lundi 2 avril 2007



Le blues du bobo.


"Par Effraction" (Breaking and Entering); d'Anthony Minghella (USA). Avec Jude law, Juliette Binoche, Robin Wright, Martin Freeman, Vera Farmiga, Ray Winstone...

Will, architecte-paysagiste au couple en crise vient d'installer son cabinet dans le quartier londonien de King's Cross qu'il est en partie chargé de réhabiliter. Ses bureaux attirent bien vite une bande locale qui les cambriole à plusieurs reprises. Un soir, Will suit l'un deux, un jeune garçon, jusque chez sa mère, une réfugiée bosniaque...

Avouons-le d'entrée: je n'ai jamais été vraiment fan du cinéma de Minghella.
Ni de ses soufflés à Oscars ("Le Patient Anglais", "Retour à Cold Mountain") ni de ses comédies romantiques cul-cul ("Truly, Madly, Deeply", "Mister Wonderful")...
Au mieux, je trouve qu'il sert honnêtement les auteurs qu'il adapte ("Le Talentueux Monsieur Ripley", d'après Highsmith) au pire qu'il les noie sous des torrents d'effets à deux balles ("Le Patient..." ou "Cold Mountain", justement).
Mais comme chez Joel Schumacher - bien que lui j'en soit revenu, quand même! - il y a toujours un truc qui fait que je vais voir ses films.
Une sorte d'espoir, quelque chose qui me fait dire "espérons que celui-ci sera moins grave"...

"Par Effraction" n'échappe donc pas à la règle.
Et, comme d'habitude, la déception est au rendez-vous!

Oh! Pas que ce soit vraiment un mauvais film, non.
Ca se laisse même voir sans déplaisir...
Mais il y a toujours quelque chose qui vous empêche d'y croire, d'y adhérer complètement.

D'abord parce que, sous le glacis de bons sentiments, on se demande si Minghella y croit vraiment. S'il a vraiment de la sympathie pour ses personnages ou s'il n'est pas plutôt motivé par une sorte de cynisme, à l'instar du personnage de Jude Law qui, même lorsqu'il veut et croit aider, passe à côté des vrais enjeux.

Ensuite parce que niveau "cinéma social", la Grande-Bretagne est quand même dotée d'autres pointures.
N'est pas Ken Loach - ou même Mike Leigh - qui veut...

En ce sens, la première partie du film, sorte de "thriller sociologique" est assez réussie, surtout quand elle se concentre sur les problèmes relationnels entre Will, sa compagne et la fille autiste de celle-ci (Poppy Rogers, une vraie révélation).
Une fois passé ce cap, Minghella s'enlise dans les thèmes de société bateaux (immigration, réfugiés, problème d'insertion, guerre en ex-Yougoslavie) jusqu'à flirter carrément avec la démagogie.

Et ce n'est pas le "rebondissement final" larmoyant, attendu et finalement très politiquement correct qui arrangera les choses.

Pour le reste, la mise en scène est à l'image du film: pleine de bonnes intentions mais en fin de compte très froide et très clinique.

Jude Law et Robin Wright sont impeccables, comme souvent (enfin, pour Robin Wright s'est moins évident. En fait, pour être tout à fait honnête, c'est sans doute la première fois que je la remarque vraiment dans un film...).
Juliette Binoche est très bien aussi mais son accent bosniaque est toujours à deux doigts de faire sombrer le film dans le comique involontaire.
C'est bien simple on dirait Boris Karloff ou Bela Lugosi ("the childrrrren of the nightt, vat sveet muzik they make!", ce genres de choses... On s'attend presque à ce qu'elle termine ses phrases par "... Herr Doktor Frankenstein"! Ah! Ah!).
Et Vera Farmiga cabotine de manière totalement insupportable dans un rôle de pute russe dont on se demande ce qu'il vient rajouter à l'histoire.
On l'aura compris: point de vue interprétation c'est aussi fourre-tout que le casting (des anglais, une française, deux américaines, des bosniaques. Un beau melting-pot en fin de compte).

Bref, détaché de tout cela on se désintéresse progressivement de l'histoire et des silhouettes qui s'y agitent un peu vainement et on finit par se dire que le "personnage" le plus attachant de l'histoire c'est finalement Londres, filmée de manière totalement inédite...

Mais bon voilà, on avouera que c'est peu... Non?

Côte: *

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