mercredi 29 avril 2009



On brade, on liquide!

Bon, soyons deux minutes sérieux, ici.

Pas possible de continuer comme ça sinon, avec tout le retard accumulé, les films seront déjà en heavy rotation sur AB4 avant que je les aie chroniqués ici.

Donc on va remetrre les pendules à l'heure et expédier les trois critiques de l'hiver 1937 qui restent encore au frigo avant de repartir d'un bon pied, sur de bonnes bases avec des films tout frais et vus tout récemment.

Pour se faire, allez hop: trois critiques en mode rapide!

"Bellamy" de Claude Chabrol (F); avec Gérard Depardieu, Clovis Cornillac, Jacques Gamblin, Marie Bunel, Vahina Giocante, Yves Verhoeven...

Comme chaque année, le commissaire Bellamy passe ses vacances en province dans la maison de sa femme. Seulement cette fois, l'arrivée inopinée de son demi-frère, un peu aventurier, un peu voyou et l'apparition d'un mystérieux personnage qui réclame sa protection tout en s'accusant d'un crime vont bousculer son train-train.

Toujours rien de neuf sous le ciel chabrolien.
Mais bon, il est de ces habitudes dans lesquelles on se complait...
A l'instar des films de Woody Allen, on est content d'être en terrain connu.
Mise en scène volontairement plate, presque atône, musique dissonante, ambiance délétère, petite bourgeoisie de province (cette fois-ci, on est à Nîmes): tout est là et bien là, qui, selon que l'on soit sensible à ce style ou non, participe à la réussite ou à l'échec de l'entreprise.
Jusqu'à l'intrigue, simenonienne et comme d'habitude plus "prétexte" qu'autre chose.
Enfin, rien de neuf...
Si, quand même!
Un bouleversement de taille: la présence dans le rôle-titre du Gros Gégé (vraiment très gros, pour le coup).
C'est ce qui fait toute la particularité et l'intérêt de cet énième chabrol, d'ailleurs: le film c'est Bellamy et Bellamy, c'est lui.
Et il s'intègre de manière tellement naturelle dans l'univers du vieux Claude que l'on serait surpris si ce n'était pas là le début d'une vraie collaboration.
A part ça?
A part ça, rien...
L'intrigue (inspirée d'un fait divers réel, tiens...) est volatile et sans grand intérêt, Cornillac et Gamblin cabotinent, la jolie Vahina masse les pieds du Gros Gérard (beurk!) et tout ça s'oublie aussi facilement que cela s'est laissé regarder.
Ce qui, l'un dans l'autre, n'est vraiment pas peu dire.

Cote: **

"La Fille du RER" d'André Téchiné (F); avec Emilie Dequenne, Michel Blanc, Catherine Deneuve, Nicolas Duvauchelle, Ronit Elkabetz, Mathieu Demy...

Jeanne vit en banlieue avec sa mère. Elle vivote en cherchant vaguement un emploi. Un jour, elle postule pour une place chez le grand avocat Samuel Bleistein. Son univers et celui du ténor du barreau sont à des années-lumières l'un de l'autre. Pourtant, il vont se rencontrer de la manière la plus étonnante qui soit: à cause de l'incroyable mensonge que la jeune fille va un jour construire.

Vaguement inspiré de l'affaire du RER D., le film de Téchiné est finalement plus une étude de caractère qu'autre chose.
C'est pourquoi sa réussite repose beaucoup sur les épaules de ses interprètes.
En tête desquels Emilie Dequenne, émaciée, transfigurée, devenue femme et en cela presque méconnaissable, inquiétante, même, se paye le luxe d'une véritable seconde naissance, dix ans après la révélation "Rosetta" et tant d'années passées à naviguer de rôles un peu creux en films peu vus et peu maîtrisés.
A son image - et à l'image de son personnage, toujours en mouvement - le film fonce comme une balle, traçant, en filigrane et d'angles droits en ruptures abruptes, le portrait nuancé mais forcément évasif d'une femme mal dans sa peau, dans son milieu et dans sa culture.
Les seconds rôles (particulièrement Michel Blanc et Nicolas Duvauchelle) sont au diapason et du coup - aussi un peu grâce à eux - cette "Fille du RER", nerveuse, toute en tension, captive et envoûte réellement. De bout en bout.
Dommage qu'avec cette seconde intrigue sur la famille juive et ses dissenssions, Téchiné ait quelque part voulu trop en faire et qu'il perde un peu son film en cours de route.
Mais qu'importe!
La prestation solaire, à la fois mystérieuse et généreuse d'Emilie Dequenne et l'énérgie qu'elle insuffle au film finissent décidément par emporter le morceau...

Cote: ***

"Le Bal des Actrices" de Maïwenn Le Besco (F); avec Maïwenn Le Besco, Charlotte Rampling, Karin Viard, Julie Depardieu, Romane Bohringer, Jeanne Balibar...

Une réalisatrice décide de tourner un documentaire sur les actrices. Toutes les actrices.

Qu'on ne s'y trompe pas!
Contrairement à ce que son titre laisse évidemment penser (et méfiez-vous de l'affiche, aussi. Les femmes à poil sont dessus, pas dedans) et comme le montre par contre son final en forme de belle pirouette, "Le Bal des Actrices" n'est pas un film sur LES comédiennes.
C'est, dans la droite lignée de son prédécesseur, "Pardonnez-moi!", un film sur Maïwenn.
Et c'est bien ça qui le rend singulier.
Car, à l'image de son auteur, il est multiple et inégal.
Aussi attachant qu'énervant.
Plein de prétention et de morgue mais aussi bourré jusqu'à la gueule de poésie, de légéreté et - oui! - de modestie - quand, de temps en temps il s'efface pour mettre en valeur ses actrices.
Alors oui, bien sûr, forcément devrait-on dire, il y a des hauts et des bas. A boire et à manger.
Pour quelques fulgurances, combien de choses qui tombent à plat (les numéros musicaux, globalement à chier).
Et puis tout le monde n'est pas aussi bien servi.
Si Romane Bohringer, Lin Dan-Pham, Marina Foïs ou - SURTOUT- la magnifique Karole Rocher brillent (Jeanne Balibar, aussi, d'ailleurs, loin de son piètre numéro dans "Sagan"), les "numéros" (oui, le film est construit aussi comme une succession des sketches, forcément) de Muriel Robin, Mélanie Doutey ou même Julie Depardieu, par exemple - et c'est un comble! - s'effondrent bien vite.
Bâclés, moins bien écrits, un peu sacrifiés...
Et c'est justement ce genre de choses qui font que "Le Bal des Actrices", au bout du compte, malgré son côté décousu, touche et émeut...
Sa force c'est son honnêteté, son humanité, ses imperfections.
Son orgueil.
Son humilité.
Son regard.
Ce paradoxe qui fait qu'au bout du compte, il révèle non pas une actrice - à part Maïwenn elle même, qui ferait bien de tourner plus - mais un acteur (Joey Starr, magistral!) aussi, peut-être...
C'est ce qu'on appelle un acte manqué, non?

Cote: ***

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