mardi 18 décembre 2007



Bluette...

"My Blueberry Nights" de Wong Kar-Wai (USA/HK/F); avec Norah Jones, Jude Law, Natalie Portman, David Strathairn, Rachel Weisz...

Après une rupture difficile, Elizabeth pars à l'aventure à travers les Etats-Unis et, par le biais de divers emplois de serveuse, se lie avec des clients de passage aux vies plus tourmentées que la sienne.

Ce sacré Wong Kar-Wai...
Comment fait-il?
Comment réussit-il à transformer ce petit film somme toute anodin en une vraie réussite.
Parce que c'est pas le scénario, sans cesse rabaché et tenant sur une feuille de papier à cigarette qui est la clef de l'affaire. Pas plus que les situtations. Ni même les personnages, pourtant tous très attachants.

Alors quoi?

La magie d'une mise en scène à la maitrise hallucinante? L'image travaillée comme une toile? La photo magnifique de Darius Khondji (qui remplace ici le traditionnel Christopher Doyle)?

Tout ça à la fois?

Tout ça et plus encore, sans doute...
Le plaisir de retrouver le cinéma fétichiste de Wong Kar-Wai enfin revenu à des dimensions raisonnables et humaines après les errances absconses de "2046".
La satisfaction de le voir replacer ses obsessions dans un contexte pour une fois entièrement différent. Que ce soit des lieux (un restaurant, une salle de jeu), des objets (les raviolis d' "In the Mood for Love" remplacés ici par une tarte aux myrtilles) ou même un thème musical (celui d' "In the Mood for Love", encore, américanisé et rejoué à l'harmonica).
L'Amérique et ses thèmes éternels (le parti pris du road movie) revisitée à travers le regard d'un heureux novice qui arrive encore à les magnifier.
Les multiples citations, de Wenders à "Reservoir Dogs".
Les acteurs, bien sûr, tous formidables - avec mention spéciale néanmoins au trop sous-estimé et sous-employé David Strathairn, le Sam Shepard du film et à la toujours formidable Natalie Portman, vraiment étonnante en joueuse compulsive et solitaire.

Un ensemble qui fait oublier les maladresses de la débutante Norah Jones, d'une mise en place laborieuse (les vingt premières minutes laissent en effet craindre le pire) et d'un scénario un peu trop volatil... Pour ne pas dire fumeux...

Alors oui, on peut reprocher au cinéaste de refaire sans cesse le même film, de ne mettre sa virtuosité qu'au service de choses creuses et éphémères mais ce bel objet artificiel et lumineux, qui se paye néanmoins le luxe d'une mini-révolution en bouclant la boucle sur une atypique happy-end, met les afficionados du style Kar-Wai dans un état de quasi apesanteur.

Parfois factice, parfois proche de l'exercice de style, "My Blueberry Nights" est finalement un prolongement logique des précédents films du cinéaste hong-kongais dont il n'atteint certainement pas la maitrise ni la complexité.

Certes, certes, certes...

Mais les partitions les plus simples ne sont-elles pas parfois les plus agréables?


Côte: ***

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