mardi 4 décembre 2007



L'Ennemi Intime.

"La Nuit nous appartient" (We Own the Night) de James Gray (USA); avec Joaquin Phoenix, Mark Wahlberg, Eva Mendes, Robert Duvall, Tony Musante...

New-York, années 80. Bobby est le gérant d'une boite de nuit branchée, propriété d'un homme d'affaire russe.
Son frère et son père faisant tous deux partie de la police new-yorkaise, il doit sans cesse cacher sa véritable identité à ses associés. Surtout depuis que son frère, Joseph, a été nommé à la tête de la brigade des stups.
Et que l'influence de la Mafia russe sur le monde de la nuit se fait de plus en plus prégnante...

Eh bé, eh bé, eh bé...

On pourra dire une chose, c'est que 2007 aura été une grande année en matière de films noirs. Qu'une de ces principales caractéristiques aura donc été d'avoir remis au goût du jour le polar seventies bien sombre et bien tragique.
Qu'on en juge plutôt: "Zodiac", "American Gangster", "Les Promesses de l'Ombre" (bien que dans un genre un peu différent) et maintenant ce magnifique "We Own the Night" nouvelle pépite à rajouter à la collection.
Et on va pas s'en plaindre!

Le parcimonieux James Gray, dont le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'est pas vraiment un stakhanoviste, nous offre donc ici son troisième film en treize ans.
Mais quel film!
Une sorte de synthèse de tous les précédents...

D'abord niveau tragédie grecque - et même biblique, allez, n'ayons pas peur des mots - ça se pose un peu là, avec cette parabole du bon et du mauvais fils mâtinée d'une bonne dose de trauma freudien (le rôle pivot du film étant celui du père, magistralement interprété par un Papy Duvall en toute grande forme). Humainement, le film est même presque éprouvant, tant l'affrontement inter-familial qui double la classique guerre entre flics et truands est intense et puissant.

La cerise sur la gâteau étant que, malgré ce sous-texte imposant, le film garde sous le coude suffisament de morceaux de bravoures strictement cinématographiques que pour donner des complexes à toute la vieille garde hollywoodienne, peut-être bien Scorsese compris.
Cinéaste véritablement néo-classique, travaillant à l'économie et surfant magnifiquement sur une espèce de perpétuelle vague de tension, Gray arrive à entrainer le spectateur dans un maëlstrom tant émotionnel qu'esthétique dans lequel sa mise en scène, à la fois sobre et lyrique, arrive à faire mouche presque à tous les coups.
Il y a là des scènes véritablement anthologiques!
Assez même, dans un seul film, que pour peupler l'intégralité de la filmographie de n'importe quel tâcheron lambda.
Ne prenons pour exemples que l'invraisemblable poursuite en bagnoles sous une pluie battante ou la scène finale, dans les hautes herbes et la fumée...

Enfin, tout cela ne serait rien sans l'interprétation extraordinaire d'un Joaquin Phoenix qui habite véritablement son personnage.
La partition qu'il nous joue là (bien aidé par ses partenaires dont un Mark Wahlberg parfaitement sobre et une Eva Mendes très étonnante dans un rôle pour une fois plus écrit que ses habituels emplois de bimbo) est digne des plus grands. Sans rire, rien que ça!
Bref, on l'aura compris à l'heure ou s'approchent les bilans de fin d'années il faudra certainement compter avec ce film dense et émouvant, urgent même, qui clôt brillamment la "trilogie new-yorkaise" entâmée par son auteur.

Et le saluer, lui aussi, comme une des toutes grandes réussite de l'année.

Une seule chose m'inquiète... Est-ce que j'ai dit "Oscars"?


Côte: ***


2 commentaires:

Serge a dit…

C'est pas que James Gray est une feignasse, c'est qu'il est publiquement entré en guerre avec Miramax avec qui il avait un contrat d'exclusivité mais s'est fritté sur des histoires de final cut (qui expliquent la fin neuneue de The Yards). Bref, il passé plus de temps chez les avocats que derrière une caméra, ces dernières années...

Cartman a dit…

C'est un peu la version cinoche de ce qui est arrivé aux Cramps, quoi...

Je vois pas pourquoi je dis ça.

Peut-être à cause de cette rumeur qui court ces derniers jours concernant la mort de Lux Interior...

Bref...

Pouf pouf...