Au Service Discret de Sa Majesté...
"La Cité Interdite" (Man cheng jin dai huang jin jia); de Zhang Yimou (Chine). Avec Gong Li, Chow Yun-Fat...
Dans la Chine du Xème siècle, sous la Dynastie Tang, l'Empereur revient au Palais après plusieurs mois d'absence pour constater que celui-ci est le théatre d'intrigues diverses.
Un complot se trâme, mené par l'Impératrice elle-même...
Ne tournons pas autour du pot: si l'on s'intéresse au nouveau film de Zhang Yimou, entre la fresque historique classique et son récent virage "film de sabre", ce n'est pas tant pour son histoire - intrigues de palais assez plans-plans - que pour son traitement et surtout pour son arrière-plan, quasiment documentaire...
Tout d'abord, le traitement est hors normes, énorme, bigger than life!
Yimou y met tout son savoir-faire de metteur en scène d'opéra!
Tout son sens de la démesure, aussi...
Les décors, les costumes, les figurants, les accessoires, tout, absolument tout, est dopé, souligné, surexposé, luxueux, chatoyant, gigantesque!
C'est tellement surchargé d'ors et de parures, de rose et de clinquant que c'est toujours à deux doigts de sombrer dans le kitsch le plus gluant.
Sans jamais y arriver...
Car l'écrin est à la hauteur du drame: shakespearien dans ce qu'il a à la fois de plus classique et de plus spectaculaire!
L'arrière-plan, quant à lui, est réellement passionnant!
La reconstitution quasi-entomologique de la vie au palais est en effet ultra soignée et les scènes
au cours desquelles l'armée de domestiques se livre à des rituels opaques et étrangement répétitifs font la véritable force du film. Elles nous laissent littéralement pantois, ocidentaux que nous sommes, arrêtés à la lisière d'un monde étrange et mille fois plus exotique que le plus surréaliste des space-operas!
Sur la fin, "La Cité Interdite" se laisse néanmoins rattraper par son véritable sujet et semble - pour un temps du moins - retoucher terre...
Mais ce n'est que pour mieux rebondir, en direction cette fois d'un final épique et vraiment très spectaculaire (bien que quasiment dépourvu d'effets spéciaux, le figurant chinois coutant au bout du compte moins cher) bizarrement proche du "Seigneur des Anneaux" (ou de "Star Wars", si vous préférez).
Certes, tout ça ne manque pas de longueur et le scénario, bien qu'alambiqué et truffé de retournement de situation nourris d'inceste et d'adultère, n'est pas vraiment des plus inattendus.
Mais il y a dans cette fresque gonflée et grasse comme un loukoum plus de souffle épique qu'il n'en faut pour tenir une année.
Le truc c'est que ça donne juste envie d'entamer un régime basses calories*...
Côte: **
(*sans commentaires, merci! )
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