lundi 7 février 2011

Pac-man.

"Tron - L'Héritage" (Tron Legacy) de Joseph Kosinski (USA); avec Jeff Bridges, Garrett Hedlund, Olivia Wilde, Michael Sheen, James Frain, Bruce Boxleitner...

Créateur du jeu "Tron", révolutionnaire en son temps, Kevin Flynn a un beau jour mystérieusement disparu. Voulant absolument résoudre l'énigme de cette disparition, son fils Sam reçoit un beau jour un étrange signal l'attirant dans l'ancienne arcade de jeux jadis tenue par son père. Arrivé sur place, il se retrouve lui-même aspiré dans l'univers virtuel fait de programmes et de jeux redoutables dans lequel ce dernier est prisonnier depuis plus de 25 ans.

Posons tout de suite le décor et en celà le problème: "Tron", l'original, celui sorti en 82, c'est un film culte et j'en suis fan.
A l'époque - j'avais douze ans - j'avais l'affiche dans ma chambre, ce genre de choses.

Mais "Tron", l'original, devenu emblématique d'une certaine pop-culture, était en son temps tout ce qu'il y a des pertinent en ce qu'il surgissait à une époque où l'informatique domestique (Ah ! Le Commodore 64 !) et les premières consoles de jeu (Atari, évidemment, mais souvenez-vous aussi du mirifique Vidéopac tout en plastoc; j'avais l'même !) commençaient à prendre de l'importance et où les jeux d'arcade étaient au sommet de leur gloire (Space Invaders: tout un poème !).
Dans ce contexte, le film prenait tout son sens et devenait en quelque sorte l'emblème d'une époque et d'une génération.

En celà, l'idée même de cette suite vingt-huit ans plus tard pose question: en quoi est-elle utile et pertinente ?

Et la réponse fuse d'elle même: en rien !

Car, en admettant un court instant qu'elle le soit ou en ne la justifiant même que par une question de gros sous, quelles options "artistiques" pouvaient bien s'offrir à ses initiateurs ?

Soit une tentative de recréation nostalgique de l'original à même de satisfaire les quadras que nous sommes (Mais à quoi bon? Encore une fois, "Tron", le vrai, existe déjà), soit un reboot tout-à-la-technologie bricolé pour attirer le spectateur ado moyen certifié 2011 (Mais... à quoi bon ? Des films comme ça il en déjà a cinq par an à se coller sur la rétine).

Mais, heureusement, les créateurs de "Tron - L'Héritage" ont plus d'un tour dans leur sac et ils ont eu une idée de génie pour résoudre les deux inconnues de cette équation mystère.

Plutôt que de choisir l'une ou l'autre option, ils ont mélangé les deux, bien entendu !

Et plutôt que de contenter l'une des deux catégories citées plus haut, ils vont probablement s'aliéner les deux.
Les nostalgiques qui vont se sentir trahis et crier au sacrilège (à part une certaine catégorie de geeks ultimes que je ne citerai pas pour ne pas me faire d'ennemis supplémentaires) et les nouveaux venus qui, passé peut-être le frisson passager d'une mauvaise ressucée de "Matrix" (que cet "Héritage" incapable de digérer convenablement ses influences, cite beaucoup), oublieront bien vite cet improbable truc clinquant et de mauvais goût.

Car c'est bien là que le bat blesse principalement: en dehors des questions qu'il peut bien poser quant au public auquel il s'adresse ou au bien-fondé de son propos - voire de son existence - "Tron - L'Héritage" est avant tout (et quelque soit le bout par lequel on décide de le prendre) un très, très mauvais film.

Tout creux, volatil et anachronique qu'il soit, il aurait pu en effet avoir au moins la décence d'être un tant soit peu enlevé, drôle, divertissant...
Il n'en n'est rien, que du contraire...
S'il y a bien une chose que l'on puisse dire de ces deux heures d'hystérie électronique c'est qu'elles font chier ferme.
On manque carrément de s'y endormir.

Bien normal dans la mesure ou d'histoire il n'y a point et que ce qu'il reste de "scénario" se contente d'enfiler des morceaux de bravoure qui n'en sont pas (les courses de motos et les combats de frisbees totalement has-been renvoient au film d'origine dont la moindre des choses que l'on puisse en dire c'est qu'il a quand même solidement mal vieilli, visuellement parlant), tout en recyclant le look d'époque avec des effets "actuels".

Et c'est rien de dire que les deux ne font pas bon ménage !

Les scènes d'action sont donc d'une lourdeur effarante à rendre jaloux Paul Verhoeven et la direction artistique, toute en néons et en fluos, donne envie de s'arracher les yeux de la tête.
C'est laid à un point, mes aïeux ! Ca en devient à peine croyable.

Si on rajoute à ça la musique des redoutables Daft Punk qui tourne souvent au néo-disco-Giorgio-Moroder-Style (on me dira, comme pour le scénario, que c'est fait exprès. OK mais ça n'empêche pas l'ensemble d'être con et moche) et on se retrouve bien vite englué dans un truc qui ressemble à un clip de Cerrone sous acide ou a une gigantesque pub futuriste pour Fanta.

Passons par charité sur l'interprétation totalement "minimum syndical" de Jeff Bridges et de son double virtuel en plasticine (l'une des pires utilisation de la motion capture qu'il m'ait été donné à voir jusqu'ici) ainsi que sur l'indigence totale du reste du casting (Michael Sheen qui cabotine à un point que ça en devient touchant, Olivia Wilde très décorative mais... euh... et le tandem Bruce Boxleitner, en caution historique et Cillian Murphy venus là pour cachetonner) pour nous concentrer sur la fin de l'opus.

Une fin qui voit Flynn combattre son double par la force de l'esprit à grand renfort de vagues d'énergie en un climax très "Star Wars" (décidément, ça cite aussi à tout va)...
Et se sacrifier pour sauver son fils.

Une fin au cours de laquelle Jean-François Ponts se transforme en une espèce d'improbable croisement entre Yoda, Tortue Géniale et Monsieur Miyagi et qui arrive encore à transcender par son indigence plastique le reste d'un métrage déjà jusque là pas glorieux, glorieux.

Métrage à la fin duquel il ne me restait plus qu'à espérer une chose: que la suite attende encore vingt-huit ans et que d'ici là je me sois moi aussi retrouvé prisonnier d'une réalité parallèle.

Quelle qu'elle soit.



Cote: °



(PS: Et ce coup-ci, la 3D n'apporte vraiment, mais alors là VRAIMENT rien au truc !)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Pauvres papillons !

José M.

LE DIABLE a dit…

Alors on danse...

Cartman a dit…

Ah bon ?