"In Ireland they put you away in the Maze..."
"Hunger" de Steve McQueen (UK); avec Michael Fassbender, Liam Cunningham, Stuart Graham, Liam MacMahon, Davey Gillen, Lalor Roddy...
Prison du Maze, 1981. Ne voulant pas être considérés comme des prisonniers de droit commun et porter l'uniforme carcéral, les militants de l'IRA ont entamé la "Blanket and No-Wash Protest", vivant nus, refusant de se laver, de se raser, de se couper les cheveux et partageant des cellules répugnantes, au murs maculés de leur propre merde. Lorsque la direction leur propose des vêtements civils, une émeute éclate. C'est alors que leur leader, Bobby Sands, fait part à l'aumonier de la prison de son intention de mener une grève de la faim au finish afin d'obtenir pour ses camarades le statut de prisonniers politiques.
Attention, âmes sensibles s'abstenir!
Dans la lignée du "Bloody Sunday" de Paul Greengrass mais poussant encore plus loin sa logique à la limite du documentaire, "Hunger" est un film-choc!
Un vrai.
Un de ceux qui font vraiment mal.
Une oeuvre frontale et jusqu'au-boutiste qui prend littéralement aux tripes.
Usant d'un sens achevé de l'image, du rythme et du découpage, le plasticien Steve McQueen - qui réussit avec ce premier film un impressionant et très réussi changement de discipline - signe un grand film politique, un drâme bouleversant et - par delà - une oeuvre proche à la fois du cinéma d'art et d'essai, du film militant et du film d'horreur pure.
Brutal, radical et en même temps visuellement splendide, presque élégiaque, "Hunger" est l'un de ces films dont il est difficile, impossible même, de sortir intact.
Avançant de manière extrèmement subtile grâce à une construction éclatée qui alterne courts passage brutaux, presque hystériques, et longs plans séquences permettant de rendre palpables la peur ou le désespoir de ses protagonistes, le film de McQueen est aussi, grâce à son scénario incisif et à la grâce de son évolution finale, une oeuvre d'une grande pudeur - malgré tout ce qu'il montre - et d'une grande dignité.
Ne chargeant jamais inutilement - en dehors du gouvernement Thatcher, bien entendu, les personnages ou même les institutions qu'il décrit.
Que ce soient les gardiens (splendide scène d'ouverture sur l'un d'eux baignant ses poings meurtris), les militants, leurs familles, les policiers (le jeune "CRS" littéralement malade lors de la très impressionnante scène de la fouille)...
Et c'est aussi de cette humanité, palpable, de cette compassion presque, que surgit la grande force du film.
Le reste étant affaire d'art et donc de parti pris.
En bon styliste qu'il est, certainement pas manchot avec une caméra, McQueen ménage ses effets et signe une oeuvre d'une beauté formelle évidente tout en osant aller au bout de ses idées, comme le prouve ce plan-séquence de 17 minutes uniquement constitué d'un dialogue entre Bobby Sands et un prètre, d'autant plus impressionnant que le reste du film est presque muet, ou en tout cas très avare en dialogue...
Et au sommet de cette merveille de cinéma; ce que l'on aurait presque envie de qualifier de "cerise sur le gâteau" si l'expression ne prenait pas ici l'aspect d'un mauvais jeu de mots: l'interprétation hors norme du comédien anglo-allemand Michael Fassbender, amaigri de manière vraiment très inquiétante, qui livre ici un portrait de Sands fiévreux et passionné.
Fiévreux et passionné, tout comme le reste du film, oui.
Assurément l'une des réussites les plus évidentes de cette fin d'année.
De cette année?
De ces dix dernières années!
Cote: ****
lundi 8 décembre 2008
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13 commentaires:
C'est marrant de s'appellé Steve McQueen pour un black.
Il aurait pu s'appeller Yul Brinner.
Bon...
ça vient ce sondach?
Je vais réessayer mais aux dernières nouvelles ça marchait po. Blogger est un ustensile capricieux.
Un peu comme un hovercraft.
Voilaaaaaaaaa, c'est faaaaaiiiit, ça maaaaaaaaaarche...
Bon... J'ai fait mon citoyen de base puisque j'ai voté pour le seul film de la liste que j'ai vu (et qui ne m'a pas plu, quand même!).
Ah oui, c'est juste. Tu n'avais pas aimé There Will Be Blood, toi.
Je me demandais si c'était de la provoc, ce vote. ;-) Enfin, c'est aussi pour ça que je l'ai mis dans la liste, hein...
Voila au moins comme ça tu sais qui a voter pour REC,sinon j'ai vu que quelqu'un qui passe dans une trés bonne émission quand on a un Qi de 5: la méthode Cauet,avait prit le meme pseudo que toi mon brave Cartman
Oui, c'est un des drames de ma vie.
Et j'avais deviné que c'était toi qui avait voté [REC], bien entendu...
Ce week-end, après la critique de Mesrine Part II: mon Flop 5 pour 2008.
Wééééééééééééééééééééééé!!!!!!!!!!!
wèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèè!
Mais avant de faire un "flop 2008", il faut que tu voies Rambo IV sinon, ce sera biaisé.
Non parce que de toute façon ne comptent dans mes tops et autres flops que les films que j'ai vu en salle.
Donc, même si je vois le Rambo ce sera en dévéïdéï et donc ça compte pas.
Rien à voir et uniquement pour les puristes, le titre de ce post vient d'une chanson des Pogues, "Birmingham Six", sur l'album "If I Should Fall from Grace with God".
"In Ireland they put you away in the Maze/In England they keep you for several long days/God help you if ever you're caught on these shores/And the coppers need someone and they walk through that door"...
Comme disait l'autre: c'est de toute beauté! Sérieux.
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