mercredi 23 février 2011

Impitoyable.

"True Grit" de Ethan & Joel Coen (USA); avec Jeff Bridges, Hailee Steinfeld, Matt Damon, Josh Brolin, Barry Pepper, Domhnall Gleeson...

1870. Wild Wild West. Le lâche Tom Chaney a abattu son employeur pour deux pièces d'or et un cheval. Soutien de famille depuis ce drame, la jeune Mattie, 14 ans, fille de la victime, décide de tout faire pour retrouver l'assassin, lequel a rejoint une bande de hors-la-loi planquée en plein territoire indien. Pour arriver à ses fins, elle engage Rooster Cogburn, marshall et chasseur de prime sévèrement burné mais alcoolique et ingérable.

On se le disait depuis un bon bout de temps et celà nous avait été confirmé par leur "néo" "No Country for Old Men": il fallait bien qu'un jour les Coen se frottent au western, genre qui semblait avoir été fait pour eux, ou du moins vers lequel leur cinéma paraissait tendre dans une sorte d'évolution logique.

Voilà donc qui est fait et bien fait avec ce "True Grit" rapeux et épais comme un gros bourbon brut de décoffrage.

Et dans les règles de l'art, encore bien, tant cette relecture de "Cent Dollars pour un Shérif" - le film qui valu au Duke son seul et unique Oscar - solide et roboratif comme une plâtrée de haricots au lard nous offre de prime abord un spectacle "classique" dans le sens le plus beau et le plus noble du terme.

Chevauchée sauvage, poudre qui parle, indiens et eau-de-feu, tout semble être mis en place pour nous offrir une relecture efficace et respectueuse de ce genre à part et codifié.

Et l'on se dit bien vite que, effectivement, les frangins semblaient avoir été faits pour ça.

De tout temps.

Et que cette prétendue nouvelle version du roman (prétexte car celui-ci est semble-t-il tout ce qu'il y a d'oubliable) sonne comme une espèce de climax de leur carrière, doublé d'un hommage au cinoche qui les a vus grandir.

Et tout cela est bel et bien et très certainement vrai.
Et devrait finalement se suffire à soi-même.

Mais... les Coen sont les Coen.

Et derrière ce subtil écran de fumée apparemment sage et classique (même si assez youpla boum du point de vue de la violence graphique) se cache le vrai film.

Celui dont transpire l'ambiance mccarthyenne (de Cormac McCarthy, l'auteur. Du calme !) pétrie d'impitoyable dureté qui faisait le sel de "No Country...".

Celui où transparait en filigrane leur sens de l'humour (certaines scènes et dialogues sont franchement à se tordre) et leur sens du décalé (voire pour ça la scène du médecin/dentiste à peau d'ours qui vaut à elle seule un sacré pesant de violettes).

Et surtout, en rien entravé par tout cela, leur plaisir de raconter une histoire.

En un mot comme en cent, un film d'apparence simple, revisitant un pan de l'histoire américaine - tant au sens large que du point de vue de l'héritage cinématographique - mais brassant ample, gorgé qu'il est de pittoresque, d'absurde et d'émotion.

Cinématographiquement épousouflant, avec sa photo d'une beauté minérale (en particulier dans les nombreuses et très impressionnantes scènes nocturnes), porté par un trio d'acteur magnifique (Jeff Bridges monumental et Matt Damon inspiré comme rarement) et véritablement tiré vers le haut par la révélation Hailee Steinfeld (qui BOUFFE littéralement toutes les scènes), "True Grit" rassemble toutes les qualités du vrai grand cinéma: classicisme de surface, profondeur de champ et vélléité de devenir un grand cru, tout en ayant l'air de prime abord d'être un opus mineur pour ses auteurs.

Et mis bout à bout ça donne quoi ?

Rien d'autre que la toute, toute, toute grande classe !



Cote: ***

5 commentaires:

LE DIABLE a dit…

C'est quand même très lent au démarrage.

Unknown a dit…

ça c'est une review qui donne envie de le voir!

Cartman a dit…

Merci et ta gueule, débrouillez-vous pour savoir à qui s'adresse quoi...

Nom di dja !

JOHNNY DEVILAY a dit…

Quoi ma gueulle,qu'est ce qu'elle a m'a gueulle...

Cartman a dit…

Je vois le genre... Je m'absente deux minutes et c'est la Fête à la Saucisse !