La surprise est à l'intérieur...
"The Box" de Richard Kelly (USA); avec Cameron Diaz, James Marsden, Frank Langella, James Rebhorn, Holmes Osborne, Celia Weston...
1976. Tout n'est pas au beau fixe dans la vie de Norma et Arthur Lewis. Elle, enseignante, viens d'apprendre que l'école refusait la bourse d'études de son fils et lui, ingénieur sous-payé à la Nasa, qu'il avait échoué aux tests pour devenir astronaute... Quand, un beau jour, une mystérieuse boîte est déposée sur le pas de leur porte... Quelques temps plus tard, le couple reçoit la visite du tout aussi étrange Arlington Stewart qui leur propose un deal simple et limpide: appuyez sur le bouton rouge de la boîte et vous recevez un million de dollars... Et une personne que vous ne connaissez pas, quelque part dans le monde, meurt.
Adapté d'une nouvelle de Richard Matheson (celui de "Je suis une légende", oui), "The Box" souffre essentiellement d'un problème de longueur - dans tous les sens du terme.
Comment, en effet, arriver à tirer un film de près de deux heures à partir d'un texte qui, lui, court sur à peine dix pages (et avait, de ce fait, inspiré déjà un excellent épisode de "La Quatrième Dimension", nouvelle formule) ?
Eh bien, Richard Kelly (of "Donnie Darko" 's fame !) n'a pas résolu le problème et donc, il dilue.
On s'en rend compte d'entrée de jeu, d'ailleurs: une fois posé le problème de base, comment va-t-il faire pour un tirer un long métrage ?
En étendant, en étirant à l'envi !
Et donc c'est vrai, oui, le film souffre de l'une ou l'autre... longueur...
Mais, heureusement, c'est bien là son seul défaut (ou presque, allez).
Pour le reste, le moins que l'on puisse dire c'est qu'il nous réserve son lot de surprises !
Tout d'abord sur sa nature elle-même...
J'étais personnnellement persuadé d'aller voir un film d'horreur (conforté en cela par la bande-annonce, d'ailleurs). Et v'la-t-y pas que je me retrouve devant un film de S.F. !
Et pas n'importe quelle S.F., s'il-vous-plait !
De la pure et dure, à l'ancienne, qui fleure bon le flip et la parano !
Comme on en faisait dans les années 50-60, en pleine Guerre Froide.
Dans laquelle les extraterrestres étaient comme autant de métaphores de la menace communiste.
Bon, oui, rien de tout cela vraiment ici, époque oblige (quoi que, tiens...). Mais on pense en effet beaucoup à des films tels que "Le Village des Damnés" (encore lui !) ou surtout "L'Invasion des Profanateurs de Sépultures" (l'original de Don Siegel. Quoi que... ça marche aussi avec le remake de Philip Kaufman...).
Tout y est !: l'ambiance délicieusement paranoïaque, la menace sourde, s'imisçant dans la vie quotidienne, la théorie du complot (dans laquelle on va ici jusqu'à embringuer la Nasa), le côté "seul contre tous" (au mieux les autres nous prennent pour des fous, au pire ils font partie de l'affaire)...
Jusqu'à la réalisation, précise, froide, presque clinique (la photo, en particulier, est glaçante).
Le film multiplie également les références, les citations, voire les clins d'oeil plus ou moins appuyés (la scène de la bibliothèque, très réminiscente de "L'Invasion...", justement) et nous réserves suffisament de retournements de situation pour nous tenir en haleine jusqu'au bout, agrippés à notre fauteuil - voire debout dessus ! - ce qui n'était, au départ, pas la moindre des gageures...
Alors, oui, au-delà des longueurs, du petit ventre mou du film, il y a aussi ici et là l'une ou l'autre maladresse (des effets spéciaux foireux rajoutés plic ploc pour faire bonne mesure et en remettre un couche du point de vue purement spectaculaire).
Mais l'histoire en elle-même, son sous-texte solide (on ne cite pas Sartre pour rien), les twists incessants, le tout bien aidé, il faut le dire, par l'interprétation (Diaz dans peut-être son meilleur rôle EVER et Langella formidable, comme d'hab') sont là et bien là pour nous emmener vers un climax tendu, dramatique et finalement très étonnant pour un film de genre, particulièrement américain (bon, c'est pas "The Mist" non plus, faut pas exagérer, mais quand même...).
Reste à déplorer, peut-être, la lecture "biblique" et très manichéenne - très "américaine" aussi, celle-là, pour le coup - que Kelly fait de l'histoire, la transformant en une espèce de relecture binaire du mythe d'Adam et Eve où c'est toujours la femme "qui à fait la boulette"...
Mais après tout, et pour une fois, c'est la somme de toutes ces choses qui fait de "The Box" ce qu'il est: une série B intelligente et troublante, passionnante à défaut d'être totalement maîtrisée.
Un beau petit film "malade", en somme.
Et c'est très bien aussi, les films malades, non ?
Ca a au moins le mérite de ne pas aller forcément là où on les attend...
Et ça, hein...
Cote: ***
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