Ikea (This Bird Has Flown).
"La Ballade de l'Impossible" (Noruwei No Mori) de Tran Anh Hung (J); avec Rinko Kikuchi, Kenichi Matsuyama, Kiko Mizuhara, Reika Kirishima, Kengo Kora, Eriko Hatsune...
Japon, fin des années 60... Depuis toujours Watanabe, Kizuki et Naoko sont amis. Depuis toujours, Kizuki et Naoko sont en couple. Un jour, Kizuki se suicide... Watanabe et Naoko partent à l'université et se perdent de vue. Puis se retrouvent... Le soir des 20 ans de Naoko, qui semble n'avoir jamais surmonté la mort de Kizuki, ils font l'amour. Puis Naoko, subitement, disparait. Lorsque Watanabe reçoit enfin une lettre, il vient de rencontrer la belle et pétillante Midori... Et se demande où il en est...
Grand fan des romans de Haruki Murakami je suis.
Et "La Ballade de l'Impossible" ("Norwegian Wood", du titre de la chanson des Beatles dont l'influence sur le personnage principal est ici tout à fait gommée) est l'un de mes préférés...
Curieux de savoir ce qu'une adaptation d'un bouquin du japonais donnerait, toujours, j'ai été...
Me disant que ce n'était sans doute pas possible, tant le climat onirico-fantastique et décousu inhérents à ceux-ci me semblait intraduisible en images (et, oui, pour le coup, je vais arrêter d'écrire comme parle Yoda, ça énerve tout le monde et moi le premier, bourdalou !).
Néanmoins, de tous ceux que j'ai lu (six au total soit pas la fin du monde non plus mais assez me semble-t-il pour pouvoir émettre une opinion sensée sur la chose), "La Ballade de l'Impossible" me semblait le plus adaptable, le plus accessible.
Parce que sans doute le plus linéaire...
Le moins traversé de digressions surréalistes et fantastiques en tout genre, on va dire (et essayons pour le coup - rions mes frères ! - d'imaginer ce que donnerait, par exemple, "Chroniques de l'Oiseau à Ressort" ou "Kafka sur le Rivage" en film, juste pour voir...).
Le moins embarrassé de scories.
Et celui racontant ce qui se rapproche le plus d'une histoire, après tout.
Oui.
Eh ben c'est loupé, hein, les p'tits potes...
Parce que, avant tout, dans le roman, Murakami raconte quelque chose de grave, très grave même, mais il le fait comme d'hab', armé d'une bonne dose de légèreté, de poésie et d'un humour salutaire.
Rien de tout ça ici avec ce film lourd, plombé, déprimant, neurasthénique - même !, au climat épais et sans recul, sans finesse, soulignant à l'envi les côtés déjà pas drôles de l'affaire jusqu'à déboucher sur un truc à projeter dans les sectes, histoire de multiplier les épidémies de suicides collectifs...
Misère ! (oui, misère !)
Plus dépressif et anxiogène que ça, y a juste le scénario de "Cris et Chuchotements" récité en allemand par les Dardenne au sommet d'un terril un soir de pluie.
Soit en quelque sorte l'exact opposé de l'effet provoqué par le bouquin d'origine, qui arrivait quand même à rendre... disons... optimiste et joyeuse une histoire il est vrai, au début, pas franchement, franchement jojo...
Eeeeeeeeeeeeeeeeet.... en plus c'est looooooooonnnnnnng, ça traine, ça s'alanguit sans raison dans des plans séquences certes magnifiques (si, si !) mais à vous donner envie d'aller écouter du post-rock suisse au bout d'un brise-lame, debout sur un bac de Maes.
Oui: de Maes !
Et encore !
Et encore ai-je la chance d'avoir lu le livre, justement !
Car le film est d'une fidélité à toute épreuve à celui-ci.
Et à au moins un effet "Madeleine de Proust" pour le fan, genre "ah oui, là il se passe ça...".
Pour le néophyte, c'est juste la lose (avec un seul "o"; merci) et à mon avis l'envie irrésistible que ça se termine enfin (pour pouvoir mettre "Starcrash" à la place, voyez ? )...
Reste - évidemment ! - que visuellement, c'est splendide.
Tran Anh Hung (vous vous souvenez, "L'Odeur de la Papaye Verte" ou "Cyclo", il y a de ça 102 ans ?) sait vraiment y faire avec une caméra.
Les images sont magnifiques, chaque scène est un tableau et la nature japonaise (les montagnes en hiver...) donne à voir des choses merveilleuses...
Et les acteurs - surtout la définitivement magnifique Rinko Kikuchi - font leur boulot (même si la plupart devraient apprendre à pleurer à l'écran - et Dieu sait si ici ils pleurent beaucoup !).
Mais bon, y a pas à tortiller...
Quand c'est chiant, ben... C'est chiant.
Et là, ben...
Hum...
Oui, allez... C'est chiant.
Cote: *
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