dimanche 25 mars 2012

A part peut-être Madame Thatcher...

"La Dame de Fer" (The Iron Lady) de Phyllida Lloyd (UK); avec Meryl Streep, Jim Broadbent, Richard E. Grant, Iain Glen, Roger Allam, Nicholas Farrell...

Margaret Thatcher, seule et unique femme à ce jour à avoir occupé le poste de Premier Ministre britannique et à avoir dirigé le pays d'une véritable main de fer, coule aujourd'hui, à plus de 80 ans, une pas si paisible retraite forcée, minée par Alzheimer et la perte de son mari et supporter de toujours, Denis, dont elle n'arrive pas à accepter la disparition. Dans le difficile combat qu'elle livre tous les jours contre la maladie, elle se souvient de ses débuts et de son arrivée au pouvoir.

Autant le dire tout de suite: "La Dame de Fer" n'est pas un film sur la carrière politique de Margaret Thatcher, loin s'en faut.
Il essaye à tout crin de nous le faire croire mais, à ce niveau d'écran de fumée toxique, celà relève de l'escroquerie.
Pure et simple.

Non, c'est un film sur la vieillesse, la solitude et la maladie.
Ce qui en soit ne constitue pas une tare, bien au contraire.
Ca aurait pu, d'ailleurs, donner naissance à un un petit drame touchant, ne serait-ce justement la personnalité de son personnage principal, cette Dame de Fer qui mena son pays au bord du gouffre, du bain de sang social et économique et présida - en compagnie de son Maître de toujours, Ronald Reagan, bizarrement presque absent de cet énième biopic, d'ailleurs - aux destinées de l'Occident à une période décisive de son Histoire, au cours de laquelle fût menée une politique du désastre qui nous conduisit tout droit à la situation mondiale telle qu'on la connait aujourd'hui.

Et admettons qu'elle n'est pas brillante, la situation, hein ?
Non, je ne vous le fait pas dire.

Alors, évidemment, se pose ici la question de l'intention.
Phyllida Lloyd avait-elle le droit d'essayer de nous montrer la femme derrière la personnalité publique comme ce fût le cas dans pas mal de biographies cinématographiques récentes (pensons au tout récent "J. Edgar" d'Eastwood qui résonne un peu de la même manière) ?

Oui, sans doute et non, peut-être.

Le problème, c'est la manière dont c'est emballé.
Et là, c'est limite malhonnête.

Parce que de raccourcis en réinterprétations et d'omissions en survolage (ça se dit, ça, seulement ? Oh, et puis...), voire d'ellipses en édulcorants, le film de Phyllida Lloyd a un peu trop tendance à la complaisance et à ramener le règne pour le moins implacable de Mme Thatcher à une espèce de servitude héroïque empreinte d'abnégation stoïque qui, combinée à la vision pathos de sa maladie, force de manière déplaisante le spectateur à se tourner vers une espèce d'empathie dégoulinante pour le moins inconfortable.

Parce qu'enfin, c'est bien gentil mais, de sa position face à l'IRA à sa gestion de la crise des Malouines en passant par la répression de la grêve des mineurs, cette femme à du sang sur les mains, quand même ! Et pas qu'un peu !

Mais bon, quand on en est arrivé à ce point au niveau zéro du réalisme historique et politique (tout celà est évasif, pour le moins) et qu'on recentre le sujet pour le fixer définitivement sur le champ du désarroi amoureux et du gnangan romantique (un autre point commun avec le Eastwood, tiens...), quand on résume l'affaire à une question unilatérale de lutte des classes et d'enjeu féministe (bien que ce soient des éléments non négligeables de sa biographie, je suis le premier à l'admettre) qu'espérer encore, hein ?

Rien ou pas grand chose.

D'autant que la réalisation, pas si moche que ça par ailleurs, a une fâcheuse tendance à abuser des aller-retour temporels qui à la longue épuisent et ne sont pas loin de donner la migraine.

Alors, oui, c'est évident, ça se regarde sans ennui.

Et oui, aussi, il faut le reconnaître, la prestation de Meryl Streep (aidée en celà par des maquillages pour une fois sidérants - rien à voir avec le film du Vieux Clint, là, par contre) sauve le film.

Elle, oui, est digne de toutes les louanges.

Et elle mérite largement son troisième Oscar.

Mais pour paraphraser je ne sais plus qui, c'est juste dommage qu'elle l'ai obtenu pour ça. Voilà.


Cote: *

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