lundi 29 décembre 2008



Idioterne.

"Burn After Reading" d'Ethan et Joel Coen (USA); avec George Clooney, Frances McDormand, John Malkovich, Tilda Swinton, Brad Pitt, Richard Jenkins...

Osborne Cox, obscur analyste à la CIA, vient de se faire virer. Ivre de rage, il décide de balancer le peu qu'il sait dans un livre de mémoires qu'il s'imagine déjà sulfureux et corrosif. Sa femme, qui le trompe avec un marshall fédéral, accueille la nouvelle avec philosophie. De l'autre côté de la ville, Linda Litzke ne pense qu'à une chose: sa future opération de chirurgie esthétique, pour laquelle il lui manque pas mal d'argent. Quand son collègue Chad découvre dans les vestiaires de la salle de fitness où tous les deux travaillent un CD contenant des infos relatives au futur livre de Cox, Linda se persuade qu'elle va pouvoir en tirer un bon prix...

Elle est pas belle la vie?
En une année non pas un mais deux films des frères Coen!
C'est-y-pas formidable?
Et deux bons en plus, même si dans des registres totalement différents...

Ils nous auront gâté, c'est le moins que l'on puisse dire...

Et donc, après le gargantuesque plat de résistance, voici venir le dessert, en forme d'ubuesque cerise sur le gâteau...

Soit "Burn After Reading", une "petite" comédie virevoletante et brillantissime, beaucoup plus méchante qu'il n'y parait de prime abord.
Et comme c'est dans la méchanceté que les frangins s'expriment le mieux, ce serait dommage de bouder notre plaisir et de passer à côté du truc, sous le prétexte futile qu'après "No Country for Old Man" il s'agirait ici d'un Coen mineur...

Car voila, que nenni!

Moyen, peut-être, mineur certainement pas (et encore faut-il s'entendre sur le sens que l'on donne ici à "moyen", tant il est vrai que de manière générale les gaillards placent la barre assez haut).

Non, c'est sûr, ils ont retrouvé la forme.
Après un assez long passage en creux (de "The Barber" à "Ladykillers", disons...), les revoici capables de torcher d'un coup deux excellents films en une année: un chef-d'oeuvre véritable et un vrai petit régal!

Car il serait facile de croire qu'après la noirceur du précédent, "Burn After Reading" ait été considéré par les Coen comme une sorte d'exhutoire. Qu'après tant de violence ils aient été tentés de se divertir en écrivant et tournant une comédie, féroce, certes, mais néanmoins légère...
Que nenni, ici encore, puisque le scénario de "Burn After Reading" a été écrit au même moment que l'adaptation du roman de McCarthy.
Un scénario pour lequel le fond (à savoir la vraie-fausse intrigue et le côté "espionnage" de l'affaire) importe finalement assez peu, d'ailleurs...

Non. Considéré comme la troisième et - forcément - dernière partie de leur fameuse "Trilogie des Idiots" (entamée avec "O'Brother" et poursuivie avec "Intolérable Cruauté", le trait d'union étant George Clooney), "Burn After Reading" est un réjouissant jeu de massacre dans lequel les rebondissements et surtout les comportements des protagonistes sont ce qu'il ya de plus important.

Et de ce côté-là on est gâtés, balancés que l'on est d'un agent de la CIA alcoolique et très énervé (Malkovich, fulminant et très en forme), à un marshall queutard et neuneu (Clooney, parfaitement ahuri), en passant par une foldingue obsédée et jusqu'au-boutiste (McDormand, qui remporte définitivement la palme) et un prof de fitness limite débile léger (Brad Pitt, incroyable avec son brushing "années '80" et ses petites chorégraphies ridicules).
Tous courant comme des abrutis congénitaux d'une situation improbable a une autre avec une espèce de logique implacable et pourtant difficilement compréhensible, tant elle ne semble appartenir qu'à eux...

Et du coup on se marre beaucoup, c'est vrai.
Et surtout on déguste, on savoure, on sirote tous ces quiproquos et retournements de situation quasi schizophréniques avec un plaisir visiblement partagé à la fois par un casting très à son affaire et par des frères Coen qui nous emballent le tout avec brio en se payant en plus le luxe de ne pas avoir l'air d'y toucher.

Et quand tout ça se termine - assez mal pour quasiment tout le monde en plus (spoiler dans ta face!) - on ne peut que se réjouir de ce brillant et inattendu cadeau de Noël, offert par l'un des duos d'auteurs les plus en forme du moment.


Cote: ***

1 commentaire:

Unknown a dit…

Ai vu ce brol la semaine dernière et j'ai beaucoup apprécié. de toute beauté!