lundi 16 novembre 2009



Le fond de la bouteille.

"Le Dernier pour la Route" de Philippe Godeau (F); avec François Cluzet, Mélanie Thierry, Michel Vuillermoz, Anne Consigny, Bernard Campan, Marilyne Canto...

Hervé, la cinquantaine, patron d'une agence de presse, est alcoolique et décide d'essayer de s'en sortir. Pour cela, il rentre en cure dans un centre spécialisé. Loin de sa famille, loin de la ville, loin de sa vie quotidienne, il va essayer de remonter la pente, de combattre la dépendance et de se forger une nouvelle existence.

Adapter le bouquin autobiographique de Hervé Chabalier, voilà qui n'était pas la moindre des gageures, le moindre des défis, surtout pour un néophyte...

Et pourtant, un peu à l'image de son personnage et de celui qui l'a inspiré, le producteur Philippe Godeau, pour son premier long métrage en tant que réalisateur, a décidé de se lancer avec crânerie dans cette entreprise un peu folle (pour un débutant, s'entend) et - si on était vraiment méchant on serait tenté d'écrire "évidemment" - s'y casse les dents.

Et bien, encore.

Bon...

Alors oui, bien sûr, on comprend ce qui a pu l'intéresser dans le sujet et son traitement (sobre, sans mauvais jeu de mot), on sent bien l'investissement de la part de l'équipe comme de celle des acteurs.
La sincérité.
L'engagement, presque.

Mais justement...

Paralysés devant ce sujet de société trop évident, tarte à la crème de générations de plats de nouilles télévisuels à la Jean-Luc Delarue, corseté par l'importance du sujet, la volonté de bien faire, le politiquement correct et, pour tout dire, sérieusement handicapés par le manque de bouteille (décidémment) du néo-réalisateur, tout ce beau monde s'enlise, s'encrouille et finit par accoucher d'une sorte de téléfilm fleurant bon la naphtaline et remplissant à la lettre un cahier des charges des bons sentiments pour le moins envahissant...

Parce que tous les clichés y passent, platement filmés avec une sorte d'application morne.
Du déni à la remise en question, du malaise déclencheur à la rédemption finale, de l'amourette entre le héros amorti et une jeunette forcément rebelle et auto-destructrice à l'épouse évidemment résignée et martyre, sans oublier le conflit avec le fils qui n'arrive pas à comprendre.

Ca a beau être inspiré d'une autobiographie (donc censé être vrai, laissons au moins aux auteurs le bénéfice du doute) ça fait quand même beaucoup, non ?

Si.

Et comme, une fois encore la réalisation ne suit pas, que ça manque de rythme, que ça abuse de ficelles narratives épaisses comme des câbles Belgacom (les incessants flashbacks élliptiques) ça finit même par en devenir lourd.

Pire, ce qui est vraiment dramatique avec un sujet pareil: ça n'arrive jamais, ou si peu, à émouvoir (une seule fois, en fait, lors de la mort du personnage interprêté par Michel Vuillermoz).

Et pourtant, Dieu sait que ce n'est pas faute d'essayer, oh non !

L'interprétation principale, malheureusement, suit.
François Cluzet est très bien, de manière générale, mais il devrait apprendre à pleurer de manière un petit peu plus convaincante (et comme ça pleurniche pas mal...) et Mélanie Thierry est exaspérante dans son petit numéro toujours sur le fil de l'hystérie (c'est le personnage qui veut ça, notez, mais bon...).

Restent les seconds rôles, vraiment excellents, eux.
Aux premiers rangs desquels Michel Vuillermoz, excellentissime comme à sa très bonne habitude et dont l'interprétation suffirait presque - je dis bien "presque" ! - à ce que l'on conseille d'aller voir le film.
Idem pour d'autres, d'ailleurs, tels Anne Consigny, Marilyne Canto ou l'étonnant Bernard Campan, dans un rôle à la limite du caméo.

A eux tous (auxquels il faut rajouter Lionnel Astier, celui de Kaamelott) ils arriveraient quasiment à sauver ce petit film tristounet, limite neurasthénique, de l'abîme d'ennui dans lequel il nous plonge.

Malgré son indéniable honnêteté.

Ah la la... C'est bien malheureux, tout ça, allez.



Cote: *

Aucun commentaire: