jeudi 27 décembre 2007



Cockney Rejects.

"Le Rêve de Cassandre" (Cassandra's Dream) de Woody Allen (USA); avec Ewan McGregor, Colin Farrell, Haley Atwell, Tom Wilkinson, Sally Hawkins, Phil Davis...

Ian et Terry, deux frères issus d'un milieu modeste, s'offrent sur un coup de tête un voilier baptisé "Cassandra's Dream".
Ni l'un ni l'autre n'ont vraiment les moyens d'assumer cette dépense...
Ainsi, lorsque le premier s'entiche d'une comédienne ambitieuse et dépensière et que le second contracte une importante dette de jeu, n'ont-ils d'autre solution que de se tourner vers leur richissime oncle Howard.
Lequel, en échange de son aide financière, leur demande de lui rendre un service d'un tout autre genre...

Boum, badaboum, tagada tsoin tsoin: voici donc le Woody Allen annuel!

Le troisième consécutif tourné dans la capitale britannique après des années passées à filmer New York sous toutes ses coutures (et en attendant sa prochaine escapade espagnole).
Capitale qui continue à plutôt bien lui réussir, même si l'on est ici à quelques encâblures de "Match Point", sa dernière vraie réussite à laquelle ce "Rêve..." fait pourtant fort penser.

Même connotation sombre, même ambiance dramatique - ce n'est donc pas un Woody Allen rigolo - même engrenage criminel...
Mêmes préocupations, surtout: du crime et de ses conséquences vues à travers le prisme d'un destin implacable compliqué d'implications morales qui font discrètement verser le tout dans un tragique de bon aloi; grec, tel qu'indiqué dans le titre mais aussi russe, le "Crime et Chatiment" initial se teintant ici d'une bonne dose de "Frères Karamazov".

Moins cynique mais peut-être plus sombre que le déjà fort rêche "Match Point", "Le Rêve de Cassandre" dépeint discrètement mais efficacement les rapports de classes tout en restant malheureusement un peu trop à surface des choses. N'est pas Ken Loach qui veut, évidemment...
L'important étant plutôt ici dans le récit, mené tambour battant et qui se déroule de manière implacable, suivant ses protagonistes et la situation dans laquelle ils se sont fourrés d'un point A à un point B avec une précision, une exactitude même qui confine à l'ascèse.

Le tout est servi par un duo d'acteurs magistral (et magistralement dirigé) qui achève de faire du film une petite réussite même si, paradoxalement, il laisse aussi le vrai fan sur sa faim.
De par son côté radical, presque clinique et sa totale sobriété, sans doute...
De part ses détails sur lesquels on a du mal à mettre le doigt mais qui font que, alors que l'on se trouve en terrain relativement connu, on a en même temps du mal à croire que c'est bien là un film de Woody Allen que l'on regarde...

Et c'est peut-être bien ça, cette obligation que Allen a à se chercher, à se renouveler tout en faisant toujours la même chose qui fait la force et la faiblesse de la "période européenne" du petit maître.

Une paranthèse réjouissante mais qu'il est peut-être bientôt temps de refermer...
Pour aborder à nouveau New York. Mais avec un regard neuf...


Côte: **

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