lundi 27 décembre 2010

C'est dans la boîte !

"Buried" de Rodrigo Cortés (S); avec Ryan Reynolds, Ivana Miño et les voix de Samantha Mathis, Stephen Tobolowsky, Robert Paterson, Jose Luis García Pérez...

Paul est un modeste entrepreneur américain. En poste en Irak, il tombe dans une embuscade et se retrouve 6 pieds sous terre, dans un cercueil, avec 90 minutes d'oxygène et pour seul contact avec l'extérieur un téléphone portable à moitié chargé. Chaque seconde qui passe le rapproche un peu plus d'une mort certaine.

Alors là mes amis !

Eh ben mes cadets... Eh ben mes p'tits frères.
On m'aurait dit ça (non, soyons honnête: on me l'avait dit. Ce bon vieux Diable me l'avait dit), je suis pas sûr que j'y aurais cru. Mais à l'arrivée: quelle claque !

Et quelle leçon !

Quelle leçon donnée à tous les récents branleurs de non-films du type "Paranormal Activity" ! Une leçon qui commence d'ailleurs par leur donner raison: oui, il y a moyen de faire un bon, un excellent film, même, avec une idée de départ et un minimum de moyen.

Seulement voilà, il y a un truc.
Un truc auquel visiblement ils n'ont pas pensé, se contentant de poser leur caméra dans un coin et de laisser deux-trois comédiens à la limite de l'amateurisme se débattre sur deux lignes de scénario.

Et ce truc c'est que, pour y arriver, ben, il faut du talent. Du talent et de l'imagination.
Car c'est bien elle - et le talent d'un vrai comédien, celui-là - qui fait toute la différence et qui permet de dépasser le manque de moyen. En se creusant la cervelle et en cherchant des solutions. Des solutions pour que le film, toujours, reste prenant (et ce n'est rien de dire qu'il l'est, tetcheu !) et sans cesse surprenant.

Parce que quand même, quand j'ai lu le pitch la première chose que j'ai faite c'est d'aller vérifier le minutage. En me disant que sur un sujet pareil on pouvait tirer une heure dix, une heure quinze de film.
Eh ben non: 1 h 35 !
Bon, c'est pas "Ben-Hur" ou la trilogie du "Seigneur des Anneaux" mais quand même...
Pensez: 1 h 35 avec un seul personnage, sous terre, coincé dans une boîte, filmé en gros-plan et le plus souvent éclairé au Zippo ! Et pas une minute de relâche, pas une minute de répit ! Pas un flash-back, pas une seconde à l'air libre !
On l'avouera: faut l'faire !

Ouais, faut l'faire et Rodrigo Cortès le fait très bien.
Il dépasse le simple exercice de style pour livrer un huis-clos d'une intensité quasiment incroyable.
C'est bien simple, passé les premières secondes extrèmement éprouvantes (c'est sûr qu'il ne faut pas être claustro) on se retrouve scotché à son fauteuil, agrippé aux accoudoirs pendant absolument toute la durée du film.
Avec en plus un vrai talent de mise en scène (encore une fois, pour arriver à se renouveler visuellement avec 1 h 35 d'un peï dans une boîte, faut être balaise), Cortés multiplie les trouvailles scénaristiques, les retournements de situation et les rebondissements, toujours en avance de quelques minutes sur le spectateur et réussi au final un vrai tour de force, qui culmine pendant ses incroyables 20 dernières minutes, réellement, euh... breathtaking, comme disent nos amis anglo-saxons.

Comme en plus le discours tenu ici est quand même assez sympathiquement incorrect, critiquant la mondialisation et l'ingérence américaine au Moyen-Orient et ailleurs*, dénonçant ouvertement une société où la vie humaine n'est rien face aux enjeux économiques et politiques, que Ryan Reynolds, seul en scène pendant plus d'une heure et demie est assez impressionnant de justesse et que tout ça débouche sur un final d'un cynisme crasse, je vous le demande: comment ne pas aimer, non, comment ne pas adorer ce film ?

Le meilleur film de genre de ces dernières années. Un de ceux qui on le courage de tenir jusqu'au bout leurs engagements tout en ne se départissant pas de leurs partis pris de départ, pourtant extrèmement gonflés.

C'est bien simple, il n'y aurait pas par si, par là, l'une ou l'autre invraisemblance, l'un ou l'autre "artifice" scénaristique (surtout sur la fin mais ils sont fort heureusement emportés par cette invraisemblable course au climax), "Buried" mériterait haut la main ses quatre étoiles.


Cote: ***



(* Porté pourtant par un buzz Internet aussi conséquent que celui qui entourait le premier "P.A.", le film a fait un bide aux Zitazunis. Comme c'est étrange.)

2 commentaires:

Nounet a dit…

Il n'est plus à l'affiche depuis belle lurette, j'imagine :-(

Cartman a dit…

J'ai été le voir le dernier jour de son exploitation en salle.

Mais bon, le DVD devrait le faire quand même...