mardi 14 avril 2009



Bifff 27: Jour 5.

Où l'on n'a rien de spécial à raconter...

Il y a des jours comme ça...

Hier au Bifff: rien de spécial, calme plat.
Pas d'invités, pas de scandale, pas d'animation spectaculaire. Rien.

Alors bien sûr, je pourrais gloser à propos des affreuses featurettes "Unsafe" de Sacha Feiner (chiant, pas drôle) avec Alysson Paradis, mais je préfère garder ça pour plus tard.

Ou faire l'article des chiottes high tech (si, si: high tech!).

Mais non. Rien de tout ça.

Et comme, après tout, hier, les bonnes surprises étaient plutôt sur l'écran, autant parler des films, hein?

10. "Grace" de Paul Solet (USA).
"Rosemary's Baby" version vampire?
Voire...
En tout cas, encore un premier film et encore un coup de maître!
"Grace" est un petit objet filmique (85 minutes) singulier et surtout singulièrement maîtrisé.
Son réalisateur (encore un ch'tit gars à suivre) possède un véritable univers et une vraie vista, même si son style évoque parfois David Lynch ou le côté froid et clinique d'un certain cinéma scandinave (ou britannique, on peut aussi penser à Sean Ellis).
Il ose qui plus est, avec "Grace", toucher à des sujets qui font mal, qui sont limites tabous (la maternité, la relation mère-enfant telle que doublement déclinée ici) en ne s'embarrassant pas de fioritures.
Résultat: le film met délicieusement mal à l'aise tout en évitant soigneusement la surenchère facile.
La photo, magnifique et le rythme, languide mais qui à le bon goût de ne jamais ennuyer, viennent renforcer l'originalité de la mise en scène pour aboutir à une vraie merveille de cinéma indépendant malin et surtout extrèmement original.
Un humour à froid vient gentillement désamorcer les situations les plus potentiellement embarassantes et l'interprétation de Jordan Ladd (une vraie découverte, elle aussi) couronne magnifiquement le tout.
Certe, on pourrait disserter des heures sur les symboles, les métaphores charriés par l'histoire.
Mais pourquoi ne pas se contenter de savourer telle quelle cette petite pépite inattendue au parfum subtil et entêtant?
Cette petite pépite joliment gore, qui plus est...

Cote: ****

11. "No-Do" d'Elio Quiroga (S).
Et encore une bonne surprise, bien que plus relative, pour clôturer la soirée.
Bien sûr, ici on est dans le classique, le très classique même avec cette énième "Histoire de Fantômes Espagnols" servie par le réalisateur de l'honorable "Hora Fria" (Bifff 2006).
On ne peut même pas dire que le film évite les clichés.
On pense à plein de choses, de "L'Exorciste" à Balaguero, de "L'Orphelinat" (en mille fois mieux, je vous rassure) à "Hantise" ou même à Dario Argento (si, si, sur la fin).
Mais tout ça n'est vraiment pas mal emballé, utilisant de manière assez inédite les actualités de l'époque franquiste (les "No-Do" du titre) et se permettant même une charge (légère mais bien présente) contre le régime de l'ancien dictateur et surtout envers l'église catholique avec laquelle il entretenait des liens étroits et pour le moins ambigus (ce n'est pas pour autant un film politique, loin de là mais bon, quand même...).
Le tout est très bien illustré par Quiroga, dont le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'est pas manchot dès qu'il s'agit de manier la caméra, et porté par l'interprétation impeccable de l'éternelle revenante (KOLLOSSAL JEU DE MOTS) Ana Torrent ("Cria Cuervos", "Tesis"...).
A l'arrivée, rien de nouveau sous le soleil (ou plutôt sous la pleine lune), c'est sur!
Mais voilà bien justement un film qui vous fait dire que, de temps en temps, la tradition à du bon.

Cote: ** (mais bien tassées et bien méritées, cette fois).

Ce soir: "Outlander" et "Red".
Demain: "Star Trek", "Flawless" et "Death Bell".

14 commentaires:

Anonyme a dit…

Sacha, ici...
Il est certain que les UNSAFE sont desservis par beaucoup de facteurs...
Pour ce qui est de l'aspect purement technique, le premier problème est le son, qui reste réglé pour la projection pelloche, très différente des beta sp au niveau des basses et du volume. L'ambiance sonore en souffre beaucoup et j'en suis déçu à chaque fois (après deux mois à fonds perdus là-dessus à 20h par jour, il y a de quoi). Et on a beau demander; ils s'en tapent.
Ensuite, il s'agit plus d'un court-métrage divisé en 10, et je dois reconnaître que la vision de certaines capsules seules peut ne pas rendre compte de l'intérêt de l'ensemble. L'univers se ramifie au fur et à mesure des 10 épisodes et ne prend son sens qu'une fois complet...
Bon, à part ça, j'assume complètement le contenu, qui représente ce que j'ai à dire aujourd'hui (et qui n'est pas très différent des WIP de 2007) même si la mise en forme rébarbative (mais qui me paraît cohérente avec l'univers présenté) et les conditions de projection peuvent priver les plus exigeants en matière de "divertissement" de quelque chose.

Mis à part ça, si le propos ne vous interpelle pas, là c'est autre chose, mais j'avoue que les conditions de projection ne plaident pas en la faveur du projet; j'espère que ceux qui n'adhèrent pas auront la patience de s'impliquer suffisamment pour avoir la vue d'ensemble nécessaire.

Cartman a dit…

Eh bien merci pour cette mise au point, Sacha.

Effectivement le son est particulièrement problématique. C'est l'une des choses qui dessert le plus l'ensemble il faut bien l'avouer.

Le contenu ne me parle pas, enfin "pas trop", effectivement, c'est une autre histoire. Je le trouve assez brumeux, laborieux et pour tout dire souvent à la limite du compréhensible (le fait que l'on ne comprenne souvent qu'à moitié ce que dit l'hôtesse y est là aussi certainement pour beaucoup, je vous l'accorde). Mais bon, après tout, ce n'est que mon avis, hein...

Reste à dire que techniquement et visuellement c'est quand même, comme toujours, un solide boulot (surtout que c'est visiblement fait avec des brols de récup), il faut bien le dire. Et que j'aimais aussi beaucoup (beaucoup PLUS, même) ce que vous faisiez les deux années précédentes... On ne peut pas adhérer à tout, hein. Gageons que j'apprécierai plus votre travail futur.
Vous avez Et ça ne court pas les rues donc vous faites bien de le cultiver.

Pour conclure et pour en revenir à "Unsafe", la question qui peut se poser aussi, si vous aviez vraiment un "message" à faire passer et si, comme vous le dites, "Unsafe" doit s'apréhender et s'apprécier dans son ensemble, c'est "est-ce que le Bifff était alors le meilleur endroit pour présenter ce genre de travail"?

Ou, formulé différemment - à l'envers - comme c'est visiblement une commande du Bifff, n'était-ce pas un projet un peu trop ambitieux pour une manifestation de ce type?

Quoi qu'il en soit, continuez ce que vous faites, ça en vaut certainement la peine.

Cartman a dit…

"vous avez un vrai univers" fallait-t-il lire, donc, la moitié de la phrase étant restée dans mon clavier.

LE DIABLE a dit…

C'est de la MERDE les Unsafes

Cartman a dit…

Mouarf!

Quelle diplomatie, quelle finesse, quel tact. Je te reconnais bien là.

A part ça je ne comprends toujours pas le délire "il faut voir l'ensemble" parce que là je viens de voir mon 17 film au Bifff et j'ai toujours pas vu plus de quatre "Unsafe" différents. Pour la cohérence du projet, je m'excuse mais c'est quand même un peu loupé.

Et puis je reste persuadé - et nous en avons ici la preuve en images, c'est le cas de le dire - que si la forme n'est pas adéquate, le message ne suit pas.

Et malheureusement, j'ai beau faire des efforts, je trouve que ça reste le cas ici.

Le but est peut-être louable, certainement même, mais dans le cas qui nous occupe, c'est un peu loupé; problèmes techniques ou non.

Et c'est malheureux d'ailleurs, parce que je veux bien imaginer que 1. vous êtes sincère dans votre démarche et que 2. vous devez vous être très, très fort investit dans l'affaire, à tout point de vue et que ça doit pas être gai de voir tout ce travail platement critiqué.

Mais bon, relativisons, ce n'est jamais que l'avis d'un snul lambda parmis des centaines, s'exprimant sur un blog que personne ne lit.

Thus: keep on the good work, Sacha!

Cartman a dit…

"17ème film", bordel de clavier roumain!

Cartman a dit…

Et pour la cohérence, ne venez pas me dire "faut acheter le DVD", hein! Je vous vois venir! ;-)))

Comment?

Je parle tout seul?

Ah bon...

Sacha a dit…

Hum, quoi qu'il en soit, vous en faites pas, l'année prochaine vous aurez un magicien à la place de tout ça; comme ils comptaient le faire cette année jusqu'à ce que Paradis dise oui...

Cartman a dit…

Allons bon...

Eh ben on n'est pas dans la merde...

Non mais, comment dire... J'aime bien votre boulot mais les "Unsafe"... Rien à faire...

"On avait compris" me direz-vous...

Oui.

Bref...

LE DIABLE a dit…

Ho oui un magicien a la place de ces chiatissants UNSAFE. Voilà une grande idée. De la MERDE...

Sacha a dit…

Ouéééé super!!! le diable est dans la salle, avec sa répartie incomparable tout droit sortie des enfers...

Cartman a dit…

Allez, du calme dans la baraque, ici!

Anonyme a dit…

No-Do un bon film ? Ouch, on a pas vu la meme projection alors. Certes, le film n'est pas mauvais, mais dans le genre accumulation de clichés... Tout est tellement prévisible. Dommage.

Cartman a dit…

Oui, je sais, c'est très classique mais ça m'a bien plu, sur le moment. Faut dire qu'on m'avait conditionné en me répétant que c'était une grosse merde... Du coup c'était presque une bonne surprise.

Maintenant, j'ai jamais dit non plus que c'était génial, hein. Et puis, quand c'est le Bifff j'ai tendance a être plus indulgent (vis-à-vis des films, en tout cas).