dimanche 14 décembre 2008



Plat de résistance.

"Mesrine: L'Ennemi Public N°1" de Jean-François Richet (F); avec Vincent Cassel, Ludivine Sagnier, Gérard Lanvin, Mathieu Amalric, Olivier Gourmet, Samuel Le Bihan...

Deuxième partie de l'incroyable parcours de Jacques Mesrine - à qui ses casses et autres actions criminelles spectaculaires valurent d'être surnommé l' Ennemi Public N°1 par les médias - de son retour du Canada à sa mort, Porte de Clichy, le 2 novembre 1979.

C'est dingue comme on peut avoir l'impression, à la vision de cette deuxième partie, que tout le premier film n'était finalement qu'un prétexte.
Un magnifique prétexte, certes, qui se suffirait bien à lui-même, tenez, ne serait-ce cet "Ennemi Public", justement. Tellement maitrisé, lui, qu'il le ferait presque oublier.

Une première partie qui n'aurait été là, en fait, que pour annoncer celle-ci.
Pour installer les personnages, placer l'ambiance, lancer l'histoire, jusqu'à aboutir à ceci: un deuxième volet beaucoup plus vif et spectaculaire, plein à craquer de scènes que l'on pourrait presque qualifier d'anthologiques (enfin, laissons le temps au temps), "tenu" à merveille par son réalisateur et gonflé par un scénario à l'écriture merveilleusement ambigue.

Cette ambiguïté qui, à mon sens, fait beaucoup pour la qualité de l'ensemble.

Le tout, et là aussi encore plus que dans le premier opus, porté par un Vincent Cassel hors norme, aidé qui plus est par quelques beaux face-à-face avec des partenaires de très haut niveau, aux personnages beaucoup plus écrit que dans "L'Instinct de Mort" (heureusement d'ailleurs, sinon je me ferais encore reprendre pour avoir laissé sous-entendre qu'ils n'existaient pas vraiment. Comprenne qui pourra).

En effet, les compositions massives - dans le sens noble du terme, c'est à dire "à l'ancienne" - et pourtant subtiles de comédiens d'exception tels qu'Olivier Gourmet, Mathieu Amalric ou Ludivine Sagnier (et à l'exception notable de Lanvin, abominable et totalement ridicule dans le rôle de Charlie Bauer, qu'il joue "avé l'accent" et les mimiques comme si on était dans un vieux Fernandel) sont comme autant de "cannes" sur lesquelles Cassel peut appuyer son jeu.
Ce dont il ne se prive évidemment pas, en tirant le meilleur effet.

Comme, de surcroit, le film lui ménage quelques belles occasions de briller dans un registre peut-être un peu moins physique (c'est extrèmement relatif),et relevant plus de la comédie pure - parfois au sens littéral du terme comme dans cette très drôle scène de procès - il n'en est encore que plus impressionnant.
D'autant que ces scènes sont servies par des dialogues qui claquent, lesquels achèvent de donner au film cette patte "vintage" qui fait aussi son charme...

Pour le reste, ce deuxième "Mesrine" évolue dans les mêmes eaux troubles que son prédécesseur, avec des scènes d'une violence peu commune, comme celle de l'enlèvement du journaliste de "Minute", qui continuent à dresser du malfrat un portrait à la fois sombre et lumineux, balançant sans cesse entre le personnage "public" - hableur et charismatique, sabrant le champagne avec les policiers venus l'arrêter ou risquant sa liberté pour rendre visite à son père mourant - et le quasi psychopathe, mégalo et violent, pour qui la vie ne semble parfois pas avoir d'importance.

C'est la force et le souffle de ce portrait-là, ainsi que la construction et le découpage ultra-dynamique, toujours vers l'avant, qui donnent au dyptique sur Mesrine son implacable intensité.
Jusqu'à ce qu'il s'achève sur un coda aussi bouleversant que bizarrement christique (y a qu'à voir l'affiche, on dirait celle de "La Passion du Christ" de Gibson), finalement bien à l'image du film dans son ensemble...

Puissant et délicieusement ambigu.


Cote: ****

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