mardi 2 octobre 2007



Bienvenue dans un monde de merde...

"99 Francs" de Jan Kounen (F); avec Jean Dujardin, Vahina Giocante, Jocelyn Quivrin, Elisa Tovati, Patrick Mille, Nicolas Marié...

Octave Parango est créatif dans la pub.
Il bosse pour la plus grosse boite du moment.
Il est couvert de fric, de femmes et de coke.
Il a un train de vie insensé et est, de son propre avis, une véritable merde.
Il est le Maitre du Monde...
Pourtant, deux événements vont bouleverser son univers et tout remettre en question...

Il est permis de détester Frédéric Beigbeder. Sa tronche de planche à pain, ses costards à la con, son parisianisme exacerbé, ses plans marketing érigés en dogme...

Il est possible de ne pas aimer Jan Kounen. Son cinoche plein de gimmicks, son chamanisme à deux balles, son côté "MTv de l'altermondialisme"...

Il n'est même pas invraisemblable d'être agacé par Jean Dujardin. Son omniprésence médiatique, sa dégaine de Belmondo du programme court, trop sympa et rassurant pour être honnête...

On peut donc logiquement aborder "99 Francs" (le roman du premier, adapté par le deuxième avec le troisième en tête d'affiche pour ceux qui reviendraient d'une mission de plusieurs années dans l'espace) avec une curiosité teinté de méfiance.
Avoir envie de le voir et en même temps se dire d'avance que l'on va être agacé...

C'était mon cas.

Et on peut dire que, dans les premières minutes, le film tient toutes ces promesses: on a vraiment envie de flinguer ce personnage antipathique et merdeux et de sortir de la salle, tant le traitement apparemment gadget de l'affaire à de quoi irriter.

Et puis petit à petit les chose se mettent en place...
La charge anti-pub (assez sévère bien que parfois un peut trop attendue) prend le dessus.
Le personnage se révèle.
Les effets - omniprésents - prennent tout doucement une autre place et une autre dimension.
Et on se laisse avoir...

Parce qu'il s'agit bien de ça!

Et en celà le film est particulièrement roublard et Kounen très malin, qui use et abuse des armes de son adversaire: montage ultra-cut, déluge d'informations, trouvailles visuelles, musique über signifiante, pétarades et déflagration qui finissent par transformer "99 Francs" en un véritable clip à la gloire de lui-même.

C'est visuellement épatant (comme dirait Marc Ysaye), c'est sûr.
On est bien obligéde le reconnaitre.
Mais ce n'est pas pour autant un OVNI cinématographique, comme on a pu le lire ça et là dans la presse spécialisée, essentiellement française. OVNI pour le cinéma hexagonal, oui peut-être... Pour le reste...

Pour le reste, Kounen se contente de recycler, brillament il est vrai, les idées des autres. Poussant de ce fait la parabole encore plus loin.
Enfonçant encore plus le clou de sa charge anti-consummériste...

Et de "Las Vegas Parano" à "Trainspotting", de "Fight Club" à "Requiem for a Dream" en passant par Aphex Twin, "2001" ou même "Kill Bill" (eh oui! il y a même un passage en manga! Enfin, "en manga"... en dessin animé...) on peut dire que sa ratisse très, très, très large!

Mais c'est fait avec tellement d'énergie et un sens si aiguisé du fun qu'on se laisse complètement avoir. Ce qui, en fin de compte, illustre très bien le propos du film n'est il pas?

Il est.

Bien sûr, c'est tellement foisonnant qu'il y a forcément à boire et à manger.
De fausses bonnes idées (les apparitions de Beigbeder himself en Badman), des trucs qui tombent complètement à plat (une avalanche pour symboliser la coke, ouh ouh ouh!) et même un twist final rigolo mais quand même fort gadget...

Et puis parfois on se dit que "99 Francs" épouse un peu trop les tics qu'il est censé dénoncer.
Et forcément, ça agace...

Mais à côté de ça il se passe tellement de choses qu'on ne s'ennuie pas une seconde, c'est suffisament bien foutu pour qu'on en prenne plein les yeux et assez finaud pour qu'on en sorte sans se sentir floué.
On pourrait même dire de certaines scènes qu'elles ont un potentiel "anthologique" (la fausse pub Kinder, par exemple. Mais pas seulement).

Et puis y a rien à faire, Dujardin est parfait!

Présent dans quasi toutes les scènes il déroule un vrai grand numéro de crapule thrash, comique et pathétique à la fois.
Même s'il est - bien - entouré de solides seconds rôles (les bombasses Vahina Giocante et Elisa Tovati, l'excellentissime Jocelyn Quivrin et surtout Nicolas Marié, plus vrai que nature en déclinaison 2000 du Julien Guiomar période Tricatel) c'est évidemment sur lui que repose tout le film et il s'en sort plus qu'avec les honneurs, on est bien obligé de l'avouer.

Ce qui nous donne en fin de compte, un film en forme de montagnes russes, plus amusant que vraiment virulent mais qui à le mérite d'amuser franchement.

Un film qu'on aurait aimé voir plus un poil plus mordant, un poil plus pessimiste mais qu'on ne peut pas s'empêcher d'aimer quand même.

Somme toute un bon produit.

Bien emballé et surtout bien vendu.


Côte: ***

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