dimanche 5 septembre 2010


Fin de partie.

"Crime d'Amour" d'Alain Corneau (F); avec Ludivine Sagnier, Kristin Scott Thomas, Patrick Mille, Marie Guillard, Gérald Laroche, Olivier Rabourdin...

L'affrontement de deux femmes dans le décor étrange, froid et aseptisé d'une grande multinationale. Isabelle travaille sous les ordres de Christine, femme de pouvoir qu'elle admire et pour laquelle elle semble prète à tout. Mais, convaincue de son ascendant sur la jeune femme, Christine entraîne celle-ci dans un jeu de séduction et de domination qui pourrait bien les emmener trop loin.

C'est étrange, cette impression que l'on ressent à la vision de ce qui restera forcément comme le dernier opus de désormais feu Alain Corneau...

C'est diffus, pour le moins, confus pourrait-on même dire. Troublant, en tout cas...
Mais, oui, on a bel et bien l'impression de se retrouver devant un inédit de... Claude Chabrol !

Même photo froide, même réalisation plan-plan de téléfilm (et c'est bien là que la bât blesse, bien entendu), même ambiance délétère, même structure de thriller en forme de whodunnit, même écran de fumée cachant en fait une sombre étude de moeurs, voire de caractères.

Et surtout - et c'est là que l'on retrouve enfin, quoique en filigrane, un Corneau jusqu'ici noyé dans l'académisme et les conventions - même direction d'acteurs étrange, décalée mais en fin de compte étonnement percutante.

Car autant se l'avouer tout de suite, si ce "Crime d'Amour" (oui, le titre, aussi...) éveille un soupçon d'intérêt dans l'oeil du spectateur, c'est essentiellement aux prestations unanimement chics et impeccables de Mesdemoiselles (ou Mesdames, hein... Après tout...) Ludivine Sagnier et Kristin Scott Thomas qu'il le doit.

Prestations auxquelles il est bon d'associer celle de Patrick Mille, également parfait dans son emploi de bellâtre arriviste, à la fois manipulateur et manipulé.

Au-delà de ça - et d'une utilisation assez inédite et adroite des rapports de force en entreprise - force est d'avouer que l'ultime effort cinématographique d'Alain Corneau ne restera pas dans les annales (tout comme ses opus précédents, des "Mots Bleus" à son malheureux et inutile remake du "Deuxième Souffle", hélas).

La faute, une fois encore, à une réalisation platement illustrative, terne et sans enjeux, presque indigne du réalisateur de "Série Noire" ou du "Choix des Armes".

La faute également à un scénario de série B policière (on pense en fin de compte beaucoup plus à Agatha Christie qu'à Georges Simenon) usant et abusant de grosses ficelles, de flashbacks appuyés (en noir et blanc, s'il vous plaît bien ! Pour être bien sûr que l'on comprenne !) et de retournements de situation plus tirés par les cheveux les uns que les autres.

Mais au final, le pire - ou la bonne surprise, c'est selon - c'est que, sans s'en rendre vraiment compte, on se laisse prendre au jeu de ce petit film finalement plus jouette qu'autre chose, qu'on ne s'ennuie pas - loin de là, même - et qu'on finit même par se laisser charmer par sa mécanique un peu désuète et par sa conclusion gentiment amorale et politiquement incorrecte.

Certainement pas du grand cinéma mais un petit moment plaisant de divertissement "à la française" qui conclut sur une note mineure l'oeuvre d'un cinéaste attachant qui laisse heureusement derrière lui quelques pièces d'une toute autre volée...


Cote: **


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