lundi 9 juillet 2012
La vie insulaire.
"Moonrise Kingdom" de Wes Anderson (USA); avec Jared Gilman; Kara Hayward, Bruce Willis, Frances McDormand, Edward Norton, Tilda Swinton...
1965. Sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, Suzy et Sam, 12 ans, tombent amoureux, concluent un pacte secret et s'enfuient ensemble. Alors que tous, parents, services sociaux, police, amis et troupe de scouts locale, se mobilisent pour les retrouver, une tempête s'approche de la côte, menaçant de bouleverser encore plus la vie de la petite communauté.
De toute beauté !
Ce miniaturiste maniaque et fou de Wes Anderson a poussé ici encore plus loin la logique fofolle de ses précédentes réalisation, "La Vie Aquatique" en tête, pour réaliser une espèce de mètre-étalon de son oeuvre, une sorte de Graal, de Grand Ouvrage.
Car on a affaire ici a un véritable chef-d'oeuvre de mise en place et de mise en scène (plus que de "réalisation" à proprement parler, même si un sens inné du cadrage et de l'utilisation des couleurs est aussi pour beaucoup dans la réussite finale), vibrant de poésie et gorgé d'un humour confinant parfois au burlesque.
Dopé par une direction artistique hors norme (choix des décors, des costumes et des accessoires qui se rapproche parfois d'une zine de collectionneur monomaniaque), une approche scénaristique toujours aussi savoureusement décalée et un sens de la narration pour le moins savoureux, "Moonrise Kingdom" émeut aussi, avec cette histoire d'amour enfantine simple mais ô combien intense.
Une histoire d'amour dont le politiquement incorrect discret rajoute encore à la subtilité et à la diversité de la vibrante palette d'émotions qui colore le film.
C'est emballé avec une virtuosité quasiment affolante (le plan-séquence d'ouverture !).
C'est toujours drôle, c'est toujours poétique et, malgré le côté un peu intello-bobo-new-yorkais de l'ensemble qui pourrait passer pour de la froideur ou du calcul, d'une liberté de ton particulièrement étonnante.
Car, en forçant joyeusement le trait qui traverse en filigrane toute son oeuvre, en se libérant quasiment complètement du joug des adultes, en prenant tout à fait le parti pris de l'enfance et en se jouant de l'autorité avec une légèreté presque confondante, Anderson boucle ici magnifiquement un cycle.
Et en signant ce qui est sans doute son film le plus "andersonien" ouvre en quelque sorte une porte sur de nouveaux horizons, de nouveaux défis.
La troupe de comédiens - fidèles ou non - qui interprète cette jolie partition est évidemment pour beaucoup dans la réussite de l'ouvrage: Bruce Willis en shérif à mèche, Frances McDormand et son mégaphone, Edward Norton, sidérant en chef-scout psychorigide, Bill Murray (qui fait du Bill Murray mais il le fait tellement bien), Bob Balaban et son étonnant costume de poulpiquet ou encore l'immense Harvey Keitel dans un inattendu caméo à moustaches.
Mais ce sont les deux jeunes héros, les nouveaux venus Jared Gilman et Kara Hayward - très décalé pour le premier, confondante de naturel pour la seconde - qui emportent finalement le morceau et finissent d'emporter "Moonrise Kingdom" sur les rivages du conte initiatique et romantique touchant, du genre qui reste durablement imprimé sur la rétine.
Eux, oui... et Françoise Hardy !
Cote: ***
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