jeudi 22 février 2007
Ouverture et rétrospective! (III et fin).
Ouh là! Gros morceau aujourd'hui pour terminer cette première série!
Trois films et pas n'importe lesquels!
Du mastoc, du conséquent!
Alors trève de bavardage: au charbon!
1. "Le Dernier Roi d'Ecosse"; (The Last King of Scotland); de Kevin Macdonald (UK). Avec Forest Withaker, James McAvoy, Kerry Washington, Gillian Anderson...
Autant vous prévenir tout de suite: tout ce que vous allez voir dans ce film (à l'exception du personnage très intelligemment amené du jeune médecin écossais) est vrai!
J'ai lu plusieurs bios consacrées à Amin Dada (puisque c'est de lui dont il s'agit ici), vu l'incroyable documentaire de Barbet Schroeder "Général Idi Amin Dada", quasiment mis en scène (et en tout cas en musique) par le dictateur lui-même, lu tout ce qu'on peut trouver sur lui sur Internet, etc.
Bref, le personnage me fascine et je pense connaitre assez bien son histoire, assez en tout cas pour distinguer le vrai du faux.
Tout ça pour dire qu'aussi incroyables qu'elles puissent paraitre, toutes les horreurs qui vous seront montrées par Kevin McDonald dans ce film sont des exactions que le tyran et ses hommes ont véritablement commises!
Cette précaution liminaire me semble indispensable, tant certaines scènes extrèmes - et essentiellement situées vers la fin du film - pourront paraitre exagérées, voire carrément inventées...
Premier véritable long-métrage de fiction du documentariste Kevin MacDonald (auteur de l'Oscarisé "Un Jour en Septembre", la version documentaire du "Munich" de Spielberg), "Le Dernier Roi d'Ecosse" est un film fascinant et parfaitement glaçant par ce qu'il nous montre de la nature humaine.
Construit selon une logique de progression particulièrement roublarde, il vaut surtout - mais pas seulement - pour la présence de ce jeune docteur écossais, seul personnage fictif du film, devenu presque par hasard médecin et conseiller personnel d'Amin Dada.
Symbole évident de l'Occident et de la manière dont celui-ci apréhenda le tyran durant son règne, il passe, à l'instar des pays qu'il est sensé "représenter", par toutes les phases possibles et imaginables: de l'émerveillement au rejet total en passant par la sympathie, la relation père-fils et même la collaboration.
Ce qui rend de surcroit son personnage extrèmement complexe et ambigu: à la fois insouciant, sympathique et parfaitement détestable!
Une métaphore d'autant plus forte que le film suit le même cheminement: Amin Dada étant d'abord présenté comme le sauveur de l'Ouganda, puis comme un doux dingue un peu folklorique, ensuite comme un fou furieux explosif et instable souffrant d'une forme de paranoïa aigue et enfin comme le psychopathe sanguinaire, assoifé de pouvoir et totalement obsédé par le contrôle qu'il était réellement.
Le spectateur, prisonnier de ce maëlstrom narratif, est donc d'abord confronté à une sorte de comédie dramatique plutôt sympatoche, un biopic léger qui glisse progressivement vers la folie furieuse et le gore le plus total.
Portrait démesuré d'un personnage "bigger than life", "Le Dernier Roi d'Ecosse" est également une grande réussite d'un point de vue strictement formel.
Le passé de documentariste du réalisateur a fait de lui un spécialiste de l'image (la photo est splendide) et surtout du montage.
Un montage qui, en n'ayant pas peur de jouer de l'éllipse, dynamise formidablement le film!
Mais le plus impressionnant reste évidemment l'interprétation.
James MacAvoy, d'abord, qui réussit à faire exister son personnage face à l'ogre Amin Dada.
Kerry Washington ensuite, très émouvante en épouse sacrifiée (et quel joli pépette).
Forest Withaker, enfin (on a envie de dire "bien entendu"), qui nous avait déja prouvé à moulte reprises l'étendue de son talent ("Bird", "Ghost Dog", ...) mais qui réussit encore ici à nous bluffer par son invraisemblable facilité à passer en un un clin d'oeil de la bonhomie rigolarde au sadisme le plus total.
Avec au fond de l'oeil un grain de folie permanent qui fait vraiment froid dans le dos.
Si avec ça il ne nous ramasse pas un Oscar...
Côte: ***
2. "Inland Empire"; de David Lynch (USA). Avec Laura Dern, Jeremy Irons, Julia Ormond, Justin Theroux, Grace Zabriskie, Harry Dean Stanton...
Wow!
Ouh la!
Ouch!
Je... Oui...
Parce que... Alors... Bon...
Mais... euh...
Non.
C'est...
Je...
Bon, personnellement j'ai trouvé ça formidable!
D'un autre côté, et pour être tout à fait honnête, deux semaines et une chique après, je ne suis toujours pas tout à fait sûr de ce que j'ai vu.
Ce qui est certain, c'est que cet "objet" (je ne vois pas d'autre mot) est ce qui m'a été donné à voir de plus déroutant depuis que je vais au cinéma (je ne compte pas "Eraserhead" dont on voit trop que c'est du total n'importe quoi alors qu'ici c'est évident qu'il y a quelque chose derrière. MAIS QUOI???).
Glauque et étouffant, répétitif et hypnotique, c'est un "film" difficile, peu aimable, qui ne caresse jamais le spectateur dans le sens du poil et qui réserve même des moments d'angoisse apparement infondés, voire de terreur pure, tripale, irréfléchie.
Ca fait suer du crâne, comme disait l'autre. Et sérieusement!
Et il vaut mieux ne pas être claustrophobe avant de s'y aventurer, non plus.
Evidemment, ça demande un minimum d'effort avant d'arriver à y pénétrer (surtout que le début, assez lent, ne facilite pas les choses) mais une fois qu'on est "installé", il est facile de se laisser emporter par cette série de scènes sans lien apparent les unes avec les autres mais qui semblent néanmoins obéir à leur logique propre.
Une logique que l'on sent toujours présente, là, à quelques centimètres en dessous de la surface mais sur laquelle on n'arrivera jamais à mettre le doigt.
Faisant pour une fois une utilisation intelligente de la DV, truffé de véritables morceaux de bravoure cinématographiques et porté par l'interprétation habitée - hantée presque - de Laura Dern, "Inland Empire" est bien plus qu'un film, c'est une oeuvre d'art au sens le plus large du terme.
Et aller le voir, n'est pas simplement "aller au cinéma".
C'est vivre une expérience à part entière. Et une sévère!
Donc allez le voir si vous voulez...
Mais surtout...
SOYEZ SUR VOS GARDES!
Côte: ***
3. "La Môme"; d'Olivier Dahan (F). Avec Marion Cotillard, Gérard Depardieu, Sylvie Testud, Jean-Paul Rouve, Clotilde Courau, Pascal Greggory, Emmanuelle Seigner...
Eh oui, je suis une midinette!
Le mélo flamboyant, le biopic qui fend le coeur, le film musical à flon-flon, quand c'est réussi ça m'emporte!
Et, oui, ne vous déplaise, en ce qui me concerne, "La Môme" est une vraie réussite.
Tout y est: les drames, les chansons, les amours magnifiques et forcément contrariées, la misère, la joie, la maladie, la drogue... La grandeur et la déchéance. Les petits cabarets et les grands music-halls. Les costumes et les décors. Le casting monstrueux et l'interprétation survoltée...
Le spectacle, quoi!
Tout ça dans un véritable tourbillon, une machine de guerre cinématographique qui ne semble jamais se poser, ne jamais s'arrêter et qui à l'instar de La Foule, nous traine, nous entraine jusqu'a nous laisser, lessivés, étrillés, ébahis par tant de puissance et de lyrisme déployés, là, d'un seul coup.
L'intelligence d'Olivier Dahan est de ne pas choisir la voie de la linéarité mais de construire son film sur une succession de flash-backs et de sauts dans le temps totalement anarchiques qu'on croirait basés sur la technique du cut-up.
On passe de la fin de la vie de Piaf à sa jeunesse puis à sa prime enfance pour revenir sur ses années à New York et ainsi de suite.
Ce qui donne évidemment force et dynamique à un film qui sans cela aurait pu ressembler à n'importe quelle biographie filmée.
Mais le plus étonnant, surtout au vu du reste de sa filmographie ("Les Rivières Pourpres II", ce genre) c'est de voir à quel point Dahan, sans doute transcendé par son sujet, se révèle un vrai, grand réalisateur, comme le prouve ce plan-séquence sidérant au cours duquel Piaf apprend la mort de son amant Marcel Cerdan!
Les chansons sont ce qu'elles sont, évidemment, et illustrent littéralement le film, jusqu'a être reprises de manière subtile dans la B.O. proprement dite.
Et l'interprétation fait le reste.
Avec à son sommet Marion Cotillard qui, au delà du mimétisme (voix, démarche, attitude) se coule à ce point dans son personnage qu'elle en définit en quelque sorte un nouveau "mètre-étalon" de la performance d'acteur.
Pour elle comme pour toutes les autres actrices françaises il y aura désormais un avant et un après "La Môme".
C'est bien simple, une interprétation pareille ça n'impressionne pas.
Ca terrifie!
Côte: ***
(And this conclude my longest post ever!)
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