mardi 19 janvier 2010


Elémentaire ?... Mouais... Voire, mon cher Watson !

"Sherlock Holmes" de Guy Ritchie (USA); avec Robert Downey, Jr., Jude Law, Rachel McAdams, Mark Strong, Kelly Reilly, Eddie Marsan...

Le célèbre détective Sherlock Holmes et son non moins réputé bras droit, le docteur John Watson viennent de mettre fin aux agissements criminels de Lord Blackwood, tueur implacable adepte de la Magie Noire... Le jour de son exécution, celui-ci prédit sa résurrection et la poursuite de ses activités criminelles... Et le pire, c'est que ça marche !

Il y a quelque chose, dans ce "Sherlock Holmes", qui semble avoir été fait pour moi...

L'ambiance noire, néo-gothique ?
La période historique (l'Angleterre victorienne me fascine) ?
Robert Downey Jr. ?
Les intrigues où se mêlent Magie Noire, société secrète et enquête à tiroirs ?
Robert Downey Jr. ?
Le fait que l'ensemble renvoie bizarrement à une espèce de version ultra light et badaboum de "From Hell" (après tout, c'est aussi l'adaptation d'une BD et ça se voit) ?
Robert Downey Jr. ?

Tout ça à la fois ?

Pour être tout à fait honnête, je n'ai pas encore réellement réussi à mettre le doigt dessus...

Mais, une chose est sûre: chez moi, "Sherlock Holmes", malgré ses défauts et ses évidents gros sabots, eh bien, ça marche !

Oh, évidemment, je vous vois venir et ne me faites pas dire non plus ce que je n'ai pas dit: le film de l'ex-Monsieur Ciccone - tout formaté et assagi qu'il puisse être par rapport aux bizarreries de type "Rock'n'Rolla" ou autres "dérives" maritales n'en est pas pour autant un Grand Film.

Loin s'en faut.

Mais d'un point de vue purement ludique - et ce n'est rien de dire qu'ici l'accent est solidement mis sur cet aspect des choses - encore une fois, ça fonctionne.

Ce serait même à deux doigts de l'effectuer, tenez, comme disent les djeuns d'aujourd'hui...

Et pourtant.

Et pourtant...

Une fois de plus, soyons honnêtes et entiers, la chose a ses défauts. Et non des moindres !...

Pour commencer, les aventures du détective le plus célèbre au Royaume de Sa Très Gracieuse Majesté et Au-Delà sont ici rendues avec une faconde un peu trop hollywoodienne et pétaradante - faisant la part belle aux effets néo-tarantinesques, aux arts-martiaux et à la pyrotechnie - pour paraître parfaitement idoines, surtout eut égard au Canon !
Plus d'un tenant de l'orthodoxie holmésienne doit d'ailleurs avoir avalé de travers son After Eight à la vision de l'engin, by Jove !

Shocking, enfin !!!!

L'intrigue est peut-être un peu trop inutilement alambiquée et même limite incompréhensible pendant la majorité du film, aussi...

Mais que l'on se rassure: faisant appel a ses légendaires dons d'observation et de déduction, Sherlock démèlera la pelote et tout deviendra enfin clair pour le spectateur hagard et jusque là déconfit.
En ayant un peu trop recours à des explications "scientifiques" relevant plus de la magie que d'autre chose mais, allez, baste ! On est plus là pour chipoter...

L'humour, un peu trop omniprésent et relevant le plus souvent de la bouffonnerie, voire de la totale gaudriole, constitue également une belle pierre d'achoppement, quoique la légèreté qu'il insuffle ça et là dans un récit à la limite du pachydermique puisse se révéler finalement salutaire.

Vient donc enfin la question cruciale de l'interprétation et, donc, de la caractérisation des personnages...

Dans sa note d'intention, le co-scénariste Lionel Wigram (auteur du comic book original) avait déclaré vouloir revenir à un Sherlock Holmes plus proche du roman, soit à la fois plus physique et plus bohème, l'aspect "gentleman british ascétique"du personnage n'ayant selon lui été introduit qu'avec le cinéma et plus particulièrement avec l'interprétation qu'en a donné Basil Rathbone...

Soit...

L'intention est louable, certes, mais le problème est que cet aspect du personnage c'est avec le temps imposé dans l'inconscient collectif. Et du coup, le spectacteur risque d'être légèrement décontenancé face à l'interprétation donnée ici...

Oui, oui... Tout cela est vrai, évidemment.

Mais, eh la, pas op, wacht een beetje,aussi !

Ce serait sans compter avec la permanente (et très récemment récompensée) excellence du décidemment incroyable Robert Downey Jr., le seul acteur dont l'over cabotinage désinvolte arrive à servir les films dans lesquels il joue !

Après le Tony Stark d' "Iron Man", le voila qui nous compose un nouveau personnage over the top et bigger than life dont lui seul a le secret...
Plein de morgue, de bagoût et de cynisme goguenard.

A lui tout seul, encore, une véritable attraction.

Du coup, passée la surprise initiale éprouvée devant son Sherlock bodybuildé, alcoolo-je-m'en-foutiste-à-chapeau-mou-et-foulard-de-soie, on finit, si pas par y croire, du moins à passer outre et à profiter - et comment ! - du spectacle !

A ses côtés, Jude Law campe avec aplomb un Watson plus académique et pince-sans-rire, sorte de contrepoint "clown blanc" à son auguste partenaire (JEU DE MOTS !!!!) ! Et leur relation de vieux couple fait elle aussi beaucoup pour la réussite un peu à la bonne franquette de cette surprenante adaptation...

Reste à déplorer l'évident sacrifice du personnage féminin principal, pourtant crânement servi par la mimi Rachel McAdams, réduit au rôle de faire-valoir de charme (et de poids, néanmoins, puisqu'elle n'est somme toute là que pour introduire LE véritable Bad Guy de l'histoire, lequel n'apparaîtra vraiment que dans l'inévitable séquelle annoncée par une fin un peu trop ouverte).

Film hybride et un peu bancal, voici donc le Sherlock Holmes 2010: un grand spectacle honnête même si un peu bas du front... Un truc en demi-teinte mais efficace; gros bonbon à l'arrière-goût vaguement acide devant lequel, au moins, il est fort difficile de s'ennuyer.

Ce qui, par les temps qui courent, hein...


Cote: ** (et presque une de plus, allez...)

2 commentaires:

Djemaa a dit…

Merci pour tes articles ! Bonne année ! Pascal.

Cartman a dit…

De rien. 't es met plaisier.