"Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu" (You Will Meet a Tall Dark Stranger) de Woody Allen (USA); avec Naomi Watts, Anthony Hopkins, Gemma Jones, Josh Brolin, Lucy Punch, Antonio Banderas...
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes lorsque, un matin, Alfie s'est réveillé en se rendant compte de sa potentielle mortalité. Du coup, frappé par une forme particulière de Démon de Midi, il balance sa femme, Helena, au bout de quinze ans de mariage. Celle-ci cherche le réconfort de manière étrange auprès d'une voyante; Crystal... La fille d'Alfie et d'Helena, mariée à un écrivain américain victime du syndrôme du "premier roman", cherche à trouver du travail dans une galerie d'art. Quant à son mari, désoeuvré, il semble remarquer un peu trop la nouvelle et très charmante voisine...
Et voila !
Tel un indéfectible métronome - ou tel Amélie Nothomb son roman, le Beaujolais Nouveau sa bouteille, le Goncourt son prix ou comme la saison de la chasse (sa saison), Woody Allen l'Opiniatre est de retour et nous livre son opus annuel, clair, net et précis. Ponctuel, sans bavure.
Sans surprise.
Réglé comme du papier à musique !
Et comme tous les ans, les critiques nous le vendent impertubablement comme un "petit Woody Allen".
Il est d'ailleurs amusant de lire tel ou tel chroniqueur, tel ou tel journaliste, traiter le film tel un petit millésime, en le comparant pour l'occasion à l'un ou l'autre de ses prédécesseurs récents, de forcément bien meilleure facture...
Pour ensuite fouiller dans ses archives afin de constater que ledit prédécesseur était, déjà et comme de bien entendu, taxé d'oeuvre mineure...
Comme quoi...
Mais bon, baste.
Là n'est évidemment pas la question.
Le fait est de constater que, cette année (comme souvent ces derniers temps mais pas toujours, "Whatever Works" ou "Match Point", par exemple, échappant au malheureux bilan - et chez moi vous pouvez vérifier ce que j'en disait à l'époque, tiens...); eh bien ils ont raison.
Oui, nous sommes bel et bien en présence d'un Woody Allen de petite volée: volatil - à l'image de sa fin bâclée et qui n'en n'est pas une - paresseux et, ce coup-ci, vraiment écrit de la main gauche.
Mais bon, allez, ce vieux Woody avec son rythme de stakhanoviste, ressassant sans cesse ses même obsessions, à l'envi...
Est-ce qu'on en attend encore grand chose, après tout ?
Hein ?
Non.
On va voir le nouveau un peu par réflexe, par habitude.
Avec, pour le fan, le plaisir déjà immense de se retrouver en terrain connu.
Comme chez un vieil ami auprès duquel on se sent toujours bien.
Et si c'est réussi (ce qui arrive encore une fois ou l'autre, voire les deux exemples plus haut) et bien tant mieux !
Sinon, pas grave.
On aura toujours passé un bon moment, allez, l'adage voulant qu'un "petit" Woody Allen dépasse toujours de la tête et des épaules la production commune...
En l'espèce, ce "Bel et Sombre Inconnu", énième variation allenienne sur les jeux de l'Amour et du Hasard, vaut, comme d'habitude, par la somme de ses parties: ses dialogues enlevés et ses situations savoureuses (le retournement de situation final dans l'histoire concernant l'écrivain incarné par Josh Brolin valant, en ce sens, presque l'ensemble du film).
Il pêche par par contre par excès de mollesse dans la mise en place, par une absence générale d'enjeu et par une certaine inclinaison au "plan-plan" dans la mise en scène...
Du côté des acteurs, faisont le tour: Anthony Hopkins navigue comme souvent ces derniers temps en pilotage automatique, Freida "Slumdog Millionaire" Pinto et Antonio Banderas font figure de potiches exotiques (tant mieux d'ailleurs dans le cas de l'exaspérant second cité) et Naomi Watts prouve une chose: elle est plus à son aise dans la romance que dans la comédie.
A part ça ?
Et bien à part ça, si étincelles il y a à chercher - et fort heureusement il y en a - c'est du côté du duo Gemma Jones (en mère crédule, fofolle et alcoolo) et Josh Brolin (en gendre écrivain hirsute et bourru) qu'on les trouvera.
Ce sont leurs échanges (et la présence de la géniale Lucy Punch dans un rôle malheureusement beaucoup trop réminicent de celui de Mira Sorvino dans "Maudite Aphrodite"*) qui rajoutent le peu de sel que Woody Allen a bien voulu semer sur ce plat par ailleurs malheureusement fadasse.
A l'arrivée, une sorte de filmounet plaisant mais trop vite torché dont la fin en forme de queue de poisson résonne comme une métaphore: celle de l'oeuvre d'un cinéaste capable d'encore livrer de bonnes choses tout en ayant visiblement de moins en moins de trucs à raconter...
Cote: **
(* Rôle qui lui valu d'ailleurs un Oscar)
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