mardi 12 février 2008



Aloïs, on te dit!

"Cortex" de Nicolas Boukhrief (F); avec André Dussollier, Marthe Keller, Julien Boisselier, Claude Perron, Pascal Elbé, Aurore Clément...

Charles Boyer, flic à la retraite à la mémoire défaillante est placé dans une institution spécialisée dans le traitement de la maladie d'Alzheimer. Bien vite, il se met dans la tête que l'établissement est le théatre d'une série de meurtres...

Et voila! Encore raté!

Faut croire que c'est vrai: il y a un problème définitif entre les franskilljoens et le cinéma de genre. Pas moyen, ça ne passe pas, y a toujours un truc qui coince...

Pourtant ici il y avait quand même pas mal d'éléments qui pouvaient laisser croire que, pour une fois, la sauce allait prendre...
Le sujet, ambitieux, la distribution, impec, le réalisateur, solide, que l'on avait quitté en confiance sur son excellent "Convoyeur"...

Et puis non: tout part en couille, tout tourne en eau de boudin, tout s'éffondre et se liquéfie.

Oh oui, bien sûr, il y a des choses à sauver.

On voit bien que Boukhrief s'attache plus à la description d'un petit monde en vase clos qu'à l'enquête proprement dite, ce qui est déjà louable en soi.
La maladie d'Alzheimer, en quelque sorte véritable personnage principal du film, plonge celui-ci dans une ambiance très particulière, poussant les protagonistes à agir de manière parfois complètement déconcertante et forçant la mise en scène, le montage parfois, à épouser leur point de vue.
Ce qui donne lieu à des scènes parfois cocasses, parfois troublantes et surtout installe une ambiance décalée, presque onirique des plus originales.

Dans le même ordre d'idée, les lacunes et les absences du flic, obligé de tout noter ou de tout répéter donne à l'intrigue un ton particulier, même si tout ça n'est pas des mieux maitrisé, loin s'en faut...

Et puis, on l'a assez dit, il y a l'interprétation!

Dussollier, surtout...

Magistral, eastwoodien, ascétique, efflanqué, tour à tour déterminé et complètement perdu, hébété, il traverse le film tel un fantôme mais le porte également à bout de bras, imposant une silhouette franchement originale, presque inédite dans le cinéma hexagonal.
Ses partenaires ne sont pas en reste pour autant, au premier rang desquels la trop rare Marthe Keller dont le personnage de nympho déboussolée est malheureusement trop vite évacué, à mi-film...

Mais à vouloir courir trop de lièvres à la fois le cinéaste se perd et, si l'univers de la clinique est assez bien rendu, cela ne fait que déforcer un peu plus une enquête prétexte, aux rebondissements trop molassons et à la conclusion qui réussit le tour de force d'être à la fois ridicule, téléphonée et expédiée avec l'eau du bain.
Du coup le film se disperse lui aussi, freine, s'étire, s'étend, circonvolutionne et, de langueur torpide en lenteur coupable, finit par carrément s'endormir. Quand il ne donne pas, à force de clichés et de raccourcis, franchement envie de rire à ses dépends.

La réalisation molle et plate, à peine plus chatoyante que celle d'un téléfilm produit pour France 3 Nord/Pas-de-Calais/Picardie n'arrange rien à l'affaire.

Ca manque de rythme, ça ne tient jamais ses promesses...

Bref... au bout du compte, on en arrive à la conclusion que ça aurait pu être habile, mais que ça parvient juste à être fatigué.

Et fatigant.

Côte: *

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