lundi 23 juillet 2012


Hit the Road, Jack !

"Sur la Route" (On the Road) de Walter Salles (USA); avec Sam Riley, Kristen Stewart, Garrett Hedlund, Kirsten Dunst, Viggo Mortensen, Amy Adams...

Au lendemain du décès de son père, l'apprenti-écrivain new-yorkais Sal Paradise rencontre le très charismatique Dean Moriarty. Entre eux, c'est une sorte de coup de foudre. Une entente immédiate et fusionnelle. Bien décidés à ne pas se laisser enfermer dans un quelconque train-train, un quelconque carcan, les deux amis décident de larguer les amarres et de prendre la route en compagnie de la très séduisante, très libérée et... très jeune épouse de Dean, Marylou.

Ce n'est pas un mystère (le début d'une histoire ? Euh... Pouf pouf !) je ne suis pas un inconditionnel de l'oeuvre de Jack Kerouac.

Comme tout le monde, j'ai essayé de lire "Sur la Route" à un âge qui me semblait idoine.

Trois fois, je crois.

Et trois fois, ce bouquin m'est tombé des mains.

Certains crieront au scandale, au blasphème, je sais.
Je n'y peux rien, c'est comme ça... Chacun son brol, hein ?

C'est donc plus par curiosité qu'autre chose que je suis allé voir cette adaptation cinématographique de l'oeuvre que certains (les mêmes que ci-dessus, oui), attendaient depuis des lustres avec une impatience parfois difficillement dissimulable.

Pas depuis cinquante ans comme on le lit ici et ailleurs, faut pas pousser... Mais depuis, allez... Vingt, peut-être ?
Depuis que Coppola (qui se contente finalement de produire) a initié ce projet auquel on ne croyait plus trop.

Par curiosité, pour voir si ce livre présumé, comme beaucoup, inadaptable allait passer le cap de l'écran.
Pour son joli casting, aussi (faut bien l'avouer).
Et pour son réalisateur qui, on le sait depuis "Carnets de Voyage", arrive comme peu d'autres à magnifier les grands espaces.

Et de ce côté-là, on peut dire que le défi est relevé.
Haut la main ! (donne-moi... Oh, eh ! Ca va aller ?)

Rarement les Etats-Unis, dans l'extraordinaire diversité de leurs paysages et de leurs saisons (on passe du désert aux forêts, de la côte aux montagnes, du cagnard au blizzard avec une régularité qui fait tourner la tête) auront été à ce point magnifiés.

C'est bien simple, toute la partie "route" (heureusement, me direz-vous) est à ce point enthousiasmante que ça ne donne qu'une envie: prendre son sac et partir à son tour.

D'autant que, dans cette partie-là du moins, la part romanesque portée par chacun des personnages est bien rendue, sans ostentation, sans fausse poésie et rend l'ensemble extrèmement touchant.
Et électrisant, aussi, par la grâce d'un découpage quelque part très "jazz".

Le problème évidemment se situe ailleurs.
Dans les trentes premières minutes (après un court prologue qui lance heureusement bien le truc).

Cet incipit malheureux est justement tout le contraire de ce qui est loué plus haut: ampoulé, péteux, mondain, faussement poète pouet-pouet, rebelle à deux balles et peu crédible (les dialogues, misère ! Mais QUI parle comme ça ? Personne. Jamais.)
A tel point qu'il m'a très sérieusement donné envie de quitter la salle en cours de route.
Ce qui ne m'arrive pour ainsi dire jamais.

Heureusement, je me suis accroché.
Et j'en fut récompensé car, encore une fois, quand ils se mettent à tailler la route: pardon ! Ca s'élève, ça s'envole, ça en met plein les yeux. Non seulement d'un point de vue esthétique (on ne louera jamais assez la photo, somptueuse, d'Eric Gautier) mais également narratif.

Et que dire du casting, glamourissime ?

Garrett Hedlund, parfait de séduction et de veulerie (et bien meilleur que dans cette sous-bouse de "Tron - L'Héritage") , Viggo Mortensen, très drôle en Old Bull Lee/William Burroughs... Kirsten Dunst, Steve Buscemi, Sam Riley...

Et puis, oui !
Voir Kristen Stewart, à poil, branler deux mecs en même temps à l'avant d'une voiture, on dira ce qu'on voudra mais ça change de "Twilight" et plutôt pour un bien...

Mais au bout du compte (on se rend compte... Ah, il suffit, maintenant !), le plus important est sans doute que ce brol traversé de vrais et très impressionnants morceau de pur cinoche, reste pendant longtemps - des jours, des semaines, des mois peut-être - imprimé solidement sur la rétine.

Et c'est peut-être ça, la marque des grands films.

Même de ceux que l'on n'attendais plus.


Cote: ***

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