jeudi 1 novembre 2007
Orient Express.
"Le Deuxième Souffle" d'Alain Corneau (F); avec Daniel Auteuil, Monica Bellucci, Michel Blanc, Jacques Dutronc, Gilbert Melki, Eric Cantona...
Paris, années 60. Gu Minda, célèbre ponte du Milieu s'évade de Centrale. Pour pouvoir fuir en Italie en compagnie de Manouche, la femme qu'il aime, il accepte de participer à un dernier coup...
La question qu'on se pose évidemment à la vision de cet upgrade du "Deuxième Souffle" de Melville, prétendument plus fidèle au roman d'origine de José Giovanni (que je n'ai pas lu) c'est "à quoi bon?".
Ou plutôt: "était-ce bien nécéssaire".
Tout n'avait-il pas en effet été dit - et bien dit - dans l'original?
Mais bien vite on comprend ce qui a motivé Corneau (autre spécialiste du polar "à la française". Souvenez-vous de "Série Noire", entre autres) dans cette redite.
Car c'est facile d'y voir une espèce de challenge...
Une tentative de relecture et, au-delà de l'exercice de style, une proposition de cinéma originale et excitante.
Même si loin d'être aboutie.
Le cinéaste propose en effet une tentative de redynamisation du cinéma de papa - ou du moins d'un certain style de cinéma populaire gorgé de stars - en y insufflant des éléments issus du cinéma asiatique moderne, réputé dernier spécialiste en matière de "film noir".
Un cinéma chromo, marqué "qualité française", avec son décorum sixties de carte postale mais boosté par ces apports extérieurs que sont l'usage des couleurs et des lumières à la Wong Kar-Wai, les ralentis et accélérés à la Johnny To ou encore ces brèves explosions de violence chères à Kitano.
Le cinéma du dimanche réinventé extrème oriental...
Gabin et Ventura façon saké et Nuoc-Mâm...
Mais le problème c'est que ça ne marche qu'a moitié...
Tout cela fait trop toc, trop carton-pâte et, d'une certaine manière, trop kitsch que pour ne pas laisser perplexe.
Enfin... En tout cas en partie...
Le casting ne fonctionne pas trop mal, ce qui est déjà une demi-réussite quand on voit à quel point il pioche dans des univers et des "familles" différents, du Splendid Michel Blanc au footeux Cantona (qui joue comme une planche mais bon, c'est pas comme si Michel Constantin était Laurence Olivier non plus) en passant par Dutronc ou la jeune pousse Duvauchelle...
Malheureusement, c'est là où c'est essentiel que ça coince: Auteuil n'aura jamais les épaules assez larges que pour faire oublier Ventura (il est même fort peu crédible en truand quasi légendaire) et Bellucci est, comme toujours, à côté de la plaque.
Les longues plages de dialogues qui lorgnent fortement vers Audiard tombent le plus souvent à plat et sonnent trop théatrales, trop ampoulées que pour réellement fonctionner.
Et l'intrigue, pourtant savoureusement alambiquée - à l'ancienne - souffre de tous ces excès, de tout ce trop plein et finit par se distendre, jusqu'à transformer le milieu du film, par ailleurs beaucoup trop long, en un embarassant ventre mou.
Quant au final, à la limite du grotesque, mieux vaut ne rien en dire...
Bref, voilà un film qu'on aurait voulu aimer et qui, d'ailleurs, réserve quand même sa part de bons moments mais qui, malgré l'honnêteté affichée de ses intentions, ne parvient jamais à assurer ce qu'il faut pour ne serait-ce que venir à bout de son ambitieux - et épuisant - cahier des charges.
Et c'est dommage...
Trois fois dommage...
Côte: ** (pour le casting et les efforts de mise en scène mais c'est large).
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaire:
Ou est l'interet de la mode remake si c'est chaque fois plus mauvaix que l'original ?
Enregistrer un commentaire