A part peut-être Madame Thatcher...
"La Dame de Fer" (The Iron Lady) de Phyllida Lloyd (UK); avec Meryl Streep, Jim Broadbent, Richard E. Grant, Iain Glen, Roger Allam, Nicholas Farrell...
Margaret Thatcher, seule et unique femme à ce jour à avoir occupé le poste de Premier Ministre britannique et à avoir dirigé le pays d'une véritable main de fer, coule aujourd'hui, à plus de 80 ans, une pas si paisible retraite forcée, minée par Alzheimer et la perte de son mari et supporter de toujours, Denis, dont elle n'arrive pas à accepter la disparition. Dans le difficile combat qu'elle livre tous les jours contre la maladie, elle se souvient de ses débuts et de son arrivée au pouvoir.
Autant le dire tout de suite: "La Dame de Fer" n'est pas un film sur la carrière politique de Margaret Thatcher, loin s'en faut.
Il essaye à tout crin de nous le faire croire mais, à ce niveau d'écran de fumée toxique, celà relève de l'escroquerie.
Pure et simple.
Non, c'est un film sur la vieillesse, la solitude et la maladie.
Ce qui en soit ne constitue pas une tare, bien au contraire.
Ca aurait pu, d'ailleurs, donner naissance à un un petit drame touchant, ne serait-ce justement la personnalité de son personnage principal, cette Dame de Fer qui mena son pays au bord du gouffre, du bain de sang social et économique et présida - en compagnie de son Maître de toujours, Ronald Reagan, bizarrement presque absent de cet énième biopic, d'ailleurs - aux destinées de l'Occident à une période décisive de son Histoire, au cours de laquelle fût menée une politique du désastre qui nous conduisit tout droit à la situation mondiale telle qu'on la connait aujourd'hui.
Et admettons qu'elle n'est pas brillante, la situation, hein ?
Non, je ne vous le fait pas dire.
Alors, évidemment, se pose ici la question de l'intention.
Phyllida Lloyd avait-elle le droit d'essayer de nous montrer la femme derrière la personnalité publique comme ce fût le cas dans pas mal de biographies cinématographiques récentes (pensons au tout récent "J. Edgar" d'Eastwood qui résonne un peu de la même manière) ?
Oui, sans doute et non, peut-être.
Le problème, c'est la manière dont c'est emballé.
Et là, c'est limite malhonnête.
Parce que de raccourcis en réinterprétations et d'omissions en survolage (ça se dit, ça, seulement ? Oh, et puis...), voire d'ellipses en édulcorants, le film de Phyllida Lloyd a un peu trop tendance à la complaisance et à ramener le règne pour le moins implacable de Mme Thatcher à une espèce de servitude héroïque empreinte d'abnégation stoïque qui, combinée à la vision pathos de sa maladie, force de manière déplaisante le spectateur à se tourner vers une espèce d'empathie dégoulinante pour le moins inconfortable.
Parce qu'enfin, c'est bien gentil mais, de sa position face à l'IRA à sa gestion de la crise des Malouines en passant par la répression de la grêve des mineurs, cette femme à du sang sur les mains, quand même ! Et pas qu'un peu !
Mais bon, quand on en est arrivé à ce point au niveau zéro du réalisme historique et politique (tout celà est évasif, pour le moins) et qu'on recentre le sujet pour le fixer définitivement sur le champ du désarroi amoureux et du gnangan romantique (un autre point commun avec le Eastwood, tiens...), quand on résume l'affaire à une question unilatérale de lutte des classes et d'enjeu féministe (bien que ce soient des éléments non négligeables de sa biographie, je suis le premier à l'admettre) qu'espérer encore, hein ?
Rien ou pas grand chose.
D'autant que la réalisation, pas si moche que ça par ailleurs, a une fâcheuse tendance à abuser des aller-retour temporels qui à la longue épuisent et ne sont pas loin de donner la migraine.
Alors, oui, c'est évident, ça se regarde sans ennui.
Et oui, aussi, il faut le reconnaître, la prestation de Meryl Streep (aidée en celà par des maquillages pour une fois sidérants - rien à voir avec le film du Vieux Clint, là, par contre) sauve le film.
Elle, oui, est digne de toutes les louanges.
Et elle mérite largement son troisième Oscar.
Mais pour paraphraser je ne sais plus qui, c'est juste dommage qu'elle l'ai obtenu pour ça. Voilà.
Cote: *
dimanche 25 mars 2012
lundi 19 mars 2012
Double foyer.
"La Taupe" (Tinker, Tailor, Soldier, Spy) de Tomas Alfredson (UK); avec Gary Oldman, Colin Firth, John Hurt, Tom Hardy, Toby Jones, Mark Strong...
1973. La Guerre Froide bât encore son plein. Suite à une mission râtée en Hongrie, le patron du MI6 britannique ainsi que son fidèle second, George Smiley, sont mis sur la touche. Cependant, Smiley est bien vite secrètement réactivé sur injonction du Gouvernement, persuadé que les Services Secrets britanniques sont infiltrés par un agent double au service des soviétiques. Epaulé par le jeune Peter Guilliam, Smiley tente de débusquer la taupe, mais ses efforts sont mis à mal par ses propres relations troubles avec l'espion russe en chef, le mystérieux Karla.
Alors là, attention: voilà un film qui envoie le bois et pas qu'un peu !
On a ici affaire à un travail d'orfèvre, du boulot d'artisan solide, intelligent et efficace qui place d'entrée de jeu cette adaptation du premier tome de la "Trilogie de Karla" de John Le Carré au niveau des plus grands films d'espionnages de style "Guerre Froide".
Du travail impeccable, comme on n'en fait quasiment plus - ou en tout cas très peu - de nos jours qui hisse le film - pourtant un film de genre (et quel genre) - vers des hauteurs insoupçonnées.
Celles, exigeantes et pointues, des fictions empreintes d'une paranoïa aïgue telles que pouvaient en signer jadis des Friedkin, Pakula, Lumet ou Coppola (voyez "Conversation Secrète", ce genre).
Je ne vais pas vous faire non plus l'affront de vous ressortir ici le couplet sur le "Véritable Age d'Or du Cinéma Hollywoodien" et ce que j'en pense, vous savez de quoi je parle.
Et ça vous donne d'entrée de jeu une idée de ce que je peux penser d'un film comme "La Taupe".
Ah, ça, le moins qu'on puisse dire c'est qu'on a à faire ici à un film "lent" (dans le sens où il y a paradoxalement fort peu d'action), cérébral et quelque peu... bavard...
Un film touffu, à l'intrigue ultra complexe, qui multiplie les intrigues, les personnages secondaires et les digressions en tout genre.
Et les rebondissements.
Les retournements de situation.
Et qui pour autant ne vous perd pas en route, vous captive d'un bout à l'autre.
Vous tiens en haleine, même, au gré d'un suspense que l'on qualifierait volontiers de "haletant" si l'expression n'était pas aussi galvaudée.
Grâce à qui, à quoi ?
A un scénario ultra écrit et surtout ultra tenu, qui joue avec les codes d'un genre révolu sans jamais sombrer dans la nostalgie ni la citation tout en restituant de manière admirablement fluide la commplexité du roman d'origine.
A une réalisation magnifique, qui confirme après "Morse" que Tomas Alfredson est un tout grand Monsieur de la mise en scène, qui filme la froideur glâcée de la Guerre Froide avec la même mélancolie désincarnée que celle avec laquelle il emballait jadis les états d'âmes d'un gamin suédois des années '80.
Une réalisation qui refuse à tout crin l'ostentatoire et le démonstratif, si ce n'est dans la reconstitution d'époque.
Celle qui nous permet justement de suivre intîmement la guerre feutrée de ces papys en tweed et en lunettes d'écailles.
Une guerre d'autant plus redoutable qu'elle se joue en sourdine.
Un film finalement extrèmement audacieux sous ses dehors pépères, tellement il tire fort sur la corde des non-dits, tellement il en dit sans vraiment en montrer.
A moins que ce ne soit le contraire.
Une adaptation envoûtante qui doit aussi beaucoup - évidemment - à sa troupe stupéfiante de comédiens 100% british (Colin Firth, John Hurt, Tom Hardy... excusez du peu) au sommet de laquelle trône, telle une statue grecque, un Gary Oldman qui pousse tellement loin la finesse de jeu et la retenue qu'on pourrait presque le croire sur le point d'imploser.
Ca peut paraître exagéré mais c'est ainsi: au final, "La Taupe", que l'on croyait bien parti pour n'être rien de plus qu'une solide série B d'espionnage comme il y en a tant d'autres, réussit le coup de force d'une telle conjonction de talent et de savoir-faire qu'elle en finit par vous donner le vertige.
Cote: ****
"La Taupe" (Tinker, Tailor, Soldier, Spy) de Tomas Alfredson (UK); avec Gary Oldman, Colin Firth, John Hurt, Tom Hardy, Toby Jones, Mark Strong...
1973. La Guerre Froide bât encore son plein. Suite à une mission râtée en Hongrie, le patron du MI6 britannique ainsi que son fidèle second, George Smiley, sont mis sur la touche. Cependant, Smiley est bien vite secrètement réactivé sur injonction du Gouvernement, persuadé que les Services Secrets britanniques sont infiltrés par un agent double au service des soviétiques. Epaulé par le jeune Peter Guilliam, Smiley tente de débusquer la taupe, mais ses efforts sont mis à mal par ses propres relations troubles avec l'espion russe en chef, le mystérieux Karla.
Alors là, attention: voilà un film qui envoie le bois et pas qu'un peu !
On a ici affaire à un travail d'orfèvre, du boulot d'artisan solide, intelligent et efficace qui place d'entrée de jeu cette adaptation du premier tome de la "Trilogie de Karla" de John Le Carré au niveau des plus grands films d'espionnages de style "Guerre Froide".
Du travail impeccable, comme on n'en fait quasiment plus - ou en tout cas très peu - de nos jours qui hisse le film - pourtant un film de genre (et quel genre) - vers des hauteurs insoupçonnées.
Celles, exigeantes et pointues, des fictions empreintes d'une paranoïa aïgue telles que pouvaient en signer jadis des Friedkin, Pakula, Lumet ou Coppola (voyez "Conversation Secrète", ce genre).
Je ne vais pas vous faire non plus l'affront de vous ressortir ici le couplet sur le "Véritable Age d'Or du Cinéma Hollywoodien" et ce que j'en pense, vous savez de quoi je parle.
Et ça vous donne d'entrée de jeu une idée de ce que je peux penser d'un film comme "La Taupe".
Ah, ça, le moins qu'on puisse dire c'est qu'on a à faire ici à un film "lent" (dans le sens où il y a paradoxalement fort peu d'action), cérébral et quelque peu... bavard...
Un film touffu, à l'intrigue ultra complexe, qui multiplie les intrigues, les personnages secondaires et les digressions en tout genre.
Et les rebondissements.
Les retournements de situation.
Et qui pour autant ne vous perd pas en route, vous captive d'un bout à l'autre.
Vous tiens en haleine, même, au gré d'un suspense que l'on qualifierait volontiers de "haletant" si l'expression n'était pas aussi galvaudée.
Grâce à qui, à quoi ?
A un scénario ultra écrit et surtout ultra tenu, qui joue avec les codes d'un genre révolu sans jamais sombrer dans la nostalgie ni la citation tout en restituant de manière admirablement fluide la commplexité du roman d'origine.
A une réalisation magnifique, qui confirme après "Morse" que Tomas Alfredson est un tout grand Monsieur de la mise en scène, qui filme la froideur glâcée de la Guerre Froide avec la même mélancolie désincarnée que celle avec laquelle il emballait jadis les états d'âmes d'un gamin suédois des années '80.
Une réalisation qui refuse à tout crin l'ostentatoire et le démonstratif, si ce n'est dans la reconstitution d'époque.
Celle qui nous permet justement de suivre intîmement la guerre feutrée de ces papys en tweed et en lunettes d'écailles.
Une guerre d'autant plus redoutable qu'elle se joue en sourdine.
Un film finalement extrèmement audacieux sous ses dehors pépères, tellement il tire fort sur la corde des non-dits, tellement il en dit sans vraiment en montrer.
A moins que ce ne soit le contraire.
Une adaptation envoûtante qui doit aussi beaucoup - évidemment - à sa troupe stupéfiante de comédiens 100% british (Colin Firth, John Hurt, Tom Hardy... excusez du peu) au sommet de laquelle trône, telle une statue grecque, un Gary Oldman qui pousse tellement loin la finesse de jeu et la retenue qu'on pourrait presque le croire sur le point d'imploser.
Ca peut paraître exagéré mais c'est ainsi: au final, "La Taupe", que l'on croyait bien parti pour n'être rien de plus qu'une solide série B d'espionnage comme il y en a tant d'autres, réussit le coup de force d'une telle conjonction de talent et de savoir-faire qu'elle en finit par vous donner le vertige.
Cote: ****
En attendant le Bifff...
Et voilà, on y est, c'est parti, ça sent l'écurie, c'est la dernière ligne droite et toutes ces sortes de choses: le Bifff 2012, 30ème du nom (enfin non, le Bifff 30ème du nom. 2012 ce sera forcément le seul et l'unique. Mais je m'égare et pas seulement Saint-Lazare, revenons à nos mutants)... le Bifff, 30ème du nom - disais-je donc avant d'être grossièrement interrompu par moi-même - est bientôt là, pointant le bout de son nez à l'ouverture de ce riant mois d'avril.
Avec quoi donc dedans sa besace me direz-vous (si ce n'est une augmentation de tarif qui m'a poussé à tenter l'abonnement pour la première fois en 28 éditions (!) ) ?
Eh bien deux trois bonnes choses comme l'on peut en juger en jetant un oeil sur le chatoyant programme (désormais disponible aussi dans sa version "papier"): un énième Miike-qui-n'est-donc-pas-aussi-mort-qu'on-le-prétendait-récemment, un Tsukamoto (déjà !), un Alex De La Iglesia (déjà aussi !), Edgard Poe revisité par James McTeigue, "Iron Sky" et ses nazis de la lune (si !), "Killer Joe" du grand William Friedkin (qui sera là !), du coréen, du japonais, de l'espagnol, du Troma... et "Zombie Ass: Toilet of the Dead" en séance de minuit !
Et puis aussi, il faut bien le dire (et malgré tout le respect que l'on doit à feu son auteur), probablement l'affiche la plus moche ever !
Franchement, je comprends bien le délire "Grand Auteur Mort" pour célébrer trois décénnies d'existence (ils avaient déjà fait le coup avec Hergé et Jacobs, d'ailleurs) mais, là, si c'était pour nous sortir pareil fond de tiroir de fond de tiroir... c'était pas trop la peine, hein.
Pauvre Pratt - qui doit faire des sauts carpés dans sa tombe - il n'avait pas mérité ça...
Enfin, à part ce petit bémol on est quand même bien impatients.
Donc vivement bientôt et comme disait l'autre:
Welcome !
Et voilà, on y est, c'est parti, ça sent l'écurie, c'est la dernière ligne droite et toutes ces sortes de choses: le Bifff 2012, 30ème du nom (enfin non, le Bifff 30ème du nom. 2012 ce sera forcément le seul et l'unique. Mais je m'égare et pas seulement Saint-Lazare, revenons à nos mutants)... le Bifff, 30ème du nom - disais-je donc avant d'être grossièrement interrompu par moi-même - est bientôt là, pointant le bout de son nez à l'ouverture de ce riant mois d'avril.
Avec quoi donc dedans sa besace me direz-vous (si ce n'est une augmentation de tarif qui m'a poussé à tenter l'abonnement pour la première fois en 28 éditions (!) ) ?
Eh bien deux trois bonnes choses comme l'on peut en juger en jetant un oeil sur le chatoyant programme (désormais disponible aussi dans sa version "papier"): un énième Miike-qui-n'est-donc-pas-aussi-mort-qu'on-le-prétendait-récemment, un Tsukamoto (déjà !), un Alex De La Iglesia (déjà aussi !), Edgard Poe revisité par James McTeigue, "Iron Sky" et ses nazis de la lune (si !), "Killer Joe" du grand William Friedkin (qui sera là !), du coréen, du japonais, de l'espagnol, du Troma... et "Zombie Ass: Toilet of the Dead" en séance de minuit !
Et puis aussi, il faut bien le dire (et malgré tout le respect que l'on doit à feu son auteur), probablement l'affiche la plus moche ever !
Franchement, je comprends bien le délire "Grand Auteur Mort" pour célébrer trois décénnies d'existence (ils avaient déjà fait le coup avec Hergé et Jacobs, d'ailleurs) mais, là, si c'était pour nous sortir pareil fond de tiroir de fond de tiroir... c'était pas trop la peine, hein.
Pauvre Pratt - qui doit faire des sauts carpés dans sa tombe - il n'avait pas mérité ça...
Enfin, à part ce petit bémol on est quand même bien impatients.
Donc vivement bientôt et comme disait l'autre:
Welcome !
PS: Et j'oubliais le film qui fait LE buzz du moment: "Cabin in the Woods", en clotûre !
lundi 12 mars 2012
Sérotonine.
"The Descendants" d'Alexander Payne (USA); avec George Clooney, Shailene Woodley, Beau Bridges, Judy Greer, Robert Forster, Matthew Lillard...
A Hawaii, un beau jour, la vie de Matt King bascule. Suite à un accident de bateau, sa femme se retrouve plongée dans un coma dont elle ne ressortira probablement jamais. Tentant maladroitement de se rapprocher de ses deux filles, Scottie, une gamine caractérielle et Alexandra, une ado plus classiquement rebelle, il doit également compter avec la revente probable des dernières terres familiales, négocié âprement avec une palanquée de cousins limite inconnus. Au milieu de tout ce chambardement, Matt apprend par dessus le marché que sa femme avait un amant. Et se met en tête de retrouver celui-ci.
Et voilà. C'est dommage...
Voici donc un joli petit film tout ce qu'il y a d'attachant.
De touchant, même.
Du type même de ceux que l'on va voir en étant sûr de les aimer et qui, malgré tout manquent du petit quelque chose en plus qui leur permettrait de se transformer, si pas en chef-d'oeuvre, du moins en tout bon film.
De ceux que l'on regrette de ne pas aimer plus, même si l'on essaie de toutes ses forces.
Et qui échoue bêtement, à quelques mètres de la ligne d'arrivée.
Pourtant, si on met les choses à plat, tout est là.
Le côté doux-amer typique aux films d'Alexander Payne, qui n'a pas son pareil pour explorer le clair-obscur de la condition masculine.
L'élégance discrètement arty de sa réalisation.
La véritable sincérité qu'il semble mettre dans cette histoire de crise familiale.
La finesse des dialogues, aussi...
Et puis cet humour sous-jacent en parfaite illustration de l'ironie du désespoir qui transpire en filigrane de toute l'oeuvre du cinéaste, de "Monsieur Schmidt" en "Sideways".
Et pourtant, malgré tout, on est loin de la réussite flamboyante et dépressive des deux films susnommés.
Et quelque part on se demande pourquoi.
On essaye alors de mettre le doigt dessus et, là aussi, ça cale.
On ne sait pas vraiment quoi mais quelque chose coince.
Ca manque de kick, de ce truc qui ferait que le film s'envolerait vraiment.
Peut-être parce qu'il n'est pas assez franc et assez constant dans le drâme, justement.
Et que, malgré quelque situations potentiellement lacrymales (on a une fois ou deux la larmichette au coin de l'oeil, il est vrai) il hésite trop nettemment entre chair et poisson pour pouvoir réellement espérer l'emporter dans le rire ou dans les larmes.
Ou encore est-ce à cause d'une histoire trop platement banale pour arriver à passionner vraiment ?
Allez savoir...
Toujours est-il que, malgré deux atouts de taille - Hawaii et sa météo versatile utilisés comme de vrais personnages et George Clooney dans le rôle d'une vie qui aurait dû lui valoir l'Oscar - "The Descendants" laisse dans la bouche un étrange et bien malheureux goût de trop peu.
Cote: **
"The Descendants" d'Alexander Payne (USA); avec George Clooney, Shailene Woodley, Beau Bridges, Judy Greer, Robert Forster, Matthew Lillard...
A Hawaii, un beau jour, la vie de Matt King bascule. Suite à un accident de bateau, sa femme se retrouve plongée dans un coma dont elle ne ressortira probablement jamais. Tentant maladroitement de se rapprocher de ses deux filles, Scottie, une gamine caractérielle et Alexandra, une ado plus classiquement rebelle, il doit également compter avec la revente probable des dernières terres familiales, négocié âprement avec une palanquée de cousins limite inconnus. Au milieu de tout ce chambardement, Matt apprend par dessus le marché que sa femme avait un amant. Et se met en tête de retrouver celui-ci.
Et voilà. C'est dommage...
Voici donc un joli petit film tout ce qu'il y a d'attachant.
De touchant, même.
Du type même de ceux que l'on va voir en étant sûr de les aimer et qui, malgré tout manquent du petit quelque chose en plus qui leur permettrait de se transformer, si pas en chef-d'oeuvre, du moins en tout bon film.
De ceux que l'on regrette de ne pas aimer plus, même si l'on essaie de toutes ses forces.
Et qui échoue bêtement, à quelques mètres de la ligne d'arrivée.
Pourtant, si on met les choses à plat, tout est là.
Le côté doux-amer typique aux films d'Alexander Payne, qui n'a pas son pareil pour explorer le clair-obscur de la condition masculine.
L'élégance discrètement arty de sa réalisation.
La véritable sincérité qu'il semble mettre dans cette histoire de crise familiale.
La finesse des dialogues, aussi...
Et puis cet humour sous-jacent en parfaite illustration de l'ironie du désespoir qui transpire en filigrane de toute l'oeuvre du cinéaste, de "Monsieur Schmidt" en "Sideways".
Et pourtant, malgré tout, on est loin de la réussite flamboyante et dépressive des deux films susnommés.
Et quelque part on se demande pourquoi.
On essaye alors de mettre le doigt dessus et, là aussi, ça cale.
On ne sait pas vraiment quoi mais quelque chose coince.
Ca manque de kick, de ce truc qui ferait que le film s'envolerait vraiment.
Peut-être parce qu'il n'est pas assez franc et assez constant dans le drâme, justement.
Et que, malgré quelque situations potentiellement lacrymales (on a une fois ou deux la larmichette au coin de l'oeil, il est vrai) il hésite trop nettemment entre chair et poisson pour pouvoir réellement espérer l'emporter dans le rire ou dans les larmes.
Ou encore est-ce à cause d'une histoire trop platement banale pour arriver à passionner vraiment ?
Allez savoir...
Toujours est-il que, malgré deux atouts de taille - Hawaii et sa météo versatile utilisés comme de vrais personnages et George Clooney dans le rôle d'une vie qui aurait dû lui valoir l'Oscar - "The Descendants" laisse dans la bouche un étrange et bien malheureux goût de trop peu.
Cote: **
lundi 5 mars 2012
Canasson.
"Cheval de Guerre" (War Horse) de Steven Spielberg (USA); avec Jeremy Irvine, Emily Watson, Peter Mullan, David Thewlis, Tom Hiddleston, Niels Arestrup...
En pleine Première Guerre Mondiale, le jeune Albert se lie d'amitié avec Joey, un cheval acheté par son père et qu'il va dresser lui-même. Hélas, l'animal est réquisitionné au nom de l' "effort de guerre" pour servir dans les tranchées. Mentant sur son âge pour se faire enrôler, Albert va partir sur le front français à la recherche de son camarade tandis que celui-ci, passant de la cavalerie britannique à l'armée allemande en transitant par un fermier français et sa petite fille, va vivre plusieurs vies et en changer quelques autres.
Pooiin pooiin, poin poin poin poin poin poin pooiin pooiin...
Awel santé !
Pour le coup ce n'est même pas la peine de se perdre en d'inutiles circonvolutions: c'est râté et bien râté, hein, Steven !
Et de "qui aime bien châtie bien" en "ça ne vous est jamais arrivé de louper une tarte Tatin", rien n'y fait... On ne peut que constater l'étendue du désastre: malgré sa plastique irréprochable, "Cheval de Guerre" est un gros loukoum sursaturé de sucre et de graisse qui dégouline à l'écran. Un monument de mièvrerie cul-cul, gnangnan...
Une sorte d'upgrade d'un épisode de "Prince Noir" (vous vous souvenez, "Black Beauty" ? Pooiin pooiin)
Une enfilade de chromos à la noix, dans une Grande Guerre de carte postale (la partie française atteignant, comme toujours dans les films américains, des sommets de n'importe quoi), qui ne raconte rien ou alors pas grand chose, se contentant d'alterner les situations potentiellement guimauves, provoquant mécaniquement des émotions à cinq francs, six sous.
Une sorte de grand livre d'images sans âme qui ne s'adresse en fin de compte à personne.
Car enfin, le récent "Hugo Cabret" de Scorsese prouve s'il le fallait qu'il y a bien moyen de captiver le "tout public" et d'adapter la littérature "jeunesse" sans pour autant tomber dans la caricature Disney larmoyante et soporifique.
Et surtout sans prendre les gens pour des imbéciles.
Bien entendu, on se rend bien compte - faudrait d'ailleurs être aveugle ou sourd vu qu'il le braille pour le moment partout à longueurs d'interview - qu'après le tout-à-la-technologie de son tout récent "Tintin", dont la post-production a qui plus est duré des lunes - Spielberg ait eu envie de revenir à un cinéma classique, fordien (oui, à la limite, ça je veux bien l'admettre. Mais du John Ford gâteux et cacochyme, alors), avec de vrais acteurs, de vrais décors, de vraies caméras... Et de vrais chevaux.
Bien sûr, on sait qu'il y a toujours eu chez Spielberg un syndrôme de Peter Pan qui fait que l'homme est sans cesse tiraillé entre films "adultes" et enfantins. Entre grand cinéma populaire et préoccupations plus personnelles. Entre passion pour l'Histoire d'une part et le Merveilleux de l'autre.
Evidemment, on sent que, l'âge et le métier aidant, le cinéaste a de plus en plus la tentation d'un cinéma pûrement plastique et visuel.
Et qu'en ce sens, "Cheval de Guerre" est - heureusement, encore bien - probablement son film le plus accompli.
Mais bon, eh, oh ! Ca va aller quand même !
Tout ça et même le reste ne justifie pas ce brol visuellement virtuose mais dénué de vie, long comme un jour sans pain, désuet et vaguement gonflé d'une morale humaniste et d'un optimisme de pacotille.
Heureusement que le milieu du film se déroule sur le front, d'ailleurs.
Encore une fois techniquement à couper le souffle et visuellement splendide - car Spielberg reste bien le premier quand il s'agit de filmer des champs de bataille - ce "ventre dur", serait-on pour une fois tenté de dire, sauve presque le film de l'abîme d'ennui sans fond vers lequel il conduisait le spectateur médusé.
La scène du no man's land (réminiscente de "Une Question de Vie ou de Mort" de Powell et Pressburger) résonnant finalement comme une métaphore de l'état de la carrière du réal: coincé plus que jamais le cul entre deux chaises entre les deux extrèmes schizophréniques qui constituent sa personnalité artistique.
Une situation inconfortable pour tout le monde dont il serait peut-être avisé de se dépétrer une bonne fois pour toute.
En faisant les bons choix et en acceptant peut-être de grandir un peu.
Oh... Juste un tout petit peu, hein. Pas la peine d'en faire trop non plus.
Cote: *
"Cheval de Guerre" (War Horse) de Steven Spielberg (USA); avec Jeremy Irvine, Emily Watson, Peter Mullan, David Thewlis, Tom Hiddleston, Niels Arestrup...
En pleine Première Guerre Mondiale, le jeune Albert se lie d'amitié avec Joey, un cheval acheté par son père et qu'il va dresser lui-même. Hélas, l'animal est réquisitionné au nom de l' "effort de guerre" pour servir dans les tranchées. Mentant sur son âge pour se faire enrôler, Albert va partir sur le front français à la recherche de son camarade tandis que celui-ci, passant de la cavalerie britannique à l'armée allemande en transitant par un fermier français et sa petite fille, va vivre plusieurs vies et en changer quelques autres.
Pooiin pooiin, poin poin poin poin poin poin pooiin pooiin...
Awel santé !
Pour le coup ce n'est même pas la peine de se perdre en d'inutiles circonvolutions: c'est râté et bien râté, hein, Steven !
Et de "qui aime bien châtie bien" en "ça ne vous est jamais arrivé de louper une tarte Tatin", rien n'y fait... On ne peut que constater l'étendue du désastre: malgré sa plastique irréprochable, "Cheval de Guerre" est un gros loukoum sursaturé de sucre et de graisse qui dégouline à l'écran. Un monument de mièvrerie cul-cul, gnangnan...
Une sorte d'upgrade d'un épisode de "Prince Noir" (vous vous souvenez, "Black Beauty" ? Pooiin pooiin)
Une enfilade de chromos à la noix, dans une Grande Guerre de carte postale (la partie française atteignant, comme toujours dans les films américains, des sommets de n'importe quoi), qui ne raconte rien ou alors pas grand chose, se contentant d'alterner les situations potentiellement guimauves, provoquant mécaniquement des émotions à cinq francs, six sous.
Une sorte de grand livre d'images sans âme qui ne s'adresse en fin de compte à personne.
Car enfin, le récent "Hugo Cabret" de Scorsese prouve s'il le fallait qu'il y a bien moyen de captiver le "tout public" et d'adapter la littérature "jeunesse" sans pour autant tomber dans la caricature Disney larmoyante et soporifique.
Et surtout sans prendre les gens pour des imbéciles.
Bien entendu, on se rend bien compte - faudrait d'ailleurs être aveugle ou sourd vu qu'il le braille pour le moment partout à longueurs d'interview - qu'après le tout-à-la-technologie de son tout récent "Tintin", dont la post-production a qui plus est duré des lunes - Spielberg ait eu envie de revenir à un cinéma classique, fordien (oui, à la limite, ça je veux bien l'admettre. Mais du John Ford gâteux et cacochyme, alors), avec de vrais acteurs, de vrais décors, de vraies caméras... Et de vrais chevaux.
Bien sûr, on sait qu'il y a toujours eu chez Spielberg un syndrôme de Peter Pan qui fait que l'homme est sans cesse tiraillé entre films "adultes" et enfantins. Entre grand cinéma populaire et préoccupations plus personnelles. Entre passion pour l'Histoire d'une part et le Merveilleux de l'autre.
Evidemment, on sent que, l'âge et le métier aidant, le cinéaste a de plus en plus la tentation d'un cinéma pûrement plastique et visuel.
Et qu'en ce sens, "Cheval de Guerre" est - heureusement, encore bien - probablement son film le plus accompli.
Mais bon, eh, oh ! Ca va aller quand même !
Tout ça et même le reste ne justifie pas ce brol visuellement virtuose mais dénué de vie, long comme un jour sans pain, désuet et vaguement gonflé d'une morale humaniste et d'un optimisme de pacotille.
Heureusement que le milieu du film se déroule sur le front, d'ailleurs.
Encore une fois techniquement à couper le souffle et visuellement splendide - car Spielberg reste bien le premier quand il s'agit de filmer des champs de bataille - ce "ventre dur", serait-on pour une fois tenté de dire, sauve presque le film de l'abîme d'ennui sans fond vers lequel il conduisait le spectateur médusé.
La scène du no man's land (réminiscente de "Une Question de Vie ou de Mort" de Powell et Pressburger) résonnant finalement comme une métaphore de l'état de la carrière du réal: coincé plus que jamais le cul entre deux chaises entre les deux extrèmes schizophréniques qui constituent sa personnalité artistique.
Une situation inconfortable pour tout le monde dont il serait peut-être avisé de se dépétrer une bonne fois pour toute.
En faisant les bons choix et en acceptant peut-être de grandir un peu.
Oh... Juste un tout petit peu, hein. Pas la peine d'en faire trop non plus.
Cote: *
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