vendredi 15 février 2008



Cosmocats, go!

"Juno" de Jason Reiman (USA); avec Ellen Page, Michael Cera, Jennifer Garner, Jason Bateman, Allison Janney, J.K. Simmons...

Juno Mc Guff, 16 ans, se retrouve enceinte des oeuvres de son pote Bleeker. Ado plutôt burnée et sévèrement délurée (ou le contraire), elle va pourtant devoir faire face à une série de situations pour le moins inédites...

Alors donc il paraitrait que depuis le succès surprise de "Little Miss Sunshine", l'année dernière, la mode soit à nouveau aux feel good movies.

Eh ben vous savez quoi?
S'ils sont tous comme celui-là, on va pas s'en plaindre!

Parce qu'effectivement, pour ne pas se laisser complètement embarquer par "Juno", faut vraiment être fait en métal.
En béton.
Ou être chroniqueur chez "Libé"...

Cela dit, on pourrait aussi, face à l'objet, céder facilement au cynisme ambiant et se dire que ce n'est qu'une machine.
Que le film ne fait qu'appliquer des formules, enfiler les clichés hérité de ses ainés comme autant de perles sur un collier.
Les geeks sont à la mode? Le petit ami est geek! Les familles recomposées mais cool le sont aussi? Rajoutons-en une couche de ce côté-là! Et ainsi de suite...

On pourrait mais oui mais non.

Au vu du potentiel hautement jubilatoire de l'engin, on préfèrera céder à une autre facilité...

Et vous savez - encore - quoi?
On va dire que c'est bien.
Très bien même...
Formidable, allez! Faisons péter les superlatifs!

Et contentons-nous même d'énumérer les qualités de la chose!

La réalisation, intelligement discrète - mais quand même bien servie par une jolie photo automnale - a la bonne idée de laisser la parole au script terriblement efficace et roublard (dans le très, très bon sens du terme) de la désormais célèbre ex-strip-teaseuse Diablo Cody (Go, Diablo! Ca c'est du pseudo!).

C'est simple et ça fonce droit devant!
Toutes les situations "obligées" sont passées en revue: l'annonce aux parents, la tentation de l'avortement (qui donne lieu à la seule séquence un peu étrange du film dont la possible dérive pro-life est heureusement largement désamorcée par le potentiel comique de la chose et le ridicule affirmé de la "militante" que l'on fait intervenir), le choix de l'adoption et des parents qui vont avec, etc, etc.

Les personnages sont tous très attachants, même les plus potentiellement haïssables, en particulier évidemment la Juno du titre, qui mélange habilement white-trashitude et pragmatisme détonnant, tout comme ceux qui l'entourent, d'ailleurs, à l'image de ses très compréhensifs parents.

Les répliques claquent, souvent drôlissimes, parfois émouvantes, toujours justes, en faisant se clasher ce qu'il faut de slang et de bons mots pour que ça reste longtemps en bouche, comme un bon vin.
Ouais... Ou une bière fraiche...

Et évidemment, la cerise sur le gâteau c'est l'interprétation!
Avec en tête de gondole la formidable, l'excellentissime, la "y-a-pas-de-mots" Ellen Page, révélation de ce début d'année qui, de Tang Wei à Saoirse Ronan, n'en était pourtant déjà pas avare!
A l'image de son personnage, elle emporte tout sur son passage.
Non seulement les dialogues sortent de sa bouche comme si elle les improvisait à la minute mais tout chez elle donne envie de l'adopter à l'instant!
Même sa façon de marcher ou, tout simplement, de se tenir...

Autour d'elle tout brille itou: Allison Janney en belle-doche qui balance, J.K. Simmons (oui: LE Vern Schillinger de "Oz"!) en papa très cool, Jennifer Garner en bourgeoise coincée du derche ou encore Olivia Thirlby, irrésistible en copine grande gueule!

Bref, feel good, ça l'est certainement. On s'amuse, on pleure, on rit, on est à l'opposé exact du Pays de Candy; y a pas à dire, on est à la fête!

Et même si ce n'est pas politiquement aussi incorrect que ça voudrait bien le faire croire, même si c'est un peu moralisateur sans en avoir l'air, ça fait sufisamment de bien par où ça passe pour qu'au bout du compte on se demande bien ce qu'on pourait lui reprocher, à ce film...

Un peut trop de Belle and Sebastian, peut-être?

Mouais...

Et encore, savez-vous, et encore...


Cote: ****

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