lundi 21 février 2011

Sixième sens.

"Au-Delà" de Clint Eastwood (USA); avec Matt Damon, Cécile de France, Jay Mohr, Bryce Dallas Howard, Richard Kind, Marthe Keller...

George est un ouvrier américain qui est affligé d'un don de "voyance" qui semble lui peser comme une malédiction. Marie, une journaliste française ayant vécu une N.D.E. lors du tsunami. Quand à Marcus, garçonnet londonien, la perte de son jumeau l'a mis face à ses doutes et à ses interrogations. Guidées par la même soif de "savoir", ces trois destinées vont finir par se croiser pour tenter de répondre au mystère de la vie après la mort...

On pouvait légitimement attendre beaucoup d'un film de Clint Eastwood s'interrogeant sur l'au-delà et constituant par-delà sa première incursion dans le genre "fantastique" (au sens très large du terme, il est vrai).
Tant l'on sait que le cinéma du vieux Clint (bientôt 81 balais, quand même) est tout entier sous-tendu ces dernières années par une sorte de réflexion sur l'âge, ses ravages et ses travers (voir son récent film-somme "Gran Torino") et par son aboutissement logique: la mort.

On attendait dès lors une sorte de grande fresque zen qui, à défaut de donner des réponses (faut pas charier non plus) aurait au moins eu le mérite de poser quelques bonnes questions et d'ouvrir quelques bonnes pistes.

On en sera donc pour nos frais, tant il est vrai que ce "Hereafter" cacochyme et quelque peu bégayant (Eh oui ! Qui aime bien châtie bien, que voulez-vous...) ne dis rien, ne raconte rien, ne va nulle part et se contente de brosser une espèce de vague portrait naïvement new-age et totalement inabouti de la question.

La faute sans doute au récit qui, coupé en trois, finit par déboucher sur trois films distincts qu'il semble bien vain et surtout totalement artificiel de vouloir rassembler.
D'autant qu'en essayant de le faire, Eastwood s'emmèle colossalement les pinceaux en usant et abusant d'artifices scénaristiques tous plus ahurissants les uns que les autres, artifices qui finissent par aboutir à une "résolution" totalement improbable.

Quant à la scène finale proprement dite, absurde, inutile, gnangnan et à la limite du compréhensible, mieux vaut ne rien en dire si ce n'est que son esthétique "lelouchienne" avec caméra tournante qui finit par la faire ressembler à une vieille pub pour "Impulse" ("Soudain, un inconnu vous offre des fleurs !") n'est pas vraiment là pour arranger les bidons...

Après un début visuellement ahurissant (le tsunami), "Au-Delà" semble en quelque sorte rattrapé par lui même et finit assez rapidement par s'essoufler à force de ne rien dire du tout, tout en se donnant des airs de grand fourre-tout humaniste et philosophant.
Dans ces ruines fumantes - l'aftermath du tsunami pouvant presque agir comme une métaphore du film lui-même - on ne peut que fouiller pour essayer de trouver des traces de ce qui fait la grandeur du cinéma eastwoodien.

Mais, hélas !, ici même son clacissisme sans cesse chanté finit par être plus un handicap qu'aure chose.

D'autant que le truc n'est pas vraiment servi non plus par une direction d'acteurs quand même, il faut bien le dire... approximative...

Matt Damon retombe dans ses travers d'antan, à savoir un monolithisme bon teint et de mauvais aloi, et Cécile de France est tout sauf crédible en journaliste-aux-dents-longues-mais-passablement-secouée-par-son-expérience (passons par charité disons... chrétienne (c'est dans le ton) sur le côté Image d'Epinal de la France vue par les amérikis, avec la Tour Eiffel visible de toutes les fenêtres parisiennes. Allons, allons: on n'en est plus là).

La Palme du Cataclysme est néanmoins à mettre à l'actif de la fratrie campant - à tour de rôle, visiblement - les jumeaux londoniens.
Rarement enfant-acteur aura aussi sensiblement donné l'envie à tout spectateur normalement constitué de distribuer les taloches à tour de bras ! Misère de misère !

Das ce marasme généralisé, la seule à tirer un tant soit peu son épingle du jeu (dans une scène de séduction culinaire qui reste l'un des bons moments du métrage, car il y en a) reste finalement Bryce Dallas Howard, dont le personnage sous écrit et en dehors de cela inexistant est malheureusement évacué en deux coups de cuiller à sabayon, comme la totalité des seconds rôles du film, d'ailleurs.

Mais le pire, si l'on peut dire, c'est que, en dehors de son final indigne, "Au-Delà" n'est même pas vraiment une honte non plus. Ni la catastrophe annoncée par certains.
Et que l'on ne s'ennuie pas vraiment à sa vision, bizarrement.

Non mais, souffrant de ne pas être une histoire mais une sorte de vague collage dont chaque morceau est trop infime pour pouvoir fonctionner sans les autres - et malgré quelques belles idées (surtout au début) - "Au-Delà" est surtout trop loin de l'idée que l'on peut se faire d'un film de Clint Eastwood.

Et restera sans doute comme l'un des coups de mou d'une carrière en dehors de cela globalement brillante.

En espérant que ce n'en soit pas le dernier chapitre.



Cote: *

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