lundi 7 mai 2012


My Life as a Dog.

"
Young Adult
" de Jason Reitman (USA); avec Charlize Theron, Patton Oswalt, Patrick Wilson, Elizabeth Reaser, Collette Wolfe, Mary-Beth Hurt...

Ancienne Reine de Beauté du collège d'une petite ville où elle s'ennuyait à mourir, Mavis Gary est partie s'installer à Minneapolis, où elle est devenue l'auteur d'une série de romans pour "jeunes adultes". Alcoolique, solitaire et dépressive, elle s'ennuie à mourir lorsqu'elle apprend que son ancien petit ami de l'époque est devenu papa. Elle décide donc de retourner à la maison afin de le reconquérir. Sûre d'elle et de son pouvoir de séduction, elle ne voit pourtant pas les choses tourner exactement comme elle le voudrait. C'est alors qu'au hasard des bars et des rencontres, elle se met à nouer une étrange relation avec un autre camarade d'école, handicapé et mal dans sa peau...

Jason Reitman est un garçon opiniâtre.

Au fil des films il enfonce avec élégance et persévérance le même clou, celui du portrait tragi-comique de personnages à la dérive et curieusement attachants, sur un mode mélancolique, gris-bleu, particulièrement palpable et réussi ici.

Pour ses retrouvailles avec Diablo Cody, quatre ans après le formidable "Juno", il renoue avec une certaine forme de cruauté post-moderne pour signer une fable acerbe sur la solitude, l'aliénation et l'isolement d'une génération X formidablement incarnée par une Charlize Theron très à l'aise dans son rôle de garce dépressive qui soigne ses gueules de bois à grands coups de Coke Light et tente d'oublier par la méthode Coué qu'elle n'est, comme l'indique le titre qui évoque aussi sa profession, rien de plus qu'une adulte coincé en enfance.

Toujours en adéquation, l'écriture de Cody et la réalisation - efficace - de Reitman, sans jamais chercher le coup de force narratif, évoluent de conserve pour monter en neige une comédie dépressive, "romantiquement incorrecte", quelque part à contre-courant des modes. Et qui, à l'instar de son héroîne, cherche à plaire sans forcément y mettre les (bonnes) formes.

Le début est déroutant, ça se cherche et ça se construit lentement évoluant en une sorte de crescendo mou qui débouche pourtant sur une scène-climax à la fois drôle et bouleversante, qui permet à Charlize Theron, qui porte quand même la majorité du film sur ses épaules, de dérouler un grand numéro.

Celui de la fille narcissique et antipathique pour qui on éprouve quand même une empathie folle.

C'est par moment franchement drôle et toujours touchant, porté en plus, il faut quand même le dire, par une série de situations à fort potentiel émotionnel et un couple de seconds rôles épatants (comme dirait Marc Ysaye): l'humoriste Patton Oswalt et le beau Patrick Wilson (qui porte très bien le pull Jacquard).

Certes, certes, il y a des faiblesses, surtout dans le rythme. Et puis la fin est bancale (et les films qui s'ouvrent et se ferment plus ou moins sur la même scène, ça va, on a donné).

Mais ce film peu aimable qui fait finalement se téléscoper deux types de médiocrités (les beaufs contents de leur sort et les citadins condescendants) en les enveloppant d'un glacis d'humanité mais aussi d'une bonne dose de cynisme réussi un coup de force: celui de n'épargner personne sauf le spectateur qui, en savourant cette rom-com noire et mélancolique, sera le seul à en ressortir gagnant.

Cote: ****

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