lundi 21 avril 2008



La vie ferroviaire.

"A Bord du Darjeeling Limited" (The Darjeeling Limited) de Wes Anderson (USA); avec Owen Wilson, Adrien Brody, Jason Schwartzman, Anjelica Huston, Bill Murray, Natalie Portman...

Trois frères qui ne s'étaient plus parlés depuis la mort de leur père décident d'effectuer un long voyage en train à travers l'Inde afin de renouer contact et, accessoirement, de retrouver leur mère, absente des funérailles...

Sofia Coppola exceptée, j'ai toujours considéré avec une légère méfiance la bande de cinéastes new-yorkais arty-branchouilles constituée entre autre de Wes Anderson, Spike Jonze, David O. Russell et Charlie Kaufman (auquels ont peut légitimement rajouter le français Michel Gondry, dans un style fort similaire).
Des jeune gens doués, très doués, même, il est vrai, mais affichant une morgue un peu trop intello-branchaga pour être honnête et pratiquant un cinéma certes intéressant mais trop dépourvu d'enjeu pour vraiment sembler convaincant.
Une sorte de cinéma gadget un peu creux et surtout gonflé de suffisance et, ce qui est pire encore, empreint d'un certain mépris pour son public...

En ce sens, les deux précédents films de Wes Anderson, sympathiques mais volatils, m'avaient laissés avec un sérieux goût de trop peu en bouche.
Même s'il faut leur reconnaitre pas mal de qualités, ils ressemblaient encore trop à une espèce d'exercice de style pour étudiant en école de cinéma mâtinée d'une bonne dose de pipeautage potache.
Brillants mais creux et un peu vains, pour tout dire...

Etonnant donc que ce soient quasiment ces mêmes défauts qui se transforment ici en qualités et font de ce "Darjeeling Limited" la première vraie réussite de leur auteur. Même si on se demande encore parfois (souvent?) où il veut bien en venir.
Ou plutôt; où il peut bien vouloir nous mener...

A l'image de ses prédécesseurs, le film se construit en creux et, somme toute, sur très peu de choses.
C'est léger, frais et ensoleillé mais aussi, mine de rien, mené à un rythme d'enfer, même si cela emprunte suffisament de chemins de traverse. De ceux qui peuvent laisser perplexe...
Quitte même à dérailler véritablement, au propre comme au figuré.

Mais ce sont toutes ces petites choses, ces scènes aparement anodines mais merveilleusement décalées, enfilées les unes après les autres comme autant de petites perles chatoyantes qui transforment ce périple new age et burlesque en une comédie existentielle loufoque et curieusement nostalgique devant laquelle on se retrouve, au bout du compte, aussi étonné que ravi.

Techniquement, le brave Wes prouve une fois de plus qu'il est loin d'être manchot et son sens du cadre (de la symétrie, même), de la lumière et des couleurs font mouche plus d'une fois.
D'autant que, comme dans "La Vie Aquatique", les dialogues ne sont pas non plus en reste, comblant les vides d'une narration parfois un peu trop lâche et les trous d'un scénario souvent par trop éclaté...

Mais ce qui rend l'ensemble vraiment attachant, c'est avant tout l'interprétation de trois comédiens littérallement en état de grâce.
Chacun ici fait des merveilles et l'on n'oubliera pas de si tôt les personnages qu'ils incarnent avec une jubilation presque palpable...
Les bandages d'Owen Wilson, les médocs d'Adrien Brody et surtout les pieds nus et l'improbable moustache d'un Jason Schwartzman impérial, qui se pose en véritable révélation du film (dont il a par ailleurs co-écrit le scénario) resteront longtemps imprimé dans nos mémoires.

Alors bien sûr, Wes Anderson se disperse parfois un peu trop, son penchant pour les gimmicks faciles et le côté "gadget" de sa réalisation prennent parfois un peu trop le dessus (le court-métrage d'introduction, par exemple. C'est rigolo, OK, mais pas vraiment indispensable) mais dans l'ensemble ce vrai-faux voyage initiatique de trois enfants gâtés et à côté de leurs pompes regorge de suffisament de trouvailles, d'humour et d'agréable mélancolie pour que l'on aie envie de le prolonger le plus longtemps possible...

Et une chose est sûre, entre autres détails: c'est qu'après ça on n'écoutera plus jamais Joe Dassin de la même manière...

Cote: ***

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne s'avais pas que tu étais un grand fan de Joe Dassin , a quand une reprise ?

Cartman a dit…

Plutôt crever!