I will have vengeaaaaaaaance....
"Sweeney Todd" de Tim Burton (USA); avec Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Alan Rickman, Timothy Spall, Sacha Baron Cohen, Jamie Campbell Bower...
Après 15 ans passés dans les geôles australiennes, le barbier Benjamin Barker revient à Londres, bien décidé à se venger du juge Turpin, qui le fit accuser à tort afin de lui ravir sa femme et sa fille. Sous le pseudonyme de Sweeney Todd, il s'installe au-dessus de l'échoppe de tourtes à la viande tenue par Mme Lovett. Tous deux vont bientôt se livrer à un étrange commerce...
Ouch!
Alors là, oui, autant être prévenu tout de suite: le nouveau Tim Burton c'est "ça passe ou ça casse", hein!
Gageons même que pour beaucoup, ce sera irrémédiablement "ça casse".
Malheureusement...
Parce que le parti pris du film, et donc sa forme, sont pour le moins étranges, culottés, étonnants et... sacrément déroutants.
C'est le moins qu'on puisse dire...
Passé un générique kitsch et grand'guignolesque, torché en mauvaises images de synthèse, le film s'ouvre en terrain burtonien connu: rues de Londres la nuit, le pavé humide de pluie, le smog, la silhouette inquiétante d'un bateau sur la Tamise...
Le décor est plutôt bien planté, les premiers protagonistes apparaissent, l'un d'eux ouvre la bouche...
Et la, bardaf!, c'est le choc!
Bien entendu, on avait été prévenus du côté musical de la chose...
Mais rien ne nous préparait à ça!
Bon, ce n'est pas tout à fait 100% musical (comme l'était "Evita", par exemple) mais presque.
Il doit bien y avoir ici 80% de chant contre 20 de dialogues.
Rien que ça, ça déstabilise...
Ensuite, depuis quelques années, nous sommes sevrés de comédies musicales qui font la part belle au disco, à la pop, voire même au rock.
Rien de tout cela ici: c'est du spectacle à l'ancienne, made in Broadway, traçant sa route à grand coup de trompettes, de cordes et de chant emphatique, limite lyrique, voire même pompier.
Un spectacle dans lequel le livret, vu l'importance du chant, raconte toute l'histoire.
Ce qui donne des passages chantés où ce qui est dit importe parfois plus que la manière.
D'ou des phrases rythmiquement bancales, des rimes foireuses et du "texte chanté", du genre "Je vais te couper la têêêêête", voire "Paaasse moi le seeeel et tant qu't'y es, fait péteeeer la moutaaaaarde".
Ah ben ouais, j'avais prévenu, hein...
Même le plus endurci des amateurs de "musicals" (dont je suis), risque d'avoir besoin d'un petit temps de latence pour s'habituer au bazar... Vingt bonnes minutes, pour les moins farouches.
Quant aux autres...
Les autres, eh bien il y a des chances qu'ils passent à côté du truc.
Et ce sera dommage car, au-delà du côté duraille de la partie musicale, "Sweeney Todd" est quand même un beau retour aux sources pour Burton après deux ou trois films qui tenaient plus du conte, initiatique ou non.
Un retour aux sources sombre et gore (très gore, d'ailleurs, même si souvent le sang ressemble à de la grenadine).
Avec une photo splendide et surtout une direction artistique à couper le souffle, Burton rend un hommage magnifique tour à tour à la Hammer, à Mario Bava et à l'expressionisme allemand.
Avec aussi le très impressionnant décor de Londres - entièrement reconstitué en studio, évidemment - la gestuelle exagérées de ses acteurs, le côté too much de leurs maquillages et l'hémoglobine qui coule à flot, "Sweeney Todd" devient une fable gothique et macabre, pleine d'humour noir et imprégnée d'une assez réjouissante cruauté.
Une comédie musicale à la fois romantique et plus noire que noire qui tient tout autant de la farce que du drame et qui se déroule implacablement jusqu'à une fin admirable de pessimisme.
Et surtout, un vrai divertissement, pur et dur, au cours duquel on ne regarde jamais sa montre et dont les deux heures passent à toute vitesse.
Et qui arrive aussi, grâce il est vrai au talent de ses interprètes (Depp en tête, dont le timbre de voix fait parfois bizarrement penser à Bowie) à faire presque oublier ce pari sacrément gonflé, celui qui nous avait tant perturbé dès les premières minutes du film...
Ils chantent, nom de Dieu, ils chantent!
Cote: ***
mardi 26 février 2008
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9 commentaires:
A noter, également, la bande-annonce putassière qui passe quasi complètement sous silence l'aspect musical de la chose...
Genre, voyons voir si on peut couillonner les amateurs de Burton qui conchient les musicals (moi, p.ex.).
Pas très honnête, tout ça.
Je m'étais dit la même chose, effectivement...
Me considérant commem faisant partie des plus rammolis des amateurs (ou des plus endurcis conchieurs, c'est selon) de musicals, je vais effectivement passer à côté.
merci d'avoir prévenu en tous cas.
De rien, dis...
en version française, tu crois que çà vaut toujours son pesant de cacahuètes?
Sweeney Todd versus Batman le défi
les points communs :
1 La ressemblance de Deep avec Walkens (meme coiffeur)
2 Le London gothique trés Gotham City dans son coté sombre
3 Un gros pingouin dans les 2 films
4 le grand Borat qui ressemble a un clown du pingouin...
Depp en Walken, c'est vrai que la ressemblance est frappante. Arf!
Sinon, en VF ça doit être complètement imbitable...
Y a des doublons, on se croirait sur zoulk.net.
"Sloy, bonne idée!"
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