mercredi 8 avril 2009



Bébé vole...

"Ricky" de François Ozon (F); avec Alexandra Lamy, Sergi Lopez, Mélusine Mayance, André Wilms, Marilyne Even, Arthur Peyret...

Katie, ouvrière à la chaine, mène une existence morne dans une banlieue triste, plantée de HLM, en compagnie de sa fille Lisa. Un jour, à l'usine, elle rencontre Paco. Bientôt les deux vont vivre une histoire d'amour. De laquelle naîtra Ricky, un bébé pas ordinaire...

Bizarre, étrange et fascinant François Ozon.

Drôle de bonhomme qui mérite peut-être autant que ses films la qualification d'OVNI dans le paysage cinématographique français (et même international, d'ailleurs. Après tout...).

Une filmographie fournie et touffue, un rythme de tournage plus que soutenu (dix films en dix ans) et surtout: pas deux films qui se ressemblent!

De la comédie musicale mâtinée d'Agatha Christie ("Huit Femmes") au mélo en costumes ("Angel"), de l'adaptation baroque d'un fait divers sanglant ("Les Amants Criminels") à celle d'une pièce de jeunesses de Fassbinder ("Gouttes d'Eau sur Pierres Brûlantes"), le gaillard n'est jamais là où on l'attend et, depuis ses touts débuts dans le court-métrage ("Une Robe d'Eté" ou surtout le terrifiant "Regarde la Mer"), aura semble-t-il toujours mis un point d'honneur à surprendre, à expérimenter et à se renouveler avec une constance qui force l'admiration, même si l'on est en droit de ne pas adhérer à tous ses partis-pris.

Mieux même: paradoxalement cette volonté de singularité à tout crin l'aura finalement poussé à construire une oeuvre beaucoup plus cohérente, dans son originalité, que la plupart de ses collègues contemporains.

"Ricky" ne déroge évidemment pas à la règle et frappe une fois de plus là où on ne l'attend pas.

C'est un film étonnant, surprenant, à tiroirs...
Multiple malgré son apparente fluidité et sa curieuse simplicité (ainsi que sa courte durée, d'ailleurs).
Un film "déstabilisant", quelque part, et à plus d'un point.
Un de ces films qui se regarde sans effort, malgré son évidente bizarrerie mais qui vous poursuit longtemps après sa vision.
Un de ces films auxquels ont revient tout le temps, sans avoir l'air d'y penser.

Déjà, sa structure est particulière... Il se divise nettement en deux parties.

Dans la première, on a l'impression de tutoyer Ken Loach.
Son quotidien gris, ses usines, ses banlieues, ses personnages usés avant l'heure, coincés dans leurs jobs minables, leurs petites vies...
Dans la seconde, on vire au conte halluciné avec cette histoire de bébé ailé qui semble débouler de nulle part et à laquelle pourtant, singulièrement, on croit.
Grâce à la légèreté de ton, à la grâce des interprêtes - en tête desquels une étonnante Alexandra Lamy, totalement en contre-emploi, ce qui est évidemment une des grandes idées du film - l'aisance discrète de la mise en scène et l'absence totale d'explication, d'analyse.

C'est d'ailleurs ça qui est gai, avec "Ricky", outre une liberté de ton, un mélange de genres inédit et rafraîchissant, surtout dans un cinéma français d'ordinaire tellemment ankylosé: c'est que tout est ouvert, que chacun peut se faire sa petite popote, sa petite idée.

Fantastique pur et dûr, métaphore sociale, "réalisme magique" en action (les ailes de Ricky ne seraient-elles pas un produit de l'imagination de sa soeur, espérant ainsi attirer l'attention d'une mère avec qui elle avait une relation fusionnelle et qui, depuis, quelque peu, la délaisse)?

Rien de tout cela et tout cela à la fois?

Après tout quelque part on s'en fiche et c'est ça qui est beau.
Pas besoin d'explications, de cartésianisme.
"Ricky" s'en passe très bien et fonctionne à merveille tout seul, comme un grand.
L'essentiel étant de se laisser porter par la poésie on pourrait presque dire "onirique" du film.

D'ailleurs, quand il se termine, de manière aussi abrupte qu'il avait commencé, on se retrouve conquis et même comblé par ce qui partait pourtant au départ comme une bizarrerie un peu cul-cul et se révèle au final un petit bijou de ligne claire, laquelle traverse comme un éclair la morosité ambiante de son sujet de départ.

Et on se dit qu'on a bien envie qu'à l'avenir, François Ozon continue à nous surprendre de la sorte.


Cote: ***

5 commentaires:

LE DIABLE a dit…

Et dans celui là il y as des femmes nues

LE DIABLE a dit…

Et les commentaires sur le BIFFF,on va aussi devoir attendre 6 mois avant d'avoir les critiques.Bois moins critique plus.Et avec des femmes nues aussi.

Cartman a dit…

Alexandra Lamy à poil dans "Ricky", oui...

Et dans la mesure ou je bois en ta compagnie pour le moment, comment dirais-je?... Ta gueule!

L'autre... a dit…

L'ozon je le veut dans mon lit!!!!!

Cartman a dit…

Allons bon... Il s'en passe des trucs dès qu'on a le dos tourné, ici...