchini devant Mélanie Laurent, qui se voudrait drôle et ne réussit qu'à être ridicule, voire carrément embarassante).

Des personnages bien dessinés et des acteurs entièrement au service de ceux-ci?
Peut-être, mais certains sont vraiment sacrifiés (le personnage de boulangère incarné par Karin Viard, par exemple) alors que d'autres se taillent une inutile part du lion (la partie Luchini-Laurent, décidément bien encombrante).

Avec l'histoire de Duris et Binoche et de cette relation frère-soeur, l'une s'ouvrant à la vie au contact de l'autre, Klapisch tenait un sujet en or.
Il en tire d'ailleurs les meilleures scènes du film, prouvant par là qu'il pourrait lâcher un jour son sempiternel fond de commerce pour se tourner avec bonheur vers des drames plus intimistes.
Mais ici, à vouloir courir trop de lièvres à la fois, il finit par se disperser et, plutôt que de s'enrichir, les différents saynettes de son film - trop long et trop riche - donnent finalement l'étrange impression de s'annuler.
Ou du moins de ne jamais aboutir.

A quoi bon rajouter toutes ces scènes à propos de l'immigré ivoirien qui tente de rejoindre son frère à Paris si c'est pour totalement l'abandonner en cours de route, par exemple?

Point de vue interprétation c'est également très, très inégal.
Certains acteurs sont réellement lumineux...
En particulier Duris (c'est suffisament étonnant que pour être souligné) et Binoche, bien entendu, mais aussi Mélanie Laurent, Gilles Lelouche ou Julie Ferrier.
D'autres, c'est bien malheureux à dire, sont totalement en roue libre et cabotinent à outrance. C'est le cas de Cluzet ou de Dupontel et bien entendu de Luchini, absolument insupportable dans son numéro d'auto-caricature hystérique.

Quant à la réalisation, elle aussi souffre de cette dychotomie - pour ne pas dire schizophrénie - qui contamine tout le film, écartelée qu'elle est entre classicisme fluide et maniérisme lelouchien à cinq francs six sous (caméra virevoltante, travellings qui donnent le tournis, etc.).

Au final un film peut-être sincère mais décidément trop bancal et surtout trop appliqué que pour convaincre entièrement.

Une sorte de grosse pièce montée qui, si elle émeut sans doute et fait rire parfois, laisse surtout une impression de poids sur l'estomac.

Dommage, c'était bien essayé.

Peut-être la prochaine fois?


Cote: **

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Certaine personne dont toi cours pour aller voir le Klapish qui vient d'arrivé comme d'autre courraient a l'époque voir le dernier Lelouch ou Truffaut.Et bien une bonne nouvelle pour toi tu pourras au BIFFF pour voir le dernier Uwe Boll.

Cartman a dit…

Non, il passe à minuit, j'irais pas. Na!

Et toi roumain, définitivement.