Mémos de nos pères!
"Lettres d'Iwo Jima" (Letters from Iwo Jima); de Clint Eastwood (USA). Avec Ken Watanabe, Kazunari Ninomiya, Shido Nakamura, Tsuyoshi Ihara, Ryo Kase, ...
"Lettres d'Iwo Jima" (Letters from Iwo Jima); de Clint Eastwood (USA). Avec Ken Watanabe, Kazunari Ninomiya, Shido Nakamura, Tsuyoshi Ihara, Ryo Kase, ...
Après "Mémoires de nos Pères", la bataille d'Iwo Jima vue cette fois du point de vue de l'armée japonaise...
C'est vraiment très étrange...
Alors que les Japonais sont réputés pour leur froideur, leur rigueur, leur sens de l'honneur et du sacrifice, ce film, entièrement interprété par des acteurs nippons et tout entier axé sur la vision japonaise de la bataille, est paradoxalement beaucoup moins froid que son prédécésseur (et "miroir").
Beaucoup moins lourd, redondant et démonstratif aussi.
Le premier volet s'attardait beaucoup sur les retombées d'Iwo Jima en relatant l'histoire de la "fameuse" photo.
De ce fait, il posait surtout des questions sur les notions de propagande et d'héroïsme... La bataille n'y était finalement évoquée que sous forme de flash-backs.
"Iwo Jima" prend exactement le parti inverse.
Restant collé quasiment d'un bout à l'autre à la bataille et ne faisant que quelques rares flash-backs au travers des fameuses lettres (visiblement retrouvées en 2005 sur les lieux) écrites par les soldats à leurs proches mais jamais envoyées.
Le temps d'exposition - arrivée sur l'île du nouveau général, attente de l'arrivée de l'ennemi - est un peu longuet mais une fois les hostilités entamées, le film s'enflamme et décolle réellement, multipliant les moments forts, aussi bien visuellement (les scènes de combats sont parmi les plus impressionnantes depuis "...le Soldat Ryan") qu'humainement, voire même culturellement.
Car le moindre mérite du film n'est certainement pas de nous confronter à une forme de civilisation à la fois si proche et tellement éloignée de la nôtre.
Voir ces hommes pousser la logique absurde de leur sens de l'honneur jusqu'a préférer se suicider collectivemment plutôt que de fuir ou de se rendre (incroyable scène des grenades, sans doute l'uns des moments les plus forts du film) est une expérience réellemment saisissante.
A l'inverse, l'humanité étonnante montrée par certains d'entre eux face à ce véritable mur de psychorigidité bouleverse elle aussi au plus haut point.
Il en va ainsi du général Kuribayashi (interprété par le décidément très solide Ken Watanabe), écartelé entre une tradition qu'on dirait héritée directement du temps des samouraïs et un véritable désir d'épargner ses hommes.
Ou encore du baron Nishi, ancien champion olympique de jumping qui fraternise avec un jeune Marine mourant ou verse une larme sur le sort de son cheval, victime du bombardement ennemi.
Et c'est là que se situe la force et l'intérêt du film: dans ces portraits d'hommes comme les autres qui se voient soudainement confrontés à des situations inhumaines qui, forcément, les dépassent.
Qu'on y voie en plus un message du type "la guerre c'est mal, quel que soit le camp" me semble par contre relever de la plus simple évidence.
Cela n'enlève cependant pas à Eastwood le mérite d'avoir eu le courage et l'intelligence de monter un film à ce point éloigné des canons occidentaux habituels.
En montrant, pour une fois, de manière simple et humaine ceux qui sont généralement désignés comme les traditionnels "méchants" (même si cela n'enlève rien aux atrocités commises. Ou à l'horreur du régime qu'ils servaient. Qu'on ne m'accuse pas de révisionnisme, non plus).
Une oeuvre habitée, malgré le fracas qui la traverse, d'une sorte de "zenitude" tout à fait particulière.
Saluons aussi la recherche historique et le fait que l'on nous dévoile de manière assez inédite l'étonnante tactique des japonais qui consistait à truffer le sous-sol de l'île d'un véritable gruyère de galeries, bunkers, tunnels et diverses caches, lequel leur permit justement de tenir tête aux américains pourtant mieux armés et nettemment supérieurs en nombre.
C'est d'ailleurs l'un des tours de force techniques du film que de réussir une photo aussi belle et subtile alors que l'essentiel de l'action se situe dans ces souterrains...
De ce fait, il posait surtout des questions sur les notions de propagande et d'héroïsme... La bataille n'y était finalement évoquée que sous forme de flash-backs.
"Iwo Jima" prend exactement le parti inverse.
Restant collé quasiment d'un bout à l'autre à la bataille et ne faisant que quelques rares flash-backs au travers des fameuses lettres (visiblement retrouvées en 2005 sur les lieux) écrites par les soldats à leurs proches mais jamais envoyées.
Le temps d'exposition - arrivée sur l'île du nouveau général, attente de l'arrivée de l'ennemi - est un peu longuet mais une fois les hostilités entamées, le film s'enflamme et décolle réellement, multipliant les moments forts, aussi bien visuellement (les scènes de combats sont parmi les plus impressionnantes depuis "...le Soldat Ryan") qu'humainement, voire même culturellement.
Car le moindre mérite du film n'est certainement pas de nous confronter à une forme de civilisation à la fois si proche et tellement éloignée de la nôtre.
Voir ces hommes pousser la logique absurde de leur sens de l'honneur jusqu'a préférer se suicider collectivemment plutôt que de fuir ou de se rendre (incroyable scène des grenades, sans doute l'uns des moments les plus forts du film) est une expérience réellemment saisissante.
A l'inverse, l'humanité étonnante montrée par certains d'entre eux face à ce véritable mur de psychorigidité bouleverse elle aussi au plus haut point.
Il en va ainsi du général Kuribayashi (interprété par le décidément très solide Ken Watanabe), écartelé entre une tradition qu'on dirait héritée directement du temps des samouraïs et un véritable désir d'épargner ses hommes.
Ou encore du baron Nishi, ancien champion olympique de jumping qui fraternise avec un jeune Marine mourant ou verse une larme sur le sort de son cheval, victime du bombardement ennemi.
Et c'est là que se situe la force et l'intérêt du film: dans ces portraits d'hommes comme les autres qui se voient soudainement confrontés à des situations inhumaines qui, forcément, les dépassent.
Qu'on y voie en plus un message du type "la guerre c'est mal, quel que soit le camp" me semble par contre relever de la plus simple évidence.
Cela n'enlève cependant pas à Eastwood le mérite d'avoir eu le courage et l'intelligence de monter un film à ce point éloigné des canons occidentaux habituels.
En montrant, pour une fois, de manière simple et humaine ceux qui sont généralement désignés comme les traditionnels "méchants" (même si cela n'enlève rien aux atrocités commises. Ou à l'horreur du régime qu'ils servaient. Qu'on ne m'accuse pas de révisionnisme, non plus).
Une oeuvre habitée, malgré le fracas qui la traverse, d'une sorte de "zenitude" tout à fait particulière.
Saluons aussi la recherche historique et le fait que l'on nous dévoile de manière assez inédite l'étonnante tactique des japonais qui consistait à truffer le sous-sol de l'île d'un véritable gruyère de galeries, bunkers, tunnels et diverses caches, lequel leur permit justement de tenir tête aux américains pourtant mieux armés et nettemment supérieurs en nombre.
C'est d'ailleurs l'un des tours de force techniques du film que de réussir une photo aussi belle et subtile alors que l'essentiel de l'action se situe dans ces souterrains...
Au final, là ou "Mémoires de nos Pères" nous laissait sur le carreau par excès de froideur et de didactisme, "Lettres d'Iwo Jima" nous entraine au plus près d'une réalité forte et émouvante et nous fait partager le quotidien de ces hommes jusqu'a nous sentir proche d'eux, malgré les différences.
Tout cela au travers d'un film simple et beau, sec et dépouillé à l'extrème.
Le film d'un vieux briscard qui a décidément encore plus d'un tour dans son sac.
Côte: **
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