mercredi 9 avril 2008


Bifff 26: Jour 10.


Où l'on part à la recherche le Prix de la Sabam...

Grand moment de vaudeville à la limite du surréalisme ce samedi, lors de la remise des prix de la compétition des courts-métrages...

Le jury monte sur scène, on commence à égréner les prix, quand soudain, le présentateur semble se souvenir de l'existence d'un Prix de la Sabam.
Une brave dame rejoint le podium, agitant une envelloppe contenant visiblement 2.500 euros, le montant dudit prix, et demande à ce que l'on fasse connaitre l'identité du vainqueur.
Regards perplexes dans le jury: visiblement on n'a jamais entendu parler de ce mystérieux prix...
Début de brouhaha, on continue la céremonie, mais Madame Sabam ne lache pas le morceau pour autant. Saisissant le micro, elle revient à la charge et commence à partir en vrille... Elle exige que le prix soit remis, s'insurge que le jury soit présent mais qu'aucun vainqueur ne soit désigné, réclame même qu'on désigne celui-ci sur le champ, bref, c'est du délire...
le prix a-t-il été oublié ou les membres du jury n'étaient-ils même pas au courant de son existence? Mystère!

L'ineffable présentateur tente de calmer les esprits, rien n'y fait: le public s'échauffe - Dame! Il attend son film... - les membres du jury semblent de plus en plus embarassés...

En fin de compte, au terme d'interminables palabres, la bobonne accepte de lâcher son micro et de quitter la scène après promesse que son prix trouvera un récipiendaire et que tout cela sera réglé en coulisses.

Quand on vous disait que ce festival n'était pas comme les autres...

A noter également que le vainqueur du Prix du Public a profité de l'occasion pour dire que l'accueil réservé par le festival était l'un des pires qu'il ait vu de toute sa carrière et qu'il était bien content de gagner ce prix parce que le public, lui au moins, était accueillant.
Dix minutes plus tard il recevait également le Grand Prix qu'il venait chercher dans un silence de mort...

Du tout grand art...

Mais bon, allez, trève de digressions, les films...

20. "Frontières(s) " de Xavier Gens (F).
Il y a un gros problème avec le film de Xavier Gens, qui le rend d'entrée de jeu difficile à avaler: il part du principe que des cailleras de banlieue tombent entre les mains d'une famille de nazis dégénérés obsédée par la "race pure" qui élimine les mecs et capturent la seule fille du groupe, enceinte qui plus est, pour qu'elle épouse un des leurs afin de perpétuer sa descendance...
Problème: la fille s'appelle Yasmina et c'est une beurette. L'enfant qu'elle porte est tout le moins à demi maghrébin. Comment une bande de fanatiques du "sang pur" peut-elle s'emparer de ce qu'elle considère comme des sous-hommes afin de continuer sa lignée?
Ca ne tient tout simplement pas debout...
A part ça, "Frontière(s)" est un survival couillu, ultra violent et ultra gore, efficacement mené, criblé de références aux films de genre des années 70/80 et qui contient même quelques vraies bonnes idées de mise en scène (une scène extrèmement claustrophobique dans les boyaux d'une mine désaffectée, entre autre...) mais surtout vraiment très con, terriblement mal interprété (mention spéciale à Samuel Le Bihan et Estelle Lefébure, tout deux mauvais comme des cochons) et souvent totalement invraisemblable.
Bien sûr, on ne demande pas à ce genre de film de penser mais quand même, il ya des limites...
Bref, ça ne pisse pas bien loin et ça se situe à des encablures des vraies réussites françaises du genre que sont "Haute Tension" ou "A l'Intérieur", par exemple...
Dernier problème: lors de la présentation du film, Gens l'annonçait comme "un survival totalement assumé assorti d'un commentaire social en réaction aux présidentielles de 2002, au cours desquelles Jean-Marie Le Pen était passé au second tour".
Mouais... Des banlieusards charcutés par des nazis, la métaphore est un peu grosse...
Pour le survival, OK. Mais pour le commentaire social, franchement, on repassera...

Cote: **

21. "Exte - Hair Extensions" de Sion Sono (J).
Il y a des films comme ça, qu'on aime vraiment sans réellement pouvoir expliquer pourquoi...
"Exte", petit film japonais gentiment barré, dans lequel il est question de cheveux qui tuent (en gros), est de ceux-là.
C'est pas particulièrement bien réalisé, le scénario est complètement branque, les effets spéciaux parfois approximatifs et il y a des longueurs (sans mauvais jeu de mots parce que vous pensez bien que de "A poil" en passant par "C'est tiré par les cheveux" on a eu droit à tout, ce soir-là...) Mais pourtant ça marche...
Grâce à une espèce de grain de folie, à des flashs qui rappellent parfois Tsukamoto en beaucoup plus sage, à une intrigue suffisament tenue pour qu'elle ne parte pas trop dans tous les sens (ce qui, avec un sujet pareil, n'était évidememment pas gagné d'avance) et surtout à des personnages extrèmement attachants (dont l'héroïne, interprétée par Chiaki Kuriyama, vue entre autre dans "Kill Bill" et "Battle Royale").
Un film hors norme, qui culmine dans une fin vraiment complètement foldingue, mais qui restera finalement comme l'une des toutes bonnes surprises de cette fin de Bifff 2008.

Cote: ***

A suivre: "13 Beloved", "The Fall" et la cloture...

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