dimanche 4 avril 2010


Et les momrats ?

"Alice au Pays des Merveilles" de Tim Burton (USA); avec Mia Waskikowska, Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Crispin Glover, Anne Hathaway, Alan Rickman...

Alice, bientôt 20 ans, est demandée en mariage par un jeune noblion qui ne lui plaît pas. Lors de la garden party organisée à cette occasion par leur familles respectives, elle croit voir filer un lapin blanc dans les buissons. Intriguée, elle fuit la fête, poursuit l'animal et finit par tomber dans un trou. Après cette chute vertigineuse, la voila de retour au Pays des Merveilles. Un Pays des Merveilles forcé de vivre depuis quelques temps sous le joug despotique de la terrible Reine de Coeur...

Avant toute chose, expédions en vitesse le chapitre consacré à la 3D.

Car, oui, "Alice..." était bel et bien le tout premier film que je voyais sur ce nouveau "support" (si l'on excepte le dernier quart d'heure de "La Fin de Freddy" et l'expérience malheureuse d'une "Etrange Créature du La Noir" télévisuelle. Mais ce n'était pas du tout le même genre de 3D, il faut bien le dire).
Et bien, pour tout vous dire, je n'ai été que moyennement impressionné.

Peut-être était-ce dû au film en lui-même qui se prètait moins à la technique - il paraît que, de ce point de vue-là, "Avatar" était d'un tout autre tonneau - mais je m'attendais à être beaucoup plus secoué que ça.

Pas que je ne l'ai pas été du tout, hein...
Non, il y a des moments réellements étonnants - paradoxalement plus dans les petits détails que dans les grosses scènes spectaculaires qui ont visiblement été tournées pour mettre en valeur le système, d'ailleurs.
Mais bon, ça reste l'un dans l'autre beaucoup moins tarazimboumant que prévu - même si c'est très chouette.
Un peu comme croire que l'on monte sur la Space Mountain pour se retrouver au dernier moment embarqué sur le Petit Train de la Mine.

Mais à part ça, foin de considérations techniques, on peut heureusement dire, car c'est bien là l'essentiel, que le film en lui-même est une belle réussite.
On pourrait même avancer - allez, n'ayons une fois encore pas peur des comparaisons ni des superlatifs - qu'il s'agit là du meilleur Burton depuis "Sleepy Hollow" (mon préféré et donc le meilleur de tous en ce qui me concerne).

La première grande force de cette nouvelle adaptation, c'est que Burton, que l'on croyait pourtant né pour porter à l'écran le roman de Lewis Carroll, a avoué n'avoir jamais vraiment apprécié l'oeuvre, qu'il trouvait trop décousue.
Et qu'il lui a donc "inventé" une intrigue (dans le bouquin, Alice se contente de passer d'une aventure à une autre sans qu'il n'y ait vriment de finalité).
Et ça marche !
D'autant plus qu'en dehors de ce tour de magie scénaristique le film reste très fidèle aux péripéties originelles.
Et qu'il se paye le luxe d'être en plus une véritable oeuvre burtonienne, qui recycle toutes ses préoccupations tout en restant fidèle à son univers visuel unique (très "Mister Jack", "Sleepy Hollow", justement, dans le cas qui nous occupe).

Et de ce côté-là, on peut dire qu'on en a largement pour son argent...

C'est magnifique, foisonnant, à la fois sombre et lumineux, toujours ludique, toujours inventif, techniquement très maîtrisé - les CGI et autres motion-captures s'intégrant très bien à l'univers "live" et réciproquement - bref, un vrai régal pour les yeux et pour l'imagination...

La seconde idée de génie étant - et c'est là plus étonnant de la part d'un Burton pourtant peut enclin au commentaire social* - de faire d'Alice non plus une enfant mais une femme, qui plus est "sexualisée" (discrètement, ça reste du Disney, mais quand même) et émancipée.

Ce qui replace le conte dans un contexte sociétal, presque psychanalytique - voire politique - des plus étonnants et des plus passionnants.

De ce point de vue, la performance de la jeune et prometteuse Mia Wasikowska, à la fois enfantine et, passez-moi l'expression, "sévèrement burnée" (ains que celles, azimutées, d'Helena Bonham Carter et d'un Johnny Depp malheureusement un peu trop en roue libre) tire le film vers des horizons insoupçonnés, des recoins sombres dans lesquels se cachent des secrets pas toujours avouables.

Achevant en cela de rendre justice au génie étrange et biscornu d'un livre qu'il serait peut-être bon d'un jour réellement (re)découvrir...


Cote: ***

(* Quoi que. Oui, bon...)

2 commentaires:

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