dimanche 5 décembre 2010

Collet monté.

"La Princesse de Montpensier" de Bertrand Tavernier (F); avec Mélanie Thierry, Lambert Wilson, Gaspard Ulliel, Grégoire Leprince-Ringuet, Raphaël Personnaz, Michel Vuillermoz...

1562. En France, sous le règne de Charles IX, les guerres de religion font rage. Depuis toujours, Marie de Mézières aime Henri, Duc de Guise. Mais son père la contraint a épouser le Prince de Montpensier. Ce dernier, rappelé sur le front par le Roi, la laisse en son château de Champigny en compagnie de son précepteur, le Comte de Chabannes. Malgré elle, Marie deviendra l'enjeu de rivalités tant amoureuses que politiques auxquelles viendra également se mêler le Duc d'Anjou, futur Henri III.

A quelques solides encâblure - pour ne pas dire même à l'exacte opposé du spèctre cinématographique - de la "Vénus Noire" de Kechiche, qui revisitait l'Histoire avec fougue et modernité, le dernier film de Bertrand Tavernier est un bel exemple de cinéma académique, à l'ancienne, assez figé, voire même poussérieux.

Réalisation roborative mais fade et laborieuse, reconstitution d'époque tellement millimétrée qu'elle finit par donner l'impression d'être au musée, scénario et dialogues surécrits et suivis à la ligne, sous-texte envahissant, contexte historique confus, bref, on se croirait revenu au bon vieux temps des dramatiques télé ("Les Rois Maudits", ce genre).
Rajoutez à cela quelques maladresses (les combats, et Dieu sait si le film n'en manque pas, son abominablement mal réglés et laissent une affreuse sensation de cheap) et l'on comprendra donc que cette "Princesse" n'est pas vraiment ce qui se fait de mieux pour le moment en matière d'exception française.

Qu'est-ce qui fait, alors, que sa vision n'ennuie pas.
Mieux (ou pire, allez savoir): qu'est-ce qui fait que l'on sort de là en se disant que, somme toute, l'un dans l'autre, on a finalement vu un assez bon film ?

Le fait que, justement, on n'en fasse plus, des comme ça ?
Que cela fonctionne en appuyant sur le bouton "nostalgie" et en mode "madeleine de Proust" ? Que du coup, la somme des défauts énoncés ci-dessus finit par se transformer en autant de qualités, ou presque ?
Oui, peut-être...

Mais c'est un peu court, jeune homme...

Le coup du grand retour du cinéma populaire, classique mais réjouissant: à d'autres !

Non.
Ce qui fait le sel, le vrai sel de "La Princesse de Montpensier" c'est que, porté par le désir qui en est le véritable moteur et une fois débarassé des intéressants mais encombrants oripaux historiques qui sont les siens, le film orchestre une magnifique partition masculine, un festival de portes qui claquent, de trahisons et de rebondissements de situation autour de son (très beau) personnage central.

Ce qui fait que, en dehors de son intrigue, c'est évidemment grâce à ses acteurs que le film fait la différence.

A ce titre, Mélanie Thierry, à la sensibilité à fleur de peau, et Lambert Wilson, décidément sur une bonne voie ces derniers temps, font des étincelles.
A leur côtés, les seconds rôles brillent également (Vuillermoz et Philippe Magnan sont tout deux formidables).

Hélas, trois fois hélas, on ne peut pas en dire autant du trio de jeunes acteurs, heureusement sauvé par Raphaël Personnaz, véritable révélation du film.
Gaspard Ulliel, tout en machoires, joue la virilité avec un manque de finesse confondant et le jeune Leprince-Ringuet - pourtant excellent dans le récent "Armée du Crime" de Guédiguian - est tout simplement incolore, inodore et, pour tout dire, insipide (et on aura beau me chanter que c'est fait exprès ça ne changera rien à l'affaire).

Las. On l'aura compris, à l'image de son sujet, de son héroïne et de son pourtant émouvant final, "La Princesse de Montpensier" est un film bancal, qui souffle trop souvent le chaud et le froid.
Qui n'ennuie jamais sans jamais réellement passionner.

Un film qui donne la curieuse impression d'avoir été réalisé et interprété... sous cloche*.


Cote: **


(*ça change un peu de "derrière une vitre")

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