lundi 28 janvier 2008



Tommy's got his gun...

"La Guerre Selon Charlie Wilson" (Charlie Wilson's War) de Mike Nichols (USA); avec Tom Hanks, Julia Roberts, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams, Ned Beatty, Shiri Appleby...

Années 80. Plus connu pour son train de vie flamboyant, hédoniste et farfelu que pour ses victoires politiques, le Député Charlie Wilson cache néanmoins sous ses dehors de noceur invétéré une conscience politique aigue, un solide sens du patriotisme et un goût immodéré pour les causes dites "perdues". Ainsi décide-t-il sous les conseils de sa richissime et très anticommuniste amie Joanne Herring de mettre fin à l'occupation soviétique en Afghanistan! Rien que ça!

Et c'est ainsi aussi que, sous l'influence de ses ainés Capra ou Hawks, ce vieux briscard de Mike Nichols rend sans avoir l'air d'y toucher un vibrant hommage à ce qu'on appelle L'Age d'Or du Cinéma Américain (celui des années 40/50, pas celui des années 70 qui mérite pourtant plus cette appellation, en tout cas en ce qui me concerne). Oui, oui, là aussi: rien que ça!

Car ce que l'on trouve avant tout ici c'est une comédie politique légère et drôle - bien que traitant bien entendu d'un sujet gravissime - avec dialogues au cordeau, mise en scène ultra-fluide et duel d'acteurs au sommet!
Un film qui, mine de rien et tout en restant étonnamment lisible, démèle les fils de la politique américaine, de ses intrigues de salon, de ses flirts en coulisse et des ses scandales à la petite semaine.

En cinéaste old school qu'il est donc, Nichols sait tout à fait se mettre en retrait pour mieux valoriser à la fois son sujet et ses comédiens.

Tout d'abord, sa réalisation sobre et souple et son montage efficace réussissent l'exploit de rendre à la fois tout à fait compréhensible et agréablement ludique une histoire de prime abord alambiquée et relativement rébarbative .
Le scénario est très solidement écrit, souvent drôle (bon, on ne se tape pas non plus sur les cuisses, hein, faut pas exagérer) et se paie le luxe de prendre le spectateur par la main pour lui faire comprendre où il veut en venir sans pour autant verser dans un paternalisme hulmiliant, malheureusment symptômatique de trop de productions américaines du même type.

D'autre part, cette même mise en retrait permet aux acteurs de briller plus que de coutume, le trio vedette en tête...

Tom Hanks aura rarement été aussi sympathique en politicien plus qu'humain, Julia Roberts est à tomber en espèce de salope texane teminale et chacune des apparitions de Philip Seymour Hoffman rappèlent à quel point il est sans doute l'acteur de composition le plus soufflant de sa génération.
...Et les seconds rôles sont au diapason, particulièrement Amy Adams en secrétaire-groupie qui prouve ici qu'elle vaut mille fois mieux que les sucreries neu neu dans lesquelles elle est trop souvent cantonnée...

Alors, oui, c'est sûr, c'est un film américain.
Ce qui signifie un certain manichéisme et un manque de profondeur quelque peu dommageables (surtout quand on en arrive aux motivations profondes des protagonistes).
Et puis, parfois, ça s'éssoufle aussi, un tantinet, surtout dans la seconde partie...
Et cela semble avoir un peu de mal à redécoller.

Mais comme tout cela reste justement du domaine de la comédie, on ne s'en fait pas trop...

Surtout quand pointe en filigrane le spectre du 11 septembre, conséquence évidente mais lointaine de la "croisade" menée ici.
Conséquence que Nichols et son scénariste Aaron Sorkin ont le bon goût de laisser à la compréhension du spectateur, tout en la soulignant d'un proverbe zen qui à lui seul résume tout le contenu du film.

Du coup - et même si l'on reste un peu sur sa faim - on profite de cette "Guerre..." légère et grinçante, heureusement tout sauf moralisatrice, où des politiciens égyptiens traitent avec des marchands d'armes israéliens sur fond de danse du ventre.

Et même si l'on aurait espéré à certains moments un peu plus de punch et à d'autres un peu moins de violons, on est déjà bien contents de ce que le film raconte.

Ou de ce qu'il ne raconte pas.


Côte: **

Aucun commentaire: