jeudi 3 décembre 2009




La visite de la fanfare.

"Le Concert" de Radu Mihaileanu (F); avec Aleksei Guskov, Mélanie Laurent, François Berléand, Miou-Miou, Lionel Abelanski, Dilitry Nazarov...

Andrei Filipov était, sous Brejnev, le chef d'orchestre le plus coté d'URSS et dirigeait le Bolchoï. Licencié pour avoir refusé de se séparer des musiciens juifs de son orchestre, il a connu la disgrâce. Trente plus tard, il travaille toujours au Bolchoï mais comme homme de ménage. Un soir, alors qu'il nettoie le bureau du directeur, il intercepte un fax provenant du Théatre du Châtelet, conviant l'Orchestre du Bolchoï à venir jouer à Paris... Andrei décide alors de rassembler ses anciens musiciens et d'aller jouer en France en lieu et place du véritable orchestre.

Curieux effet que celui produit par le nouveau film de Radu Mihaileanu (quel blaze, mes amis, quel blaze ! Et encore, c'est rien de l'écrire, encore faut-il pouvoir le prononcer): d'abord, malgré le précédent quasiment primesautier de son second long, "Train de Vie", il surprend par sa légéreté de ton.

Dame, c'est quand même que l'on sort de "Va, Vis et Deviens" qui n'était quand même pas une franche partie de rigolade, même si il contenait l'un ou l'autre élément moins grave.

Ensuite, et c'est principalement là que le bât blesse (car, oui, il faut bien l'avouer, il blesse, le bât, et c'est bien dommage), on serait furieusement tenté de dire qu'il est en fait composé de deux films en un.

Et que l'un des deux est beaucoup plus faiblard que l'autre, malheureusement...

En gros, et pour résumer rapidement, toute la première partie, en Russie, est vraiment très bien.
Formidable, même, allez, n'ayons pas peur des mots !
Enfin, quand même, non.
Formidable faut peut-être pas pousser.
Mais très bien quand même, allez.

Ce groupe de pieds nikelés vivant d'expédiants et de petits boulots se retrouvant et mettant tout en oeuvre, à grand coups de débrouille et de système D, pour réaliser un coup pour le moins fumant, si pas carrément fumeux, ça a, il faut bien le dire, quelque chose de franchement enthousiasmant...

C'est frais, c'est léger, tour à tour drôle ou émouvant et c'est emballé - par dessus le marché - avec une vigueur comique réellement séduisante.

Hélas ! Trois fois hélas !

A la moitié du film, quand l'orchestre reconstitué débarque à Paris, la mécanique se grippe...

La faute en incombe à Mihaileanu qui veut trop en faire et donne malheureusement dans la surenchère kusturicienne.
En en rajoutant un paquet, une tonne, sur le côté "pittoresque", pour ne pas dire "picaresque" de l'affaire et de ses protagonistes.
Tout les clichés sur "l'âme slave" et sur l'immigration venue des pays de l'Est sont rassemblés là, à notre grand désarroi: vodka, tziganes, mafia, travail au noir, appât du gain, comportements bigger than life... C'est trop, c'est beaucoup trop, on frise l'overdose.

Et puis, ensuite, quel besoin y avait-il réellement d'ajouter cette sous-intrigue concernant les parents du personnage interprété par Mélanie Laurent, intrigue qui plombe le film et à laquelle on ne croit pas un seul instant ?

Le tout est malheureusement alourdi encore un peu plus par l'interprétation.
Car si les russes sont tous impeccables - et souvent fort drôles - on ne peut malheureusement pas en dire autant des français...
Mélanie Laurent, d'habitude parfaite, est ici on ne peut plus fadasse, Berléand cabotine à l'envi et Miou-Miou n'est rien d'autre qu'inexistante (la faute essentiellement au scénario mais bon...).

Heureusement, toutes ces errances sont finalement récupérées - et de quelle manière ! - par le grand moment de grâce du film: l'interprétation, dans son intégralité, du Concerto pour Violon et Orchestre de Tchaïkovski !

Et rien que pour ça, pour la magie provoquée par l'adéquation parfaite des images et de la musique - sublime - pour le moment d'intense émotion que cela induit, ce "Concert", petit film à moitié aimable, à moitié raté, mérite ses deux étoiles.

In extremis.


Cote: **



2 commentaires:

L'autre a dit…

2 étoiles....extrèmement communiste...vendu...

Cartman a dit…

Je reconnais que ça n'en vaut qu'une.

Je ferai amende honorable lors de la prochaine réunion du Parti...