mercredi 19 décembre 2007



One Woman Show!

"Elizabeth: L'Age d'Or" (Elizabeth: The Golden Age) de Shekhar Kapur (USA); avec Cate Blanchett, Clive Owen, Samantha Norton, Geoffrey Rush, Abbie Cornish, Rhys Ifans...

En 1585, après 30 ans de règne, Elizabeth Ière, la Reine Vierge et protestante, lutte contre la montée du catholicisme représenté par Philippe d'Espagne et son Armada, lequel se sert de Mary Stuart, reine d'Ecosse pour aboutir à ses fins.

Hé oui!
Neuf ans après le film qui révéla Cate Blanchett à la face du monde, l'Indien Shekhar Kapur remet le couvert et signe une nouvelle fresque démesurée, riche en effets de manche et peu avare de grand spectacle.

Pourtant, force est de l'avouer, le réalisateur est paradoxalement plus doué pour dénouer les intrigues de cour que pour reconstituer le fracas des batailles.
Heureusement, d'ailleurs, car ce gigantesque combat naval dont l'artificialité kitsch saute un peu trop aux yeux n'intervient qu'après une bonne heure et vingt minutes de film.
Entretemps, l'amateur de morceaux de bravoure aura eu le temps de patienter avec cette espèce de gigantesque livre d'images, somptueusement mis en scène, riche et chatoyant.

La force de ce deuxième volet se trouve dans son didactisme (on pourrait même presque parler de vulgarisation) qui fait que, malgré l'importance des enjeux, la complexité des intrigues et la multiplication des personnages, il ne nous perd jamais en cours de route.
Et c'est tant mieux parce que c'est véritablement passionnant, pour une fois...

Subtilement, de part sa réalisation qui emprunte autant au théatre élizabéthain (forcément) qu'à la recherche picturale mais aussi de par sa volonté d'insérer la petite histoire dans la grande, Kapur réussit à passer outre le carcan de la recontitution historique et évite - de justesse - l'exercice de style par trop figé.

Malheureusement, s'il ne se perd pas pour autant en de vaines digressions, le réalisateur, qui a un peu trop tendance à laisser trainer ses plans et ses scènes, dilue trop son scénario que pour ne pas faire subir au film quelques pertes de rythmes réellement dommageables.

Mais le vrai intérêt du film réside bien entendu tout à fait ailleurs: dans l'interprétation magistrale d'une Cate Blanchett qui, après "Chronique d'un Scandale" et en attendant "I'm Not There" (bientôt, bientôt...), aura décidément marqué 2007 de son empreinte.
C'est son jeu d'une intelligence rare, évitant avec finesse les pièges d'un vérisme malheureusement inhérent à ce genre de film (n'oublions pas qu'Elizabeth est censée avoir la bonne cinquantaine) qui permet au film de se hisser - timidement, il est vrai - un poil plus haut que la moyenne du genre.

A ses côtés, Clive Owen apparait malheureusement palôt et peu vraisemblable dans le rôle de l'improbable pirate-soupirant.
Mais d'autres que lui se chargent de faire briller un peu plus Cate Blanchett en lui donnant une réplique efficace sans pour autant lui servir la soupe: Geoffrey Rush, Samantha Morton (dont le personnage de Mary Stuart est cependant un peu sacrifié*) ou encore la relative novice Abbie Cornish qui compose l'un des personnages les plus complexes et ambigus de cette saga brillante bien qu'un tantinet boursouflée.

En attendant le troisième volet déjà annoncé, cette suite, qui manque un peu de souffle mais pas pour autant d'intérêt, fait donc passer un bon moment de cinoche un peu académique mais dont la sauce, déjà très riche, est heureusement relevée par un ingrédient de choix: Cate Blanchett, bien entendu...

Qui prouve encore une fois ici qu'elle est peut-être la meilleure actrice de sa génération.

Et ce en toute simplicité...


Côte: **


(*oui, bon...)

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